Trêve estivale (Dramione ~ Nouvelle)

Trêve estivale

Le soleil accablait les habitants de Londres par son intransigeante chaleur. C'était le début des vacances d'été et tous pensaient déjà à la rentrée prochaine et les longs préparatifs qu'elle nécessitait. Personne ne faisait attention à cet adolescent maigre, au teint clair comme la craie. Lui se souciait d'un évènement bien plus important que la rentrée scolaire. Drago avait profité des longues absences de son père pour se fondre dans la masse des moldus qui grouillaient au cœur de la capitale.

Si quelqu'un apprenait qu'il en avait pris l'habitude, il risquait de le regretter amèrement. Car aucun Malefoy ne peut prétendre trouver le moindre plaisir à frayer avec la race inférieure, et surtout pas le dernier de la lignée. Plus encore après avoir fêté ses quatorze ans et connaissant les sombres projets des Mangemorts. Bien sûr, Lucius ne l'en avait pas personnellement informé, mais espionner ses parents lui avait appris que les choses allaient changer, et que rien ne serait plus comme avant.

Alors qu'il savourait un café noir et sans sucre au cœur de l'après-midi, un frisson le parcouru. Granger, que faisait-elle ici ? Elle ne l'avait certainement pas remarqué, tapis dans l'angle d'une terrasse ombragée. Sa joue le lança, comme si son corps voulait lui rappeler l'humiliation qu'elle lui avait infligée. Et il ne pu alors quitter du regard cette jeune sorcière au courage sans faille et à la droiture exemplaire. Comme il se haïssait d'être ce qu'il était. Mais ça, jamais elle ne devait l'apprendre. Il resterait un Malefoy, comme son père. Froid, méprisable et cruel, car tel était son destin. Un destin auquel il n'avait su échapper, par crainte ou pas dépit.

Cette fatalité perdurerait-elle ou aurait-il une chance de s'en extraire ? C'est ce qu'il se demandait, alors qu'Hermione Granger heurta violemment le sol. Avant que son cerveau n'ait pu lui donner la moindre instruction, Drago l'avait déjà rejoint pour aider à se relever la jeune fille échevelée et récupérer ses livres en pagaille sur le trottoir.

- Malefoy ?!, interrogea-t-elle, les yeux écarquillés.

- Viens par ici, idiote, fulmina-t-il.

Il lui fit signe de s'asseoir avec le ton le plus désagréable qu'il avait en réserve.

- Puis-je savoir en quel honneur tu es venu à mon secours ?, dit-elle l'air soupçonneux tout en nettoyant ses mains et ses genoux égratignés.

- Ce n'est pas une brillante idée de se faire remarquer en plein Londres, avec tous ces Moldus.

- Les gens tombent par accident, Malefoy, qu'ils soient Sorciers ou Moldus. N'importe qui d'autre aurait pu voler à mon secours.

- Eh bien personne ne s'est pressé pour le faire !

- Donc tu es bel et bien venu m'aider.

Drago émis un grognement. C'était tout elle ! Directe et perspicace. Il voulu son ton désinvolte et condescendant.

- Ne dis pas n'importe quoi voyons, j'ai une réputation à tenir !

- C'est donc ça ? Tu te montres arrogant pour ta cour ? Pour que l'on te pense comme ton père?

Il s'avança brutalement d'elle. Hermione ne cilla pas un instant.

- Ne parle pas de ce dont tu ne sais rien, Granger.

- Bien. Comme tu voudras. Je vais faire comme si je ne savais rien. En attendant que tu ne m'attaques de nouveau à coup de « Sang-de-Bourbe » lorsque nous nous retrouverons à l'école, je vais profiter du Malefoy que personne ne connait. Et le laisser m'offrir un verre.

- Tu ne manques vraiment pas de culot.

- Dis-toi que c'est le prix de mon silence, Drago.

Il rendit les armes, et esquissa un sourire maladroit.

- Faisons comme ça, oui.

Oserait-il s'adresser à elle par son prénom ? Oserait-il lui dire de prendre soin d'elle lorsqu'ils mettraient un terme à cette courte trêve ? Plus rien n'avait d'importance. Son détestable destin lui accordait un moment de répit, et seul l'instant présent comptait alors.

Drago, elle l'avait appelé Drago.