Partie 1 - Lorraine

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La Houssaye en Brie, Seine et Marne

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La Houssaye en Brie, Seine et Marne

8 heures du matin


Alors que personne ne s'y attendait en dehors de Monsieur le Maire et des habitués, on entendit le bruit des marteaux et des ouvriers qui s'alpaguaient sans ménagement, sur la place du village. Certains chantaient, d'autres sifflaient en mettant le coeur à l'ouvrage. Une fête foraine s'installait pour trois jours.

- C'est la trois j'te dis! Passe-moi la clé de trois Manuel.

- N'importe quoi! Répondait le fameux Manuel. Puisque j'te dis que c'est la quatre. Bon sang! C'n'est pas comme si c'était une nouveauté pour moi.

- Tu veux un coup de main ou pas ? Répéta l'autre homme.

- Va faire ta compta, répondit Manuel. De toute façon, j'y arrive tout seul. On est dans les temps. Ne t'en fais pas.

- Il n'peut pas se la fermer celui-là! Vociféra Hugo de son bureau situé au-dessus du bistrot, juste en face de la place. D'habitude, ce sont les cirques qui nous saoulent à beugler dans les rues, pas les gitans des fêtes foraines. Bande de voleurs, d'escrocs, de saltimbanques. Ils nous font chier depuis sept heures du matin. Ça va saigner si ça continue!

Le jeune homme ponctuait ses phrases de coups de tampon dont il affublait les courriers qu'il destinait aux clients récalcitrants de son patron. Son visage était tout comme ses paroles, cruel et émacié comme une lame de couteau.

- Les mauvais payeurs me saoulent. On devrait tous leur couper une main. Tu verrais s'ils ne payeraient toujours pas après s'être vidés de leur sang. Et s'ils la ramènent, on leur coupe la langue.

Cette fois-ci, il éclata de rire. Il visionnait dans sa tête la scène macabre dont il venait de gratifier sa collègue.

- Ne dis pas ça, murmura Lorraine qui était installée derrière le bureau d'en face. Tu sais bien que la crise affecte tout le monde. Je vois défiler des noms de clients qui ont toujours payé rubis sur l'ongle ; les pauvres sont acculés par les dettes.

Elle était à l'antithèse de son interlocuteur avec sa voix douce et son visage d'ange. Ce visage sublime, elle le lui balançait à la figure jour après jour depuis bien trop longtemps. Il aurait bien aimé le toucher, la posséder et faire d'elle son animal sexuel. Mais la jeune femme n'avait jamais répondu à ses avances. Pire que tout, elle lui balançait à la figure toute sa médiocrité sans jamais se départir de son sourire complaisant.

Sa complaisance, elle pouvait se la fourrer dans le cul. Puisqu'il ne pouvait pas la posséder, il s'était donné comme défi de la détruire. 

Mais qu'est-ce qu'elle avait celle-là à être si prétentieuse ? Elle se la jouait vierge Marie. Ce genre de nanas-là dégoûtait Hugo. Une sale pute qui ne veut que du romantisme et crache sur le sexe. On prend le bonheur où on peut et si ça fait bander, ça ne peut pas faire de mal.

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