# XXII. Camille
Je retombe sur mon lit essoufflé. Camille derrière moi ne bouge plus et embrasse ma nuque en plusieurs petits baisers. J'ai l'impression qu'il n'a pas encore envie de me lâcher. Ses bras entourent mon corps pour ne pas que je bouge. Je ne vais pas m'en aller, j'habite ici. C'est tout de même agréable de se sentir aimé par quelqu'un même si ce n'est que le temps d'un soir. Il se retire enfin de moi mais continue de m'embrasser l'échine en descendant toujours plus bas. Je suis totalement à sa merci. Il ne semble même pas fatigué. Quand il s'éloigne de moi, je sens un manque, un vide et un peu de frais aussi. Quelques secondes plus tard, il revient et s'allonge sur le dos à ma droite sans aucune délicatesse. Je l'aime bien ce mec, on passe toujours un très bon moment et c'est bien le seul que je ne dégage pas immédiatement après. Il m'a déjà dit qu'il n'avait pas envie de retourner chez lui et de revoir son père avec qui il vit. Je le comprends tellement que je n'ai pas pu l'en empêcher. Il a déjà passé la nuit ici. Je tourne la tête vers lui et sourit quand je le vois en train de bailler. Je ne peux me retenir de dire en rigolant :
- Bah alors, tu tiens pas le coup ? T'es fatigué ? Tu veux faire dodo ?
- Mais non ! Je suis en forme ! C'est plutôt à moi de dire ça, papi.
- Tais-toi, gamin. On n'a que trois ans d'écart.
- Ça suffit largement pour voir la différence d'endurance...
- Mais bien sûr, je vais te croire. A trente ans, je serais toujours le même.
- Je viendrais m'en rendre compte par moi-même.
- Si tu veux.
- Au fait, ça va ta cheville ?
- Ouais, nickel, répondis-je.
- Ils sont cons les autres de penser que tu es un infirme. Ils ratent tous un super bon coup au lit.
- Toi t'es là au moins. Ça fait longtemps que je n'avais pas passé la nuit avec quelqu'un.
- T'es toujours aussi agréable de toute façon, c'était super bien.
On est tellement bien comme ça. On se comprend mutuellement. Je me retourne pour m'allonge comme lui. J'attrape mon paquet de cigarette sur le rebord de la fenêtre derrière moi, un briquet et le cendrier. Très important. Je prends une cigarette, la porte à ma bouche et l'allume. Il me fixe. Je pense savoir ce qu'il veut mais demande :
- T'en veux une ?
- Je... oui, si ça te dérange pas.
- Non, ne t'inquiète pas, ajoutai-je en lui en tendant une qu'il attrape.
- Merci...
Il l'allume et commence à fumer non sans une certaine hésitation. Il n'a pas l'air très à l'aise – il ne sait même pas tenir une cigarette normalement – et mon inquiétude se confirme quand il tire la première fois. Il se met à tousser immédiatement. Lui, il n'a jamais fumé de sa vie. Je ne peux pas m'empêcher de rire. Le pauvre. Ça c'était moi la première fois.
- A-arrête, c'est pas drôle putain !
- T'imagine pas à quel point ! continuai-je. C'est la première fois que tu fumes non ?
- Oui... répond-il en baissant les yeux.
- Tu sais, je suis loin d'être le mec qui sait donner les bons conseils. Tu fumes si t'as envie mais te force pas.
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La colère n'est pas rouge [boyxboy]
RomanceLa colère cache souvent la douleur. András est souvent en colère mais souffre, sans que personne ne puisse faire quoique ce soit pour lui.