# XXIII. Il a bu ?

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# XXIII. Il a bu ?

Je suis chez moi avec ma meilleure amie Orianne. On est sorti du lycée ce midi, n'ayant pas cours de l'après-midi exceptionnellement. A chaque fois qu'elle vient, on joue aux jeux-vidéos. Accros tous les deux. Orianne c'est le genre de fille à ne pas vouloir suivre les codes que la société dicte. Son comportement fait parfois peur aux autres. Elle est beaucoup trop impulsive mais c'est ma meilleure amie. On est bien tous les deux, entre amis, assis sur mon lit, en train de se chamailler parce qu'une nouvelle fois, elle a gagné la course. Je ne suis pas mauvais joueur mais elle oui par contre. Elle répète sans cesse qu'elle est la meilleure. Je suis tout seul chez moi pour l'instant. Mon père devrait rentrer tard ce soir, ma mère aussi d'ailleurs. C'est pour ça qu'Orianne vient souvent ici. Mes parents l'apprécient beaucoup... ils me demandent sans cesse si c'est ma petite-amie. Autant dire qu'à cet instant, j'aimerai tout leur avouer pour ne pas qu'ils se fassent de fausses idées. Je n'ai plus envie de les entendre me dire « Alors mon chéri, quand est-ce que tu nous présentes une fille ? ». Jamais... malheureusement. Pourquoi ça m'arrive à moi ? Je n'arrive pas à me convaincre de ce que je ressens. Enfin. Je change beaucoup trop souvent d'avis. Je me perds tout seul...

- Cal ? m'appelle Orianne.

Je ne fais pas attention à elle. On a arrêté la partie. Je n'ai pas envie de continuer à jouer. Je retire l'appareil auditif de mon oreille droite et l'envoie au bout de mon lit. Je replie mes jambes et pose mon front sur mes genoux. Les gouttes glissent et tombent. Une main caresse mon dos doucement.

- Cal, qu'est-ce qu'il y a ? entendis-je difficilement. Ça va ?

Je sanglote. Pourquoi je me plains ? Ça pourrait être bien pire. D'autres ont beaucoup moins de chance que moi. Mes frères me manquent. Mes parents me manquent. Si elle n'était pas là, je serais tout seul. Tout le temps. Il n'y a qu'elle et je suis en train de gâcher ce moment-là. Je relève la tête légèrement et dit doucement :

- Je... excuse-moi. Ça va, c'est bon.

- Tu crois quand même pas que...

- Attends, la coupai-je en reprenant mon appareil au bout de mon lit.

- Je disais, tu crois quand même pas que je vais te croire ? Tu te mets à pleurer d'un seul coup et je dois laisser passer ? Tu me connais très mal mon petit Calum. Donc maintenant, tu m'expliques. Pourquoi tu t'es mis dans cet état-là ?

- Je... je suis gay... lâchai-je.

- Et ? réplique-t-elle immédiatement.

Ok, je ne dis que de la merde. Elle est au courant mais je ne pense pas qu'elle comprenne ce que je peux vivre. Je ne peux même pas en parler à mes parents. Parce que je suis un trouillard. Ce n'est même pas une excuse. Si j'avoue tout, tout ira mieux.

- Ce n'est pas parce que tu es gay que tu es seul. Je suis là Cal, d'accord ? Si tu n'es pas prêt à tout avouer, ne dis rien. Je ne vais pas te forcer. Si tu as besoin de parler, je t'écouterai.

- Merci...

- Maintenant, sèche tes larmes, lève-toi et va rejoindre ton prince charmant !

- Je suis même pas sûr qu'il vienne...

- Ne pars pas défaitiste ! Je ne sais pas comment il est mais je suis sure qu'il est sympa.

- Je suis pas certain... il m'a avoué quelque chose qui m'a fait peur.

- Qu'est-ce qu'il a dit ?

La colère n'est pas rouge [boyxboy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant