Chapitre 20

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Nathan :

Je ne comprends pas. En fait, je suis complètement paumé. Et j'ai la rage aussi. Entre ce qu'il s'est passé hier soir et cette convocation au commissariat, j'ai l'impression que l'univers me punit pour quelque chose que je n'ai pas fait.

Je suis allé en cours, sans avoir pu trouver Dano à temps. Je pensais le retrouver dans la journée pour qu'on s'explique. Seulement, cela n'est pas arrivé. Je me demande des fois pourquoi je prévois quelque chose alors que je sais très bien que ses plans seront contrariés d'une manière ou d'une autre. Depuis que je suis ici, ça m'arrive chaque minute de chaque jour. Et aujourd'hui, cela n'a pas manqué.

J'étais à mon cours de sciences avec Mr. Sema, le prof le plus con que j'ai jamais vu et je n'arrêtais pas de penser à Aimée. C'était la première fois que je venais ici sans elle à mes côtés. Tout me paraissait vide, froid et incroyablement ennuyant. Encore plus que d'habitude je veux dire. Au moins, quand je l'avais, je passais mon temps en train de la mater. Ce qui était drôle, c'était qu'à chaque fois qu'elle me surprenait en mauvaise posture, elle détournait la tête, rouge pivoine, l'air gêné. Elle ne se rend pas compte de l'effet qu'elle a sur les gens, ou plutôt qu'elle avait. Et à part pour son côté introvertie, c'est l'une des raisons pour lesquelles je la trouvais belle.

La tête ailleurs, je n'ai pas tout de suite remarqué le CPE entrant dans la classe me demandant de le rejoindre. Il est mat de peau, tout comme moi. C'est la première fois que je suis face à lui et je n'ai pas la moindre idée de l'objet de sa visite.

Une fois la porte fermée, il me lance l'un de ses regards qui n'annonce rien de bon. Dans mon esprit, tous les scénarios les plus sordides se sont embrouillés jusqu'à former une multitude d'hypothèses moins crédibles les unes que les autres.

- Vous allez me dire pourquoi vous voulez me voir ?

Il m'incite à marcher à ses côtés en retirant sa paire de lunette fade au possible. A l'aide d'un mouchoir, qui j'en certain, a déjà été utilisé, il commence à essuyer ses pauvres lunettes.

- C'est une affaire assez ambiguë. Nous avons reçu un appel du commissariat nous demandant de vous emmener là-bas pour vous interroger.

Je m'arrête abasourdi. C'est encore pire que tout ce que j'avais pu imaginer. Je n'ai rien, absolument rien à me reprocher. Alors, pourquoi je me sens si nerveux ? Je repasse les événements des derniers jours au peigne fin. Donc, tout a commencé avant-hier soir. J'ai découvert le corps d'Aimée. Je suis allé à l'hôpital. Pour l'instant, rien de compromettant sachant que j'avais déjà tout dit aux flics.

Ensuite, hier, j'ai légèrement pété un câble au déjeuné devant la moitié de l'école après avoir été interrogé par la police. Mais, c'est pas un crime d'être sur les nerfs non ?

Une fois dans la voiture du CPE je présume, je regarde le ciel en pensant à tout ce qu'il a pu m'arriver ses dernières heures.

La conversation que j'ai eue avec Steve me revient soudainement en tête. Il y a certaines discussions, certains mots que tu ne peux pas oublier même si tu le voulais. Eh bien, c'est le cas ici.

Je n'oublierais jamais l'image d'Aimée, seule et abandonnée dans cet environnement froid et austère comme je n'oublierais jamais ce qu'il s'est passé dans ses foutus vestiaires.

Je suis entré dans cette salle à la fois puante et sentant en même temps le savon pour homme. Un mélange qui m'a fait grimacer de concert. Tout était crade, que ce soit les bancs, le sol ou les douches à la bordure du vestiaire. Steve était dos à moi, en train de fouiller dans son sac, impatient de pouvoir prendre sa douche. Dommage pour lui, j'avais pensé. Parce qu'il n'était pas près de quitter cette pièce. Pas tant qu'il ne m'avait pas convaincu de son innocence. Et, à moins qu'un miracle pointe le bout de son nez, je prévoyais de rester ici un bon bout de temps.

I don't wanna miss a thing ...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant