CHAPITRE 3

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C'est avec beaucoup de mal que Yaëlle ouvrit ses paupieres le lendemain. Sa tête tambourinait et sa vue était légèrement brouillée. Elle n'eût même pas le courage de tirer ses rideaux comme à son habitude tant le fait d'affronter la lumière du jour l'effrayait.

- Bordel! Mais qu'est-ce qui s'est passé? Se demanda t-elle.

Il n'y avait malheureusement personne à ses côtés pour répondre à sa question. Elle alla donc vers la douche en titubant et avala immédiatement un cachet d'aspirine. Lorsqu'elle aperçut son reflet dans la glace elle sursauta d'effroi. Elle avait une mine affreuse. Son corps était encore recouvert des vêtements de la veille, ses cheveux étaient en bataille et son mascara avait coulé tout autour de ses yeux lui donnant d'abominables cernes. Décidément ce n'était pas le plus beau de ses réveils!

Elle se mit aussitôt à rincer son visage et décida de se dévêtir pour prendre une douche. À peine venait-elle d'enlever son dernier sous-vêtement qu'un grand bruit se fit entendre dans l'appartement. Elle releva immédiatement la tête, totalement nue, prise de peur. Elle resta immobile un instant afin de mieux percevoir les sons. Le bruit resonna de nouveau. On aurait dit de la vaisselle qui s'entrechoquait. Cette fois-ci elle en était sûre: elle n'était pas toute seule. Prudente, elle attrapa la première chose assez proche d'elle qui s'avéra être son fer à lisser. Elle enfila ensuite un peignoir blanc qui trainait par là et lentement elle sortit de sa chambre, passa par le salon et avança vers la cuisine d'où venait décidément le bruit. Elle se plaça furtivement près de la porte, fit un signe de croix rapide et attendît patiemment que l'étranger ne sorte de la pièce. Peu importe quoi ou qui cela pouvait bien être, elle était prête à lui faire sa fête.

À peine Brad enjamba l'embrasure de la porte que Yaëlle cria de toutes ses forces et tenta de le matraquer à coups de fer à cheveu. Il recula vivement en criant lui aussi, inévitablement surpris, ratant de justesse le coup que Yaëlle avait férocement lancé. Elle s'immobilisa ensuite les bras en l'air à la vue de l'homme.

- Non mais ça va pas? Criait t-il encore sous l'effet de la surprise.

Yaëlle ne répondit pas tout de suite. Elle plissa ses yeux comme tentant de reconnaître l'individu. Aussitôt elle se souvint d'à peu près tout.

- Brad? Osa t-elle enfin.

- Non, je suis Barack Obama! Évidemment que c'est moi! Vous avez failli m'assommer. Mais vous êtes folle dis donc!

- Cessez de crier s'il vous plaît! J'ai encore la tête qui cogne.

Yaëlle ne voulait même pas imaginer ce qui se serait passé s'il n'avait pas réussi à s'écarter.

- Je suis vraiment désolée. C'est juste que... Et puis qu'est-ce que vous faisiez dans ma cuisine d'abord?

- Je suis juste venu me faire un café. D'ailleurs tenez! J'en ai fait pour vous aussi.

Yaëlle encore un peu étourdie se contenta de prendre la tasse chaude et alla se poser dans le petit salon à la décoration blanche et grise. Brad la rejoignît aussitôt. Tous deux s'assirent sur le canapé et se mirent à siroter leurs cafés sans qu'aucun ne prenne la parole. Le silence devenait lourd et gênant, surtout pour la jeune dame.
Premièrement, Brad avait enlevé son sweat-shirt plus tôt en se réveillant et donc n'était vêtu que de son bas de jogging, torse exposé. Yaëlle qui avait pu profiter de « la vue » trouva tout de même cette situation gênante, elle qui était de nature si pudique.
Secondement, elle se souvenait petit à petit des événements de la veille et commençait à éprouver une certaine gêne. Qu'allait-elle lui dire? Qu'allait-il répondre? Fallait-il vraiment en parler? Bien sûr que oui. « Il faut savoir assumer ses actes » pensa t-elle tout bas. Elle voulut alors engager la conversation mais à peine avait-elle ouvert la bouche que la sonnerie de sa porte d'entrée résonna.

L'arrangement (EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant