Bai Luo Yin - Gu Hai -2- "Une Famille Chinoise."

31-L'appel du sang.

You Qi avait trouvé, une fois de plus, le mobilier pour aménager la pièce, dans laquelle se retrouvait le groupe d'amis.

Il portait trois chaises, récupérées dans une salle de classe inoccupée, pour cause de travaux.

-Tu payes tes longs séjours dans le canapé. Ça t'apprendra !... Yang Meng avait des morceaux de tissus de différentes couleurs et motifs, des fleurs artificiels et un tableau bon marché.

-... Ouais et mes journées à t'aimer pendant qu'on y est ? Il s'arrêta pour reprendre son souffle.

-Toi... Il chercha les clés. Aller encore un niveau et c'est bon.

Yang Meng ouvrit l'accès au toit du bâtiment de l'internat.

Les ouvriers finissaient, dans les étages, les travaux de retouches et les détails oubliés. Les premiers internes pourraient prendre leur quartier d'ici une semaine, après l'aval des autorités de sécurité incendie.

Leur nouveau foyer était l'une des trois pièces techniques occupant le faîte de la bâtisse. Les deux autres étaient en service, pour le rangement des outils, l'atelier, les vestiaires, la salle détente des techniciens d'entretien de l'immeuble et divers appareils comme la ventilation, la climatisation en plus d'un local spécial pour la machinerie de l'ascenseur. Ils occupaient la leur avec un accord verbal du Directeur. Cependant, ils devaient être prêts à déguerpir à la demande.

-Qui ramène le réfrigérateur ? You Qi avait soif.

-C'est Shuo et Si Hu, je crois ? Yang Meng déverrouilla la porte en métal du repaire.

-Pourvu qu'ils aient pensé aux boissons ? Il déposa les chaises autour de la table, sous la fenêtre de gauche en entrant.

La mansarde de 6,20 m sur 4,30 et d'une hauteur de 2,30 m était un petit studio, sans les commodités, accessibles dans le rangement des professionnels, comme les douches. Il y avait tout de même l'électricité avec trois points d'accès ; un éclairage suffisant par deux hublots au plafond peint en gris ; des murs et le sol bruts en ciment lissé, facilitant leur installation ; deux lucarnes assez grandes, pour agrémenter de la lumière du jour cet espace morne.

Un meuble pour la vaisselle, l'alimentation et un réchaud électrique occupaient un pan du mur contigu à l'entrée. Des étagères restaient à poser, sur la grande surface verticale sans ouverture avant l'emplacement du coin détente. Il était composé de deux canapés en état d'accueillir les fessiers, un de deux places, un de trois et un fauteuil, le tout autour d'une table basse sous l'autre embrasure. Un vieux lampadaire sur pied encadrait l'alcôve.

Des chauffages d'appoint avaient été apportés en prévision des froides périodes, le réduit n'étant pas isolé comme les deux autres remises. Seul le toit présentait une forme de confort, avec son imperméabilité et sa bouche d'aération.

Yang Meng posa les affaires sur la surface plane en bois. Il accrocha le tableau, une représentation de la nature dans l'ancien style chinois et trois affiches déjà présentes, données par le Directeur. L'une d'elle était un poster du Moulin Rouge de Paris, avant la Deuxième Guerre Mondiale, paré de symboles de la capitale française, la haute couture, la galanterie, les jolies femmes, faite par Toulouse Lautrec. Une autre était la promotion d'un film des années 1920, 'L'inhumaine' (1923), dans le style art nouveau industriel, presque un avant goût de 'Metropolis' (1927) de Fritz Lang. La dernière, plus moderne, datant des années 1950, rappel la révolution chinoise et la République Populaire, une image de la propagande, avec de jeunes gens en armes côte-à-côte, prêts à défendre le pays. Un clin d'œil à l'histoire de Grand-père et Grand-mère.