Un type bizarre

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Pfff, encore une journée qui commence mal... Je me suis d'abord levée en retard, le réveil n'ayant tout simplement pas sonné. Sentant que c'était bizarre de dormir aussi longtemps en semaine,j'ai cherché mon réveil à tâtons et l'ai tourné vers moi. Sa lumière m'indiquait 7h20, l'heure à laquelle je devais aller chercher mon bus. Ni une, ni deux, tombant du lit, je me suis relevée et j'ai foncé vers la salle de bain, pas le temps pour une douche mais il fallait au moins que je me rafraîchisses. Je m'habillai en quatrième vitesse, prenant pêle-mêle des vêtements dans mon armoire et, une fois prête, je me grouillais pour arriver à l'arrêt de bus, me tordant la cheville au passage, mais fini par monter dedans.. Pour me retrouver serrée comme une sardine entre deux personnes qui n'avaient visiblement pas dû prendre de douche depuis une bonne grosse semaine ! Et ma cheville qui me lançait, franchement, ça promettait...


Arrivant enfin à l'école pour retrouver mes charmants petits camarades de classe, voila qu'on nous annonce qu'il faut écrire une nouvelle en deux heures.. Génial ! Mouais, tu parles, pas facile de pondre une idée pas trop pourrie de grand matin...

Tout en me creusant les méninges et en tapant quelques lignes au hasard, la porte s'ouvre d'un coup et laisse entrer un personnage plutôt bizarre. Il était grand et fin, un peu comme un gars de l'année précédente, Alexandre, sauf que ce gars là n'avait pas l'air aussi commode, avec son long manteau noir et son col relevé, on ne voyait pas bien son visage à cause du chapeau qu'il portait, seulement deux yeux sombres et emplis de méchanceté. Il demanda au professeur de sortir et referma la porte derrière lui, tandis que j'écrivais toujours... Le plus bizarre dans tout ça, c'est qu'il ressemblait vraiment à la description que je venais de terminer d'écrire, mais bon, je n'avais pas fait attention à ce type plus qu'à une peluche sur mon tee-shirt...

Christel, assise à côté de moi, était en train de lire par-dessus mon épaule. Plus j'écrivais, plus elle pâlissait. Je ne comprenais pas pourquoi, après tout, ce n'était qu'un texte bidon qui parlait d'un gars louche qui voulait zigouiller un à un les élèves, en commençant par Valentin. J'admets, c'est pas gentil pour lui, mais il faut bien une première victime.

J'étais dans ma petite bulle, je ne faisais plus attention au monde qui m'entourait, sauf que Christel devenait vraiment agaçante à me taper sur l'épaule et me demander d'arrêter d'écrire. En la fusillant du regard, je lui demandais ce qu'il se passait. Pour toute réponse, elle m'attrapa le menton et me fit lever les yeux sur la classe.


Du haut des gradins, la vue était tout bonnement abominable. Une bonne partie de la classe avait été massacrée par le type louche et l'autre partie essayait, en vain, de défoncer les murs, pourtant si fin, de la classe. En me relisant, je constatai avec horreur que les élèves, ces personnes que j'avais appris à apprécier depuis septembre, mourraient de la façon dont je l'avais imaginée. Bref, c'est pas une mort digne de « My Little Pony » !

Trop hébétée par ce que je voyais, je ne me suis pas rendue compte que le gars bizarre et le massacre qu'il commettait, avait été comme mis sur pause au moment où Christel m'avait coupé de ma bulle, c'est cette dernière qui me le fit remarquer. En soupirant, je modifiais mon histoire. Adieu bonhomme bizarre et meurtrier et bonjour le monde absurde des licornes et des bisounours !


Étrangement, quand j'ai terminé d'effacer mon histoire, tout est redevenu comme avant. Les élèves écrivaient leur petite nouvelle, notre professeur entra dans la classe comme si de rien était et moi, j'étais bonne pour lui rendre un travail dégoulinant de trucs« kawaii » et gnangnan à souhait !



 Pfff, y a pas à dire, cette journée a vraiment mal commencé...

Un type bizarreWhere stories live. Discover now