Des larmes coulaient sur mes joues et du sang de mon bras. J'étais à bout, je ne savais plus quoi faire... C'était la seule solution envisageable.
[...]
Je rouvre doucement les yeux, ma vue est trouble. Tout est blanc autour de moi. Que s'est-il passé, après ce que j'ai fait ? Serais-je morte ? Aurais-je réussi ? Je prends une grande inspiration et regarde autour de moi. Le blanc commence à me faire mal aux yeux, il n'y a aucune couleur. Je pense à regarder ma peau : elle est de sa couleur ordinaire. Je porte les vêtements que je portais quand... quand je l'ai fait. Mon poignet n'a aucune trace apparente, et il ne me fait pas mal, je ne ressens pas la moindre douleur. Aucune douleur. J'ai réussi, alors.
"Es-tu sûre d'avoir réussi ?"
Je me retourne avec précipitation, cherchant à qui appartient la voix. Ne voyant personne, je tente alors une approche :
"Y a-t-il quelqu'un ou suis-je folle ?, demandè-je, perplexe.
-Peut-être les deux !, répond une femme adulte dans mon dos."
Je pousse un cri de stupeur, effrayée par la proximité de la personne. Je recule de quelques pas et en profite pour observer à qui j'ai affaire.
"Je suis toi, déclare la femme.
-Impossible. La seule vraie moi, c'est moi, rétorquè-je, méfiante, bien qu'elle partageait avec moi plusieurs similitudes physiques.
-Tu veux peut-être que je te dise comment tu as mis fin à tes jours, s'empresse-t-elle de répondre."
Je serre les poings, en colère contre elle. Ou contre moi-même, si nous sommes bel et bien la même personne. Utiliser ma tentative comme attaque est un coup bas. Enfin, tentative. Tentative ou réussite ? Bien que les larmes me montent aux yeux en pensant à ce qui m'a mené jusque là, je dois savoir si l'enfer que j'ai vécu jusqu'ici est terminé.
"J'ai réussi ?, bafouillè-je, l'air sérieux, bien qu'un peu déstabilisée.
-Ce n'est pas à moi de répondre à cette question. Si je te l'ai posée tout à l'heure, c'est qu'il y a une raison, tu ne crois pas ?
-Je croyais que tu étais moi !, éclatè-je, visiblement à cran.
-Retourne-toi, m'ordonne-t-elle après que j'ai repris le contrôle."
J'exécute ses ordres et me retourne. Une porte simple, en bois, se trouve à trois mètres de moi. Nous savons toutes les deux qu'elle n'était pas là avant, je l'aurais vue.
"Franchis cette porte et observe, ordonne-t-elle à nouveau, avant de disparaître."
Je me retrouve seule face à cette porte, comme je l'étais face au choix que j'ai fait.
Je prends une grande inspiration, pousse la porte dans un élan de courage, et expire. Un long couloir sombre. Suis-je censée me balader là-dedans ? J'aperçois différentes portes tout le long du couloir. Je me décide à ouvrir la plus proche, à ma gauche. Mes pas pressés résonnent. J'ouvre rapidement la porte. Elle donne sur ma chambre, je la vois d'un point extérieur, comme si je jouais avec une maison de poupées. La pièce semble telle que je l'ai vue pour la dernière fois, rangée un minimum, avec quelques affaires qui trainent par-ci et par-là. Doucement, la porte de la chambre s'ouvre. Une femme d'une cinquantaine d'années fait son apparition et se dirige à pas lents vers le lit puis prend un coussin dans ses bras avant de s'effondrer sur le lit. Ce coussin est celui avec lequel je dormais, c'était toujours le même. J'entends des sanglots, et reconnais ma mère. Je n'entretenais pas les meilleures relations avec elle mais l'entendre pleurer me fend le coeur. Je referme la porte lorsque les sanglots deviennent plus forts et que mon père vient la prendre dans ses bras.