try to describe happiness.

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Épicure désigne le bonheur comme une émotion binaire : une face qui atténue la souffrance et une face qui comble les désirs. Je suis plutôt d'accord pour ce qui concerne la première partie de cette définition ambiguë : ce qu'on peut qualifier de bonheur atténue une souffrance quasi-omniprésente. Quoique cette souffrance est banalisée par les horreurs de la vie. Les morts, les vols, les viols. Tous ces problèmes qui paraissent parfois avoir une solution, alors qu'aucun d'entre eux n'en a : on ne peut ressusciter un mort, quelle que soit la douleur qui puisse nous habiter. On ne récupère jamais vraiment ce qu'on nous a volé. Une personne violée reste violée et marquée à jamais. Blaise Pascal illustre bien cette idée. Dans Pensées il est dit que « jamais personne, sans la foi, n'est arrivé à ce point [que] tous visent continuellement. » Cimer Blaise, t'as tout résumé en sous-entendus, ce qu'on qualifie de « bonheur » est un point inatteignable. Tu renchéris en disant « s'il y a eu autrefois dans l'homme un véritable bonheur, [...] il ne lui reste maintenant que la marque et la trace toute vide, et qu'il essaie inutilement de remplir de tout ce qui l'environne. ». J'avoue, ce sont des citations comme ça, balancées, qui ressemblent un peu à un amas de bonnes grosses conneries de philosophes un peu sous LSD. Mais faut dire que Blaise avait de bonnes idées, bien joué mon pote. Maintenant que cette introduction un peu trop longue et pleine de réflexions un peu perdues est terminée, on va pouvoir s'intéresser à notre vraie question : qu'est-ce que le bonheur. J'avouerai que cette question est une question récurrente en philo, mais sortons de toutes ces idées reçues sur la philosophie faite pour idolâtrer Freud et Aristote, ce soir c'est moi la référence. J'ai peu d'expérience sur la vie, alors disons que je vais me faire aider par quelques grands de ce monde qui furent un temps.

La deuxième partie de la définition d'Épicure « une face qui comble les désirs. » de quels désirs parlons-nous ? Désir matériel, de possession, de richesse et d'avarice, ou désir sexuel, de plaisir, d'abandon et de cris ? Il existe encore d'autres désirs que l'on peut inventer, mais soyons réalistes, les seuls désirs qui existent sont les désirs primitifs : dominer ou être dominé. Tuer ou être tué. Prendre ou se faire prendre. Baiser ou se faire baiser. Alors de quoi tu nous parles Épicure ? Tu parles de ta gloire passagère que tu as pu avoir durant le XXè siècle, ou de l'orgasme que tu avais quand tu basais ta femme – ou ta pute ? Lequel de ces désirs le bonheur est-il censé combler ? Ou peut-être qu'on peut avoir une approche plus naïve. Le bonheur c'est ce qui nous fait sourire ? Allez on rigole un coup et on redevient sérieux. Un film peut te faire sourire, un beau gars peut te faire sourire, un beau tarpé peut te faire sourire, alors on stoppe les conneries. Dans la vie faut pas confondre bonheur et euphorie passagère. C'est pas parce que tu sors avec le gars dont tu rêves, ou que tu fais une soirée de fou, ou que t'as ton bac que t'es heureux. C'est pas ça le bonheur. Mais au fur et à mesure que j'écris, le mot « bonheur » perd de son sens. C'est quoi à part une émotion, est-ce que le bonheur existe ? L'a-t-on déjà vu ? Tous les grands de ce monde ne sont pas heureux. Les miséreux de ce monde ne le sont pas non plus. Ceux qui sont entre les deux s'imaginent être à la place des uns, et plaignent les autres. Celui qui a dit « l'argent ne fait pas le bonheur » a-t-il seulement une idée de ce que peut offrir l'argent ? Beaucoup, mais pas le bonheur. Mais alors comment l'atteindre ? Ça serait bien de l'atteindre un jour. Toutes ces questions me mènent à Kant. En effet, selon lui, la notion même de bonheur pose d'abord un problème, car le contenu concret en est impossible à cerner. Voilà, si Kant le dit, c'est que c'est bien vrai. Ce ne sont pas Spinoza et ses définitions religieuses sur la béatitude qui vont nous faire avancer.

Donc, le bonheur ne serait finalement qu'un rêve ? Certains rêves sont donc réalisables mais le bonheur ne l'est pas ... Mais alors le bonheur ne serait-il pas un amas de rêves réalisables mais avec des efforts ? Sous-entendu donc qu'il faudrait faire trop d'efforts pour satisfaire tous nos rêves, et qu'ils sont donc irréalisables en même temps et donc que le bonheur est impossible. Sous-entendu du sous-entendu : le bonheur est atteignable mais avec tellement d'efforts qu'il devient impossible. Alors le bonheur serait juste l'accomplissement de tous nos rêves. Je pourrais en finir là avec ma condescendance et ma prétention adolescente, mais je vais aller plus loin parce que je ne suis pas d'accord avec ma propre théorie : nos rêves n'existent que par notre monotonie et notre désespoir continuels. S'ils n'étaient plus là, on se lasserait de notre prétendu bonheur, et alors on en chercherait un autre. Conclusion : la quête du bonheur serait un cercle vicieux, donc cette théorie est erronée. Dommage.

Toutefois, pourquoi tant de personnes sont-elles à la recherche du bonheur et pourquoi si peu se demandent ce qu'est le bonheur ? Pourquoi ces-dernières personnes sont-elles qualifiées de dépressives ou quelque chose comme ça alors qu'elles sont juste réalistes ? Il faudrait que je demande à une personne qui se dit « heureuse », comment elle le définirait. Ceux qui nous souhaitent le bonheur, après la naissance d'un enfant ou après un mariage, savent-ils seulement ce qu'ils nous souhaitent ou est-ce un code social qui s'est instauré ? On ouvre un nouvel onglet dans cette recherche : et si le bonheur n'était qu'un code social ? Théorie intéressante : on nous conditionne à un bonheur artificiel dans les films pour gosses et les Disney, mais réfléchissons trente secondes : on est des héros Disney ? On vit dans un monde où notre plus grande ennemie c'est Cruella et son addiction pour les chiens morts ? Non les potes, on est dans un monde où tout peut être notre pire ennemi : ami un jour, ennemi l'autre jour. En couple un jour, en froid un autre. Vivants hier, morts aujourd'hui. Riches il y a un an, SDF depuis ce matin. On est constamment sous une épée de Damoclès qui se renouvelle voire se multiplie à chacun de nos pas. Donc tous ces producteurs de séries, de films, d'histoires niaises ne font que nous inculquer l'idée d'une émotion fictive qualifiée en 6 lettres. J'en ai d'autres à vous proposer dans cette catégorie, et elles sont bien réelles, au moins. Dégoût, colère, dédain. C'est mieux que votre truc faux. De toute façon, toutes vos créations sont des mensonges, vous êtes donc des menteurs, et le fruit de vos fausses paroles circule encore et pourrit plus d'esprits que vous ne le pensez.

Alors je vais terminer sur Kant – encore – et sur cette citation « Le concept de bonheur est un concept si indéterminé, que, malgré le désir qu'a tout homme d'arriver à être heureux, personne ne peut jamais dire en termes précis et cohérents ce que véritablement il désire et veut. » En gros le bonheur, c'est un bon gros tas de conneries, et Baloo qui nous disait qu'il en faut peu pour être heureux, la bonne blague. On sera jamais heureux faut s'y faire. Tu peux baiser la meuf de tes rêves, être le mec le plus riche du monde, avoir ta famille autour de toi, tu seras jamais heureux. Tu peux toujours crever, on peut toujours te voler ta fortune, ou violer et traumatiser tes proches. Alors voilà, on en revient aux horreurs de la vie du début, celles qui banalisent la souffrance que le bonheur d'Épicure est censé éradiquer. Alors arrêtons de courir après un prétendu bonheur que nous n'aurons jamais, et tâchons de vivre du mieux que l'on pourra – et de baiser le meilleur parti.

Black.  

happi-ness - happi-less. [VF]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant