L'heure est venue

63 10 6
                                    

Un gémissement lugubre retentit dans le silence lourd d'une nuit noire.
Des ombres se dessinaient sur les murs des ruelles mal éclairées.
Une odeur nauséabonde empestait et prenait à la gorge.
Des talons battaient le pavé noirci et le frottement des vieux vêtements semblaient emplir la ruelle.
Le bruit d'une course éffrénée, puis un bruit sourd résonna.
Là, étendu au milieu de déchets mal odorant et d'urine, un vieil homme.
Que fuyait-il ?
Un monstre qui le pressait ou qui l'oppressait.
Cette chose au bruit régulier et au démon présent chaque nuit qui le hantait.
Pareil à des cernes se refermant sur lui.
Une ombre immense à l'allure décharnée et aux dents d'acier.
Une ombre malveillante, voulant lui ôter la vie.
L'esprit ravagé et l'orage pleurant sa peine sur ses épaules, il avait fuit quand il avait su.
Quand il avait sentit qu'elle venait, qu'elle allait l'avoir cette fois.
Il avait pris son si précieux chapeau melon et il était sortit le pas lourd, l'air hagard, les sens aux aguets.
Puis avant même qu'il ait traversé, il avait sentit des yeux dans son dos.
Il s'était alors mis à courir, à s'en couper le souffle.
Haletant, il avait glissé dans une ruelle sombre et s'était étalé de tout son long.
La chose se tenait maintenant au-dessus de lui et le menaçait, soufflant dans son cou un air chaud intarissable.
Les secondes lui semblèrent infinies.
Pris d'une peur effroyable, il essayait en vain, d'ouvrir les yeux.
Il se sentait pris au piège mais son âme, elle, était détendue.
Il la sentait voleter autour de lui et la sensation d'être apaisé lui effleura le nez.
Après tout ce temps, ce monstre qu'il redoutait tant l'avait enfin rattrapé.
Il ne regrettait rien et était parti heureux de ce qu'il avait entrepris.
Je vous le dis, le temps un sacré danger.

Le recueil de mes mauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant