Des heures durant, Alaric avait laissé son esprit vagabonder au sujet de ce doux baiser échangé avec Louise. Il avait tant langui ce moment, qui s'était terminé beaucoup trop abruptement à son goût, dû à un appel téléphonique reçu par la jeune femme, qui par la suite, avait dû se rendre précipitamment rejoindre une amie.
La journée passa à une lenteur ahurissante pour lui. Il se ressassa sans cesse cette douce étreinte, ne pouvant oublier le contact de leurs lèvres, brûlantes de désire. Consultant sa montre de façon frénétique, les minutes lui paraissaient être des heures. Ne tenant plus en place, et ne pouvant se résoudre à se changer les idées, il se décida à préparer un dîner pour la jeune femme, dont il était éperdument amoureux, avec les quelques notions en cuisine qu'il possédait.
La tâche fut ardu, mais au bout de quelques heures, il fut fier de pouvoir orner la table d'un joli plat, tout à fait présentable. Cependant, ne sachant si son plat était à la hauteur de la femme qu'il aimait, il se décida à goûter la sorte de pot-au-feu qu'il venait de concocter, d'une minuscule bouché. Le coupant dans son élan, la porte d'entrée en bois massif s'ouvrit sur une Louise à l'allure éblouissante, mais légèrement angoissée.
Quel fut la surprise du jeune homme quand il vu qu'elle n'était pas seule. Une de ses amies, Anna, marchait timidement derrière elle. Elle qui d'habitude était avare de paroles, se trouvait être bien muette à présent. Voyons la mine défaite de la jeune femme, il garda le silence.
Afin de l'en remercier, Louise lui fit un bref sourire, avant de guider son invité vers la chambre d'amis, que le jeune homme s'était toujours refusé d'occuper totalement, y laissant seulement quelques vêtements, traîner sur le sol. Il refusait de dormir seul dans ce si grand lit, préférant le canapé, qui lui rappelait que sa venue ici n'était que temporaire.
Après ce qui lui sembla être un si long moment d'attente, Louise revint vers lui. Il fut cependant déçu, lorsqu'elle s'arrêta à seulement quelques pas de lui. La peur se saisit de lui, paniqué à l'idée que la jeune femme n'eut changé d'avis à son propos.
- "Salut", murmura-t-elle comme pour elle-même.
- "Salut."
- "Je suis vraiment désolée d'être partie si précipitamment, mais Anna avait besoin de moi. Tu sais son copain, l'homme violent dont je ne fais que te parler ?"
Pour simple réponse, Alaric acquiesça d'un signe de tête, laissant Louise poursuivre.
- "Il a de nouveau posé la main sur elle. Mais cette fois était la fois de trop. Elle a enfin eut le courage de le quitter, et vu qu'elle n'avait nul part où allait, et que tu n'as pas grande utilité de la chambre d'ami, je me suis dis qu'elle pourrait rester pour la nuit."
Ne sachant que dire, Alaric garda le silence. Il était tellement dépité d'avoir passé tant de temps à élaborer un plat comestible pour le partager avec cette femme, qu'il aimait tant, qu'il préféra se contenir silencieusement, afin de ne faire aucune remarque acerbe, comme à son habitude.
- "Oh... Tu as préparé le dîner", murmura Louise dans un souffle.
- "Non, c'est le lutin du quartier."
Il esquissa un sourire timide, afin d'accompagner sa piètre tentative d'humour. Lorsqu'il vu le visage de la jeune femme s'illuminer d'un doux sourire, il comprit que c'était la plus belle des récompenses. Il fut heureux de la voir s'attabler, tout en s'écriant :
- "Je meurs de faim."
Une légère tension flottait dans l'atmosphère, comme s'ils n'étaient plus que deux étrangers, apeurés, à la simple idée de tomber amoureux. Ils cherchaient à se préserver de cette souffrance, que seuls les personnes, qui partageaient un amour réciproque, étaient en mesure de connaître. Ils étaient jeunes et terrifiés à l'idée de s'aimer, sans cependant savoir, qu'il s'agissait de la plus belle chose qui pouvait leur arriver de leur vivant.
D'un commun accord, ils plongèrent leurs couverts respectifs dans leurs assiettes. Lorsqu'il goûta à son plat, Alaric s'attendait à savourer le mélange d'épices et le doux tourbillon de saveurs qui auraient dû constituer ce plat. Il fut donc surpris, et ainsi confus, de constater le terrible goût amer qu'avait pris sa préparation, comme un arrière goût de rance.
Discrètement, il jeta un coup d'œil à Louise qui grimaçait, tout autant que lui, luttant pour ne pas régurgiter ce que contenait sa bouche. Il ne suffit que d'un regard échangé, et d'un éclat de rire pour qu'ils retrouvèrent leur complicité.
- "Oh pitié ! Rappelles moi de ne plus jamais te laisser cuisiner de nouveau", s'exclama la jeune femme avec malice.
- "Je t'aime", murmura Alaric dans un souffle.
- "Je t'aime aussi."
Tel un souffle dans l'air, ces douces paroles apaisèrent le jeune couple, les protégeant du reste du monde. D'un commun accord, ils se dirigèrent vers la chambre de la jeune femme, afin de partager leur première nuit d'amour ensemble, de la plus belle et la plus douce des façons.
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Si seulement...
RomanceAlaric boit pour oublier, cette horrible tragédie qui a dévasté sa vie, voilà de cela huit ans. Charlie est une jeune femme sûre d'elle, en apparence. Il n'a jamais eu la force de tourner la page, ne cessant de se noyer dans cette souffrance infinie...