[ 1 ] - Le long trajet.

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« Le monde est un livre et ceux qui ne voyagent pas n'en lisent qu'une page. »

Bientôt l'heure du souper, mais le trajet semble éternel. Les mélodies grésillant à mi-voix depuis le poste radio de la voiture paraissent attiser un vieux cabaret. Le paysage forestier offre une vue miséreuse ce qui n'arrange rien en tout.

La chevelure dorée prélassée sur les jambes graciles de sa sœur aînée, paupières rejoints protégeant ses pupilles bleues, Juliette-Dodu crée des scénarios désopilants du déroulement de ses vacances chez sa grand-mère Germaine.

Déjà, elle pressage des sorties à la plage, entrevoit le sable fin coulissé entre ses doigts et l'odeur libérale du vent qui filera contre sa peau exposée au beau temps.

Un partiel étirement de ses fines lèvres rosées, son trait du visage qui dévoile ses rêveries évasives.

Cependant, Lola l'ainé scrute des pensées divergentes. Son menton fragile s'appuie dans le creux de sa main et son attention est tenu captif par l'ennuyeux défilement du paysage, ou plutôt semble...

Dans un recoin de son buste, son organe vitale palpite. Des images et des scènes enchantantes à sens aiguisés gigottent et gigottent dans son conscient.

D'ailleurs, elle vise un endroit bien précis à Williamsburg, des coins qu'elle prévoit visiter comme les parc d'attractions. Les sensations fortes sont celles que Lola préfère. Sa voisine d'en face lui avait d'ailleurs soufflée les noms de deux parcs.

" Le parc d'attraction de Williamsburg" située en plein coeur de la civilisation et " Le parc de Williamsburg " qui était l'ancien parc d'attraction de la ville serait plus retiré, devenu un parc écopé dans un quartier presqu'abandonné à cause d'une étrange légende que les gens racontent sur des mort-vivants et des fantômes d'enfants maltraités qui y séjourneraient ...

Heureusement que sa mamie vit en ville, elle pourra les visiter tranquillement, pense t-elle.

Elle n'a pas l'habitude de se soucier de ce que les gens disent ou pensent. Sans pour autant s'imaginer des vacances qui peuvent à tout moment virés au cauchemar.

Elle étire un sourire qui semblerait à première vue être destiné au panorama, mais plutôt ravie en avance de pouvoir s'éventer à son tour de ces futurs expériences excitantes auprès de Pénélope, une fois de retour à la campagne.

Enfin, le véhicule dépasse un long panneau miteux où se lit en caractère foncé :

" Bienvenue à Williamsburg ".

Et peu à peu, les couleurs vertes du paysage se perdent. Une optique progressivement tumultueuse se détalent, un spectacle étalé aux yeux avides de Lola. L'endroit et l'atmosphère sont si distincte de là d'où elle vient.

A la campagne, il n'y pas autant de chahuts, de bruits de klaxons de voitures et pas autant de locomotions dans les rues.

Là-bas, les avenues sont moins peuplées, relativement silencieuses qu'on en entend même les jeunes moineaux piailler dans les arbres aux feuillettes denses à longueur de journée. Le soleil reste encore d'une teinte orangée et lumineuse, fuit rarement avant l'heure du souper. L'air garde perpétuellement son calme et c'est ce qui rend la campagne si paisible à vivre.

Le véhicule s'aventure dans une cité entassée de grandes et splendides résidences aux lucarnes juxtaposés et pointus, puis par la suite dans un chemin plus ankyloses où les maisons se font de plus en plus rare pendant un court instant qui semble les plus longues de tout le trajet.

Bientôt arriver à destination, les cœurs jubilent intérieurement, des tiques de réjouissance dérivent du contrôle de la jeune fille tandis que la cadet, toujours à moitié affalée sur ses jambes s'est finalement laissée emporter trop tardivement par le sommeil.

L'arrêt soudain des vibrations de la voiture précède les bruyantes larmoiements du nourisson, ce qui ne manque pas de réveiller les consciences endormies.

« Levez-vous les filles, nous sommes arrivés! »

Leur mère annonce, les mains toujours agrippées au volant.

LA ROSE NOIRE.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant