Il n'y a rien. Le vide, le froid, le noir. C'est comme si c'était le commencement. Pourtant, il semblerait bien que ce soit la fin.
Totalement nue, elle était étendue là, sur le lit, inerte. Cependant malgré tout, une bride de vie se rattachait encore dans la peine et la souffrance à ce corps miséreux. Une bride de vie qui lui arrachait les poumons à chaque fois qu'elle respirait.
Le temps ici avait perdu toute trace d'existence. Il ne représentait désormais qu'une notion vague et insignifiante qui n'avait plus lieu d'être. Elle errait quelque part entre vérité et folie. Une errance interminable qui la maintenait contre son gré en vie.Avant d'être venu s'affaler sur le lit, elle avait fuit dans un dernier élan d'espoir que l'on attendait plus. Elle avait titubé jusque dans cette chambre sans trouvé la force de crier son agonie.
Sur le bureau elle trouva ce qui semblait l'avoir toujours attendu. Comme dans un scriptorium, déposé là par un concours de circonstances, sous une couche de poussière et d'oubli, sur le meuble massif : l'encre et la plume. Cette dernière s'agita soudainement entre les doigts frêles de la jeune mourante, le papier gratta, elle écrivait. Elle lui écrivait: au monstre, à son ange, à lui seul. Celui qui l'avait amené jusqu'ici, au "septième ciel" ou bien "six pieds sous terre", elle ne savait plus trop. Le pouvoir des mots. Les marques qu'ils laissent sont bien plus puissantes que toutes celles que l'on peut graver dans la peau." -Laissez-moi une dernière fois lui faire avaler toute ma haine. "
" Je t'adresse mes derniers mots mon fantôme, même si je sais tout au fond de moi que tu en es indigne et que jamais tu ne poseras tes yeux sur ces lignes. Être misérable que je suis, je me laisse bien trop souvent tenter ces dernier temps par l'idée que trop séduisante de ma propre mise à mort, par faute de pouvoir m'en prendre à toi, méprisante créature.
Au bord du gouffre comme tu m'as laissé, mon corps théâtre de la seconde guerre mondiale comme tu t'es amusé à me torturer, mon cœur meurtrit comme tu as pris plaisir à me tourmenter. Tu m'abandonne baignant dans mon agonie. Qu'as-tu cherché à faire ? Je saigne autant que toi désormais.
Je m'en souviens comme si c'était hier, peut-être bien que c'était hier en fait... je n'en suis plus certaine, stupide migraine. Étais-je devenue inhumaine ? L'encre écarlate filait sa course avec toute sa délicatesse en dehors de mes veines. Traçant sa destinée sur mon bras de porcelaine. Ah ! La cicatrice est bien vilaine, marquage de ton passage à l'indélébile dans ma peau. Tu dois être fière, non ? Tu n'es qu'un croquemitaine, mangeur d'espoir et de rêve.
Seulement, suis-je coupable au final ?
Coupable d'avoir écouté ta voix pécheresse, de tes caresses tu avais su trouver mes faiblesses. Coupable de mettre laissée entrainer dans ta folie vengeresse, abusant de ma gentillesse, ignorant ma détresse. De tes belles paroles faussement enchanteresses tu m'as détourné du droit chemin. Foutaises ! Tu manie ta langue avec que trop d'adresse.
Que pieuse soit ma rédemption, je me mets à genoux devant Dieu et je me confesse :
Coupable d'avoir aimé un monstre.
Cet ignoble sentiment est sûrement la seule chose dont je peux réellement m'accuser. Je ne suis que la victime de toute tes diableries, je le sais.
Je me meurs à petit feux mais rien ne semble vouloir m'achever. Les cieux ne me le pardonneraient pas de vouloir en finir moi-même et je ne veux pas être damné avec toi. Finalement je ne serais jamais plus heureuse que le jour où tu finiras de passer tes doigts autour de ma gorge, ce jour-là quand je tomberais livide, je t'en prie, chante. "
Ses doigts la tiraillaient ; elle lâcha la plume et elle tomba au sol. Elle jeta un dernier regard sur son manuscrit et prit de dégout le chiffonna subitement comme si c'était son destinataire qu'elle écrasait entre ses mains. Un dernier mouvement, une douleur silencieuse, une propulsion, et elle retomba sur le lit comme un corps sans vie. Totalement nue, étendue là, inerte, juste levât-elle les yeux vers le plafond et demanda :
"-Comment en somme nous arrivés là mon Dieu ? "
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Opéra Funeste
Mystery / Thriller"13 jours pour monter au paradis et descendre jusqu'en enfer. Certain sont liés par le sang, nous, nous somme liés par la musique... Et surement aussi par cette fâcheuse tendance à céder a la tentation et au Vilain. Ceci n'est pas mon histoire, ma...