La veste

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« Où est-ce qu'elle a bien pu passer? »

La journée était déjà bien avancée, devant le placard de sa maman, un petit squelette en pull se frottait d'un air embarrassé, son petit menton osseux. Il savait qu'il l'avait rangé dans ce placard , il la rangeait toujours là, au même endroit, sur le même cintre. Bien accrochée, et ce après chaque lessive mensuelle. Sa mère, Léa, n'était pas si pointilleuse et précise sur ce sujet ; mais lui, n'oublierait absolument pas la propreté et la netteté pour sa veste. Une veste pour le moins assez originale, blanche, une capuche molletonnée avec un petit duvet bien chaud, une étoile sur le devant et des arcs-en-ciel en guise de motifs au niveau des avant-bras.

-Mais elle est où...

À la recherche d'une réponse, Sans se tourna vers le lit de sa mère. On devinait vaguement une forme humaine sous les draps, qui les montait et les descendait au rythme régulier de sa respiration. L'heure du déjeuner ne tarderait pas à sonner et comme à son habitude, celle-ci n'était toujours pas levée. Sans hésita quelques secondes, car il savait pertinemment quelle serait la réaction de la jeune femme si jamais, au grand jamais, il osait la réveiller avant deux heures de l'après-midi. En même temps, la faim commençait à se faire sentir et il voulait absolument retrouver sa veste... C'était elle qui lui avait offert d'ailleurs et il y tenait énormément...

Finalement, il tenta une approche. Doucement, a pas de loup, il s'approcha du lit, grippa tranquillement dessus et souleva les draps ; dévoilant une masse informe et grotesque, couronnée d'une chevelure brune qui masquait en partie les traits délicats de la jeunesse endormie. « C'est vrai qu'elle est belle Maman quand elle dort »... se dit le petit osseux en contemplant le visage serein de sa mère dont il écarta une mèche ou deux avant de se pencher vers son oreiller et de murmurer tout bas : « Maman ? Hey maman... Tu as vu ma veste? »

La jeune fille émit un gémissement des plus gracieux en se tournant dans son sommeil ; laissant choir une jambe par-delà la couverture. Le petit osseux croisa les bras, contrarié de l'effet de sa mère qu'il aurait pensé plus réactive. Avec une certaine déférence et toujours dans l'idée de lui soutirer des informations concernant sa précieuse veste, il escalada la masse de draps, voyant la montagne plus comme un jeu. Oubliant vaguement, l'espace d'un instant, son objectif premier. Une fois à cheval sur sa mère, le petit monstre leva fièrement les bras en l'air en lâchant un cri de contentement. Insolent dans son exploit, il se laissa tomber sur le torse ; réveillant en sursaut la pauvre jeune femme.

-Mais ça va pas !

-Maman ! Hurla le petit en se s'agrippant innocemment au cou de sa mère.

Que pouvait-elle faire face à tant d'innocence ? Ce petit être si faible, si fragile... Avec ses grands yeux étoilés et sa petite corne multicolore... Comment ne pas fondre devant sa naïveté si touchante, son petit sourire croquant et tous les câlins qu'il réclamait... Non vraiment, c'en était indécent !

-Qu'est-ce que tu veux ? Grogna Léa, émergeant des limbes oniriques.

-Ma veste...

-Et bien quoi, ta veste ? Tu vois bien que je dors, quelle heure il est là ? Quoi ! Mais tu as vu à l'heure où...

-Je... Je la trouve plus... Renifla le petit squelette en pleurnichant.

-Ta veste... ?

-Oui, je la trouve plus...

-Ah...

Tant que Sans pouvait obtenir une réponse, cela lui convenait. Ce « Ah » signifiait que Maman allait s'occuper de lui. D'ailleurs, la voilà qui se redressait. Le petit dégringola de son ventre et sauta au dernier moment du lit. Léa s'étira en gémissant avant d'écarter ses draps, tandis que le petit trépignait d'impatience ; voire, de frustration.

-Elle n'aurait pas pu avoir des jambes et marcher seule, non? Tu as regardé dans le placard ?

-Elle y est pas...

-Sûr ?

-Oui !

-Bon...Peut-être est-elle sous le lit ?

Il n'y avait que de la poussière et des débris : Canettes, fourchette, linge sale... Quel triste spectacle. Devant ce triste spectacle, la jeune femme se releva et commença à arpenter la chambre. Remuant ciel et terre, elle finit par se rendre compte qu'elle ne retrouverait pas la veste du petit dans cette pièce. Elle finit par se faire une raison et s'empressa de retourner la maison de fond en comble.

Sortant d'un pas rapide de sa chambre, suivie du petit osseux qui restait collé à elle, la jeune femme s'apprêtait à emprunter les escaliers lorsque soudainement, elle sentit sur sa gauche le petit qui lui passa devant comme une furie ; avant de tomber. Heureusement pour lui, quelqu'un avait amorti sa chute. Sentant le petit monstre étendre ses bras comme une étoile de mer, alors que ses deux pieds pointaient vers le plafond.

-Aie...

-Maman ?

Poussée par l'instinct -maternel sans doute- elle s'était jetée sur lui pour tenter de le rattraper. Maman avait toujours fait de son mieux pour cacher cette facette de sa personnalité à son petit protégé. Car, en tentant de le rattraper, elle avait perdu l'équilibre en plongeant la tête la première ; dégringolant plus vite que le petit monstre qui lui, avait atterri sur le dos une fois en bas. Après quelques plaintes, une réprimande et un câlin, ils reprirent les recherches . Au bout d'une heure, Léa se laissa tomber sur son lit « Y a rien à faire... J'vois pas où elle peut être... »

-Mais...

-Je sais que tu la veux, mais écoute... Lorsqu'on cherche quelque chose et qu'on ne le trouve pas, plus on le cherche et plus il se cache...

Le petit, qui s'était assis près d'elle, prit l'oreiller dans ses bras pour y enfouir sa tête. Il la voulait sa veste, plus que tout. Léa tourna la tête vers lui et au moment où elle s'apprêtait à le réconforter d'une caresse, la jeune femme l'aperçut enfin. La veste tant recherchée, elle était là depuis tout ce temps... En y repensant, elle se souvenait l'avoir prise avec elle pour s'en faire un doudou afin d'avoir le petit squelette auprès d'elle ; même dans le domaine de Morphée. En se penchant, elle saisit la veste et la plaça sous la cavité nasale du petit.

-Tiens. Lui dit-elle en souriant.

En redressant la tête, son air abattu disparut en un quart de secondes et il se jeta sur sa veste tant aimée, en poussant un grand cri enfantin. Après ces touchantes retrouvailles, le petit la revêtit et ils descendirent tous deux déjeuner le plat favori du petit squelette : des cookies au chocolat.

[Fin]

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 19, 2018 ⏰

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