Le Projet Avengers : Civil War - Tome 3 ✓

1 - Se reconstruire

Un cri. Juste un seul cri qui me déchire la gorge tandis que le corps de mon ami s'effondre au sol, criblé de balles. J'ai beau essayé de guérir ses blessures, rien n'y fait. Seules les larmes coulent. Au loin, le hurlement de Wanda résonne et je ressens jusqu'ici la puissance du pouvoir que son chagrin a déployé. La vie est-elle toujours si injuste ? Tous ceux qui m'entourent doivent-ils automatiquement mourir ?

Mes parents, Pietro... Qui sera le prochain ?

Je me réveille, encore une fois en sueur. Ça fait un peu plus d'un mois que la bataille de Sokovie a eu lieu et je me remets à peine de la mort de Pietro. Voir Wanda tous les jours, lui parler, lui sourire, n'arrange pas les choses. Je me sens pourtant responsable, comme si j'avais pu faire quelque chose et que je n'y étais pas parvenue.

Je me retourne dans mon lit, espérant tomber sur le visage d'ange de Steve, mais évidemment, lui non plus n'est pas là. Je n'arrive pas à m'habituer à son absence au saut du lit.

Je me redresse, la tête dans les mains et agrippe les draps froids. Comme chaque matin, la colère s'empare de moi, puis elle laisse place à la tristesse et à la lassitude. Tout ça en moins de dix secondes. Je suis une cocotte-minute et j'ai l'impression que je vais exploser d'un moment à l'autre. M'effondrer ou frapper si fort dans un mur que je me broierai les phalanges. Steve m'a abandonnée, Pietro est mort, je suis seule.

Je pense que j'en veux plus à moi-même qu'aux autres. Je m'en veux de ne pas avoir essayé d'arranger ma relation avec Steve, de ne pas avoir laissé ma jalousie de côté, de ne pas avoir été assez rapide en Sokovie.

Natasha dit que ça ne sert à rien de s'apitoyer sur mon sort. C'est facile à dire pour elle, elle sait faire ce genre de choses, compartimenter, se concentrer sur autre chose que ce qui la ronge.

Moi, je n'en suis pas capable, je suis faible.

La mort de Pietro a ravivé tellement de mauvais souvenirs que je ne passe plus une seule nuit complète depuis plusieurs semaines. Je suis épuisée et pourtant, je n'en montre rien. Personne ne sait que chaque nuit, je repasse la mort de mes parents et celle de Pietro en boucle. Que je me réveille en sursaut en sueur et en pleurs avec l'incapacité de me rendormir, que j'en ai marre et que j'aimerais que tout s'arrête.

Je porte une main à mon ventre et soupire. Cinq semaines se sont écoulées et je n'ai toujours pas dit à Steve qu'il était le père de l'enfant que je porte. Seuls Natasha et Tony sont au courant, mais je soupçonne Wanda de savoir également.

Je débarbouille mon visage dans la salle de bains agréée à ma nouvelle chambre depuis le dernier mois, puis rejoins la petite cuisine dans la salle de détente du complexe Avengers. C'est là que je vis depuis que Steve et moi sommes séparés. Ce n'est pas comme chez moi, mais je m'en contente. Et puis, c'est temporaire, jusqu'à ce que je trouve un endroit où loger.

Wanda m'attend déjà dans la salle d'entraînement. Elle m'offre un mince sourire auquel je réponds. Nos relations se sont nettement améliorées depuis ces dernières semaines et je commence à accepter son amitié sans me sentir coupable ou penser à son jumeau. 

Je vois Clint s'entraîner à tirer au travers de la vitre qui sépare sa salle de la nôtre. Natasha essaie de nouvelles armes et Sam vole à l'extérieur. Rhodey et Tony sont sûrement en train de bavasser au bar, comme ils en ont l'habitude durant les heures d'entraînement.

Steve, lui, n'est pas encore arrivé. Je redoute chaque jour le moment où il va faire son apparition dans la salle et où je vais sentir mon cœur battre à la vitesse d'un cheval lancé au triple galop et où je vais me retenir de poser la main sur mon ventre. Chaque jour, je fais un pas en avant, dans l'intention de lui dire que je suis enceinte de lui, qu'il est le père de mon enfant et que je l'aime toujours, d'un amour inconditionnel. Mais il suffit d'un regard de sa part et tous les souvenirs de la nuit de notre dispute remontent à la surface. La façon dont il m'a regardée, l'instant où j'ai compris qu'il n'oublierait jamais Peggy et qu'il ne m'aimait pas autant que je l'aime. Alors chaque jour, je détourne le regard et je passe une nouvelle journée à me ronger de l'intérieur, à me consumer de chagrin et à sentir ce petit miracle grandir dans mon ventre.