3. Des pleurs à l'étage.

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***Partez d'ici***

Cette phrase résonnait dans ma tête. Je ne pus détourner mes yeux du mur. Une goutte de sang dégoulinait de ces mots fraîchement écrit sur le bardage de la pièce. Il n'y avait personne d'autre dans cette salle à part nous, ni aucune trace de la provenance du sang. Je chassais la larme qui avait coulée sur ma joue, je ne veux pas passer pour une faible devant les autres. Lisa était tétanisée, tremblotante de la tête aux pieds.

- Enzo, si c'est une blague, c'est pas drôle du tout. S'énerva Théo.

Il ne répondit pas tous de suite, mais céda sous le regard insistant de celui ci.

- Comment tu veux que je fasse un truc pareil ? Je ne me suis pas éventré juste pour faire une "blague."

- Moi j'me tire de cette baraque ! Intervint Lisa complètement déstabilisée.

Marc lui attrapa le bras, en soupirant.

- Arrête donc d'avoir peur, c'est sûrement une mauvaise blague. Et puis, c'est sympas d'avoir des frissons le soir d'Halloween non ?

Théo toisa Marc d'un mauvais regard. Il n'aimait pas qu'il touche sa copine ainsi. Sa jalousie se tapissait au fond de lui, mais il les surveillaient de loin. Lisa et Marc se sont rapprochés depuis quelque temps, il y aura sûrement un conflit prochainement.
Malgré les frissons qui me parcouraient le dos, je fis semblant de ne pas avoir peur.

- Et si on sortait d'ici ? Demandais je. C'est glauque.

Tous hochèrent la tête, mais un claquement de porte interrompit notre détermination.

Clac clac clac..

Une porte dans le couloir ne cessait de faire du bruit. Théo fut le premier à sortir, suivit de prêt par le reste du groupe. La première porte à droite claquait sous l'effet d'un courant d'air glaciale. C'est étrange, il me semblait pourtant que toutes les portes étaient fermées.

- Chaud à aller voir ? Nous défia Marc.

Théo acquiesça, tout comme Lisa, qui acceptait toujours d'imiter son petit ami. Enzo ne répondit pas. Depuis la découverte du mur, il ne parlait plus. Son comportement n'a jamais été si morose. Pourquoi était t'il si boulversé par ça ? Après tous. Ça ne pouvait être qu'une farce non ?

Doucement, Théo poussa la porte en bois. En cherchant l'interrupteur, il se heurta à un meuble que l'on ne discernait pas bien. Il gémit légèrement avant de poursuivre son chemin. Soudain, la lumière jaillit de l'ampoule fixée au plafond.

- Enfin. Râla t'il.

Nous pénétrions tous à l'intérieur de la pièce qui s'avérait être une chambre d'enfant. La tapisserie rose démontrait qu'une petite fille logeait ici, sans compter le petit lit à bascule dans le coin. Probablement un bébé. Tous était magnifique, propice à une bonne éducation. Tous sauf un détail. Une corde accrochée autour d'une fixation métallique au plafond traversait la pièce. Une corde pourvue d'un noeud. Une corde de pendaison.
Les yeux de Lisa s'agrandirent devant la scène.

- Qu'est ce que ça fou là ? Questionna Marc.

- Un drame familial à eut lieu ici. Enfin si je me rappelle bien de ce que m'a dit mon oncle. Répondit immédiatement Theo.

- Mais alors.. l'enfant.. sanglota Lisa.

Les yeux de nos amis se baissaient. Il devait sûrement avoir périt ici. Cette idée me fit frissonner.

- On ferait mieux d'y aller. Lançais je.

- On descend.

Sans discuter, nous quittions tous les cinq la chambre, puis retournions au vieux canapé. Je me dirigeai avec Lisa vers la fenêtre, mais les garçons s'asseyaient sur le divan. De la poussière jaillit du cuir au contact de leurs postérieurs. Cet endroit était répugnant et crasseux.

- On ne va quand même pas rester là ?! M'énervais je.

- Rooo.. soupira Marc. Arrêtez d'avoir peur.. vous ne risquez rien quand on est là.

Vaincu, nous obtempérions puis allions les rejoindre. À peine étions nous assises, que Théo sortit une pack de bières de son sac à dos. Marc sortit son décapsuleur, mais notre ami les avait déjà ouverte à la main.

Les cadavres de canettes se dressaient sur la table sale devant nous. Le pack de 32 était quasiment vide. Nous rions pour un rien, et Marc dormait presque. Il buvait de l'alcool comme si c'était de l'eau, et après il vomissait comme si il avait la gastro. Personnellement, j'avais bu que trois canettes, pour ne pas être saoule. Dans cet endroit.. le bois ne faisait que craquer, rien n'était sécurisant. Les autres ne remarquaient plus que nous étions dans ce manoir sordide, l'alcool les avait déjà vaincu.

Soudain, Marc se redressa violemment. Je ne compris pas pourquoi avant de voir son expression concentré.

- J'ai envi de pisser.

- Aucune idée d'où il peut y avoir des toilettes. Lança Théo entre deux gorgées.

- Au pire.. pas grave.

Il tituba jusqu'au coin de la pièce, entre deux armoires. Je ne compris pas tous de suite, jusqu'à le voir retirer sa ceinture. J'allais intervenir pour qu'il ne fasse pas ici, mais trop tard. Le jet jaillit, inondant le mur d'urine. L'alcool ne justifiait pas tous, je n'étais pas d'accord avec lui.

- T'es pas bien de faire ici ?! M'écriais je.

Il finit son affaire, puis vint à nouveau s'assoir. Son sourire narquois me narguait. Il s'en fichait de mon opinion.

- Qu'est ce qu'on en a à faire ? Rigola t'il. Il n'y a plus personne ici, tous le monde est mort. Tu crois qu'ils vont venir râler ?

Les garçons pouffèrent de rire. Lisa ne semblait pas approuver non plus le geste de Marc. Elle se contenta de boire un coup.

Soudain, un bruit résonna en haut de la bâtisse. Leurs rires cessèrent immédiatement. Nous nous concentrions sur l'origine du bruit. C'était sourd, mais indescriptible, jusqu'à ce que le volume augmente.
Nos regard se croisèrent avec crainte.

À l'étage, quelques pas au dessus de nous, un bébé pleurait. Ce n'est pas possible, est ce l'alcool qui nous jouait des tours, ou il y avait vraiment un nourrisson dans cette baraque ?!

Hantée.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant