So close

Chapitre 1

Aujourd'hui c'est le grand jour. Je déménage.

Certains peuvent considérer cet événement comme une partie infime de leur vie, sans grande importance, mais pour moi cela signifie la fin de la mienne. Ma vie ici, à Miami. C'est un cap décisif, signe de renouveau, mais je n'ai jamais demandé ça. Mon existence s'est jusque là parfaitement déroulée, et je ne veux pas que ça change. Depuis mon enfance, je suis celle que tout le monde apprécie, entourée de tas d'amis. Je vis dans une immense maison à quelques mètre de la plage. J'ai toujours eu ce que je voulais, quand je voulais. Mais il y a quelques semaines, ma mère a décidé de chambouler mon quotidien paradisiaque. Originaire d'Angleterre, elle veut retrouver sa ville natale, Londres, ses racines et ses anciens amis dont elle me parle sans cesse. C'est pourquoi elle a fait une demande de mutation, qui a été acceptée. Je ne suis pas contre cette idée, au contraire j'en suis même heureuse, mais on aurait tout simplement pu y aller pour les vacances d'été et pas forcément s'installer là bas. Mais bon... Je ferai tout pour que ma mère se sente bien. Après tout, elle s'est occupée de moi toute seule depuis le début. Elle a fait en sorte que je m'épanouisse le plus possible. Alors c'est à mon tour de lui faire plaisir et d'accepter sa décision sans broncher.

Il est 14h37 et nous sommes sur le point de nous en aller. Tous mes amis sont venus me dire adieu. C'est un moment assez difficile... Le pire dans toute cette histoire c'est le sentiment d'abandon. J'ai l'impression d'abandonner toutes ces personnes pour lesquelles je compte et avec qui j'ai tant de bons souvenirs. Mais le principal c'est qu'elles ont toutes été là pour moi, peu importe la situation. Je me tourne vers Déborah, ma meilleure amie depuis déjà 4 ans.

-Il ne viendra pas, n'est ce pas...?

Elle me regarde pleine de compassion. Mon petit ami, enfin ex petit ami, n'est pas venu. Nous étions bien ensemble, mais une si longue distance aurait été impossible à supporter. J'ai donc rompu avec lui, et il m'en veut depuis ce jour. Il me manquera malgré tout. Ils me manqueront tous.

Je range les valises dans le coffre, enlace mes amis les uns après les autres, puis monte sur le siège passager. Ma mère a allumé le moteur, et la musique diffusée à la radio emplie l'espace confiné de notre Audi. Je regarde une dernière fois ma maison, mon ancienne maison. Elle s'éloigne de plus en plus, et avec elle mes amis restés sur le trottoir. Tous les moments que j'ai partagé avec eux resteront à jamais gravés dans ma mémoire. Mais maintenant il est temps pour moi de me reconstruire, de tout recommencer à zéro et de me fabriquer de nouveaux souvenirs qui seront, je l'espère, aussi géniaux que ceux qui hantent déjà.

****

Cela fait maintenant quelques heures que nous avons atterri à Londres. J'ai du aller récupérer nos valises le temps que ma mère appelle un taxi. C'était infernal à l'aéroport. Il était bondé. Les gens se poussaient les uns les autres et couraient dans tous les sens. J'en venais même à chercher des traces de civilisation.

Le taxi n'a pas mis longtemps avant d'arriver, et nous a conduit jusque notre nouveau « chez nous ». Le trajet a été très calme – enfin de mon côté. Ma mère était au téléphone avec ses nouveaux employeurs tandis que je regardais par la fenêtre l'ambiance maussade qui se dégage de cette ville. Le temps est gris, empreint de déprime. Londres est une villes magnifique, je ne dis pas le contraire, c'est juste que ma réticence à déménager empiète sur mon jugement.

Lorsque nous arrivons devant notre nouvelle maison, je marque un temps d'arrêt. Il s'agit d'une maison mitoyenne en pierre blanche, pas très grande. Je dois admettre qu'elle possède un certain charme, mais je m'attendais à quelque chose de plus... imposant, sophistiqué. Ma mère finit par me ramener à la réalité en me demandant de l'aide pour décharger le coffre du taxi. Je m'exécute donc et rentre les valises à l'intérieur. Il est plutôt bien aménagé, plus moderne que l'extérieur. L'entrée donne directement sur le salon. Les murs sont blancs et les meubles généralement en bois clair ou dans des teintes tout aussi neutres. La décoration est quant à elle plus colorée, ce qui donne apporte une touche dynamique à la pièce. Les différents fauteuils sont placés autour d'une cheminée incorporée au mur, juste en dessous d'un écran plat. Sur la gauche se trouve un grand escalier en béton qui mène à l'étage. De l'autre côté on peut apercevoir la pièce qui sert de cuisine et salle à manger. Après avoir exploré tout le rez-de-chaussée, j'ai également découvert qu'une petite salle de bain a été aménagé juste à côté du burau de ma mère. Je monte ensuite à l'étage pour continuer ma visite. L'escalier donne sur un couloir qui dessert sur trois différentes pièces. La première est la chambre de ma mère, la deuxième est la salle de bain et la dernière, celle du fond, est ma chambre. Elle est pour l'instant très épurée, sans décorations. Mon lit se situe en face de la porte. Sur la droite, il y a un bureau juste à côté d'une porte en bois qui délimite l'entrée d'un dressing. Le mur en face de celui-ci est complétement vide, attendant impatiemment d'être personnalisé. Je redescends chercher mes valises et remonte les poser sur mon nouveau lit. J'ouvre la première et en sors mes vêtements un par un avant d'aller les ranger soigneusement dans le dressing. Je prends ensuite le sac qui m'a accompagné durant le voyage en avion et le vide à son tour. J'y enlève chaque objet et les place dans la chambre. Puis vient le tour de mon appareil photo. Il est un peu comme mon partenaire. Ma mère me l'a offert pour mes 10 ans, m'expliquant qu'il appartenait à son père et qu'il était très important pour lui. Depuis, j'y fais très attention. Je ne peux m'empêcher de le prendre partout avec moi. Et puis, même si je n'ai pas eu la chance de connaître mon grand père, je me sens proche de lui en partageant sa passion pour la photographie. Elle peut permettre de faire ressortir les choses les plus enfouies, et même d'arrêter le temps pour profiter d'un instant pour l'éternité. Comme on dit, une image vaut mille mots... Je pense que mon mur terne va bientôt retrouver de l'aplomb !