1643
Le monde donnait l'impression à XiaoYanZi de s'être brusquement arrêté de tourner. Elle ne s'attendait pas à une telle erreur, pas dans ces conditions, lorsqu'elle avait frôlé la mort de si près. De plus, sa blessure lui offrait un joli mal de tête, lui faisant ainsi perdre ses moyens. Il fallait d'abord qu'elle se remette du choc de voir le Fils du Ciel en face d'elle, autant qu'elle réalisait être dans la Cité Interdite, un lieu plus si interdit depuis qu'elle était couchée à l'intérieur. Jusqu'alors, elle ne s'était pas posée plus de questions, étant prête à tout dévoiler, mais une chose, une sensation qui lui était encore inconnue lui bloquait l'accès à la parole. Elle sentait comme un poids en moins sur les épaules, et elle en ignorait la raison, pour l'instant.
Tandis que Chongzhen remarqua le mutisme de la jeune fille, il reprit avec des sourcils levés :
— Je sais que tu m'en veux... d'avoir abandonné ta mère. Mais si j'avais su ton existence, jamais, ô grand jamais je ne t'aurais laissé grandir avec autant de souffrance.
Toujours ce silence.
— Si seulement mes responsabilités ne m'avaient pas poussé à quitter Yuhe... J'aurais dû faire au plus vite pour aller la chercher et lui donner le rang qu'elle méritait tant. J'aurais dû et j'ai failli à cette tâche. Mais sache que dès maintenant, je prendrai bien soin de toi, je te donnerai tout ce que tu voudras et je promets à ta mère de te faire vivre dans les meilleures conditions possibles.
XiaoYanZi revint enfin à elle. Il lui fallait intervenir.
— Non, vous (elle respira difficilement face à la brûlure au niveau de sa poitrine) vous...
Sa gorge l'irritait trop, si bien qu'elle ne parvenait même pas à placer une phrase complète.
— Ne parle pas, prononça l'empereur. Ne te force pas, je sais que tu ne veux pas me pardonner, mais je vais me racheter. Repose-toi, prononce juste un « père » et je serai comblé.
XiaoYanZi grimaça légèrement, alors que Sa Majesté la replaça correctement sur le lit, dos contre l'oreiller qu'il avait personnellement soulevé. Les rayons du soleil pénétrèrent dorénavant dans la pièce, reflétant l'ombre d'un Chongzhen souriant. Plusieurs émotions effectuèrent des montagnes russes à l'intérieur de la jeune rebelle qui ne savait plus où en donnait de la tête.
Et tandis qu'elle continuait à réfléchir sur comment énoncer la vérité qui risquerait de décevoir l'autocrate, un serviteur pénétra dans la pièce, à plusieurs mètres d'eux par respect, avec un plateau sur lequel était placé un petit bol en verre céramique, décoré d'un dragon de jade. Le domestique le tendit face au Fils du Ciel, se baissa et courba le dos dans une révérence habituelle.
— Votre Majesté, le médicament est prêt.
— Apportez-le-moi, ordonna le souverain d'un geste.
— Bien, Votre Majesté.
Le suivant s'approcha et plaça le plateau juste en face son maître. Yimin voulut intervenir pour servir XiaoYanZi lui-même, trouvant cette tâche bien trop sale pour l'empereur, mais ce dernier le stoppa d'une main.
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Bataillons sanguinaires
Ficción históricaSuite au décès de sa génitrice, Zǐwēi Xià, progéniture non-reconnue de l'actuel empereur de la dynastie Ming, Chóngzhēn, quitte sa province natale pour aller retrouver son père. À Pékin, elle y rencontre alors Xiǎo Yànzi, une jeune chinoise au Kung...