Vous aviez mon coeur,
Moi, j'avais le vôtre :
Un coeur pour un coeur ;
Bonheur pour bonheur !Le vôtre est rendu,
Je n'en ai plus d'autre,
Le vôtre est rendu,
Le mien est perdu !La feuille et la fleur
Et le fruit lui-même,
La feuille et la fleur,
L'encens, la couleur :Qu'en avez-vous fait,
Mon maître suprême ?
Qu'en avez-vous fait,
De ce doux bienfait ?Comme un pauvre enfant
Quitté par sa mère,
Comme un pauvre enfant
Que rien ne défend,Vous me laissez là,
Dans ma vie amère ;
Vous me laissez là,
Et Dieu voit cela !Savez-vous qu'un jour
L'homme est seul au monde ?
Savez-vous qu'un jour
Il revoit l'amour ?Vous appellerez,
Sans qu'on vous réponde ;
Vous appellerez,
Et vous songerez !...Vous viendrez rêvant
Sonner à ma porte ;
Ami comme avant,
Vous viendrez rêvant.Et l'on vous dira :
« Personne !... elle est morte. »
On vous le dira ;
Mais qui vous plaindra ?Oh mon cher Gadgeel,
Je vous aime,
D'un amour subtil ;
Mais la mort sera mon idylle.Levy McGarden. Et le dernier paragraphe de moi-même.
(Réellement c'est de Marceline Desbordes-Valmore)