D'aussi loin que je me souvienne j'ai toujours été un solitaire.
Je me redresse prestement, couvert de sueur et la respiration hachée. Mes pupilles acier balayent les environs avec peur avant de descendre à mes pieds. J'enfouis mon visage dans mes mains en soupirant. Encore ce cauchemar... Toujours. Chaque nuits. Je repousse la peau de bête qui recouvre mes jambes, en cette matinée de printemps elle ne m'est plus d'une grande utilité. J'occupe mes mains pour chasser mes démons, je roule la couverture en quelques gestes familiers et l'accroche à mon baluchon. Je me tourne ensuite vers un recoin sombre de la grotte où j'ai trouvé refuge et appelle :
"Lupo ? Tu es là ?"
Aucune réponse, aucun mouvement. Étonné, je me baisse et m'approche de la petite alcôve où mon compagnon devrait se trouver. D'un geste mal assuré, je tâtonne la pierre froide et rugueuse mais ne touche rien. Je suis seul ? Je me relève brutalement, manquant de m'assommer et appelle mon compagnon de plus en plus fort. Mon cœur bat vite, trop vite. J'ai peur de la solitude, elle devient... Comme une présence menaçante. Ironique n'est ce pas ? Je ressens la solitude comme une présence... menaçante, dangereuse... Je sors de la grotte d'un pas mal assuré, je trébuche et me relève, paniqué.
"LUPO ! LUPO !!"
La peur s'insinue en moi tel un poison. Je suis pris de tremblements violents et mes cris redoublent. Je tombe à genoux, ne contrôlant plus mon corps. Pourquoi une telle terreur ? Pourquoi je ne me contrôle pas à ce point ? La solitude est le pire des maux, voilà pourquoi. Je ferme les yeux, pour essayer d'oublier, pour essayer de ne plus voir. Mais la solitude est la, comme une brume noire qui se propage autour de moi. Je pousse un cri lorsque quelque chose de chaud touche mon épaule. Je me projette en arrière et regarde ce qui a put me frôler. En face de moi, un grand loup gris me regarde, un lapin dans la gueule.
Mes tremblements s'arrêtent, mon cœur cesse de s'emballer et je murmure :
"Lupo...."
Une larme de soulagement mêlée de tristesse coule le long de ma joue et s'écrase sur ma main. Le magnifique animal pose sa proie et vient se frotter à moi. Il se couche à mes côtés. Sa présence m'apaise, chasse le brouillard sombre, mais mes sanglots redoublent.
"Je suis fou à lier, Lupo. Complètement fou..."
Ce n'est pas la première fois que je fais une crise, et cela ne sera sûrement pas la dernière. La solitude me ronge comme une maladie, même mon loup ne parvient pas à calmer toute mes angoisses. Depuis combien de temps je parle seul ? Depuis combien d'années personne ne m'a répondu ? Il m'arrive parfois même d'oublier mon nom.
Je m'appelle Kodokuna et d'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été un solitaire.
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J'étais un solitaire
Aventura"D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été un solitaire..." C'est sur ses pensées que Kodokuna décide d'entamer le plus beau des voyages qui le mènera au confins des terres ancestrales. Aux limites du nouveau monde.