I'm not okay, but it's okay...

Four

Le lendemain matin, je dépose Autumn après lui avoir expliqué que je dois travailler. Lorsque j'arrive au lycée, tout le monde me regarde comme avant. Avec du mépris. Du dégout peut-être. Je ne sais pas, c'est bizarre. Je me dirige vers ma salle de classe et lorsque j'arrive, Britanny me montre du doigt et toute la classe rit aux éclats. Elle s'exclame :

    - Regardez ! C'est elle qui a été mise en cloque à dix-sept ans !

Tout le monde rit de plus belle. C'est un cauchemar. J'ai l'impression de revivre l'humiliation quotidienne de mon ancien établissement. Je ne peux pas le supporter, alors je prends mon sac et cours vers le couloir. Je bouscule au passage ma professeur de français, mais tant pis. Les larmes coulent à flots le long de mes joues et j'entends encore leurs rires derrière moi. Et je vois encore son regard. Celui de Scott, amusé et perdu à la fois. Plein de peine, de moquerie et de pitié aussi. Britanny m'a ridiculisée devant tout le monde. Je ne cesse de courir même si mon sac me pèse sur l'épaule. Même si mes jambes me font mal. Même si je ne sens plus mes pieds. Même si mon visage est trempé. Je veux juste retrouver Autumn. Aller la chercher. La prendre dans mes bras. Rester à jamais avec elle. Devenir serveuse pour être indépendante. Tout arrêter. Je n'en peux plus. Pourtant, une petite voix écarte soudainement cette pensée. Je ne peux pas abandonner mes parents. Ils me l'ont confiée. Ils m'en croient capable. Je leur dois cela. Alors, je ne m'arrête pas jusqu'à ce que la CPE ne m'appelle. Elle me prend dans ses bras et me calme. D'habitude je l'aurais repoussée, mais je n'en ai même pas la force. Elle me rassure, comme maman aurait pu le faire, alors, je me laisse bercer.

    - Ça va aller ma belle. Sèche tes larmes. Suis-moi. Je dois tirer cela au clair.

Sa voix est douce et compréhensive. Elle se dirige d'un pas déterminé vers la classe. Je tente temps bien que mal de me calmer, de stopper cette hémorragie de larmes qui va finir par me déshydrater. Je tente par tous les moyens de me sécher le visage et d'avoir l'air un minimum présentable surtout à côté Mlle Leill. Nous entrons dans la classe.

    - Britanny !

    - Oui madame ?

    - Trois heures de colle samedi à huit heures.

Toute la classe en est bouche-bée, plus personne ne parle. Le silence règne et l'on pourrait presque entendre les mouches voler. Mais, Britanny jure quelque chose d'inaudible dans sa barbe.

    - Ça ne te plait pas ?? Très bien, je rajoute deux jours de travaux d'intérêts généraux de l'établissement pendant les vacances.

On entend des petits gloussements et Britanny croise les bras et ferme son visage.

    - D'autres volontaires ?

Personne ne bouge. Je ne peux m'empêcher de sourire un petit peu, même si je me sens toujours honteuse face à la classe. Cette classe qui devra être la mienne jusqu'à la fin de l'année.

    - C'est ce que je me disais. Maintenant vous allez m'écouter attentivement. Le premier qui rigole, qui juge ou qui montre du doigt June aura la même sanction. Vous ne savez pas de quoi vous parlez. June n'a jamais été enceinte et même si cela avait été le cas, vous n'avez pas le droit de réagir comme ça. Vous êtes en Terminale tout de même. Elle vous racontera son histoire si elle vous fait confiance et si elle en a envie. Mais je vous assure qu'il n'y a pas de quoi rire. Pas du tout. Elle est même admirable. Aucun de vous ne lui arrive aujourd'hui à la cheville. Alors que je n'ai pas à le répéter. Je sais tout et je vois tout. Ne jouez pas avec moi car vous allez très vite perdre. Excusez-moi madame Edens. Vous pouvez continuer votre cours.

Elle se tourne vers moi, me sourit et je vais m'installer. Tout le monde me regarde mais presque de façon compatissante. Je vais dans le fond de la classe et Alex me fait signe de venir à côté de lui.
Je me dirige à sa table et le cours reprend une suite normale. Mes yeux sont toujours détrempés et j'essaie de calmer mon chagrin jusqu'à la fin du cours.