I'm not okay, but it's okay...

Six

Cela fait un mois que je suis rentrée dans ce nouveau lycée. Pour l'instant, tout va bien. Je mène presque une vie de lycéenne normale grâce à l'aide d'Addison. Avec Alex, nous nous sommes beaucoup rapprochés en peu de temps. Il est devenu mon meilleur ami et je ne pourrais le perdre pour rien au monde. Nous passons beaucoup de temps ensemble que ce soit pour les devoirs ou bien simplement lors de notre temps libre. Ce qui est vraiment bien, c'est que je peux lui parler de tout et je me sens écoutée, notamment par rapport aux vacheries de Scott. Il continue de me faire des réflexions sur mes fringues, parfois je le vois même dans son regard sans qu'il n'ait besoin d'ouvrier la bouche, et il me fait passer pour une idiote aux yeux de tout le monde. Heureusement, Ava, Bailey et Alex sont là. Pourtant, ce dernier ne sait rien de Autumn, Addison et moi. Je ne lui fais pas assez confiance peut-être par peur d'être à nouveau blessée, meme si je suis consciente que je devrais. Je sais que refuser d'aimer par peur de souffrir est similaire à refuser de vivre par peur de mourir, mais je ne peux tout simplement pas. Je n'y arrive pas. Je ne parle jamais de moi et dévie toujours le sujet sur autre chose. C'est un automatisme chez moi je pense. C'est comme si j'avais besoin d'éloigner l'attention de moi. J'essaie d'être la plus discrète possible, même si cela ne marche pas toujours.
C'est le retour des vacances aujourd'hui et j'ai pu vraiment me reposer et éviter toutes les mauvaises ondes lycéennes, mais je sens que le retour va être compliqué. Tant pour moi que pour Autumn. C'était ses "premières" vacances aussi et je ne suis pas convaincue que le retour à la crèche va l'enchanter. Ce matin, j'enfile un haut brodé qui met en valeur mes formes et me met à mon avantage. J'opte pour un jean, noue mes cheveux en un chignon bas, rajoute un peu de parfum et me voilà prête pour mon café. Comme tous les matins, Addison est déjà dans la cuisine avec ma petite soeur et je les embrasse avant de partir. Dès que son travail le lui permet, c'est elle qui emmène Autumn, ce qui me permet d'être plus détendue et moins speed. D'autant, qu'ainsi, elle reste moins longtemps à la crèche.
Lorsque j'arrive au lycée, je sens mon rythme cardiaque et mon débit respiratoire qui s'accélèrent. Alors, je me force à inspirer et expirer calmement avant de ne franchir ne serait-ce qu'un millimètre de la grille. Malheureusement ils sont tous là. Britanny. Toute sa bande. Tous les hypocrites de ma classe. Et Scott. Depuis le début, il n'a fait preuve d'aucune sympathie envers moi. Réflexion faite, je préfère l'ignorance des gens à leur pitié. Lorsque je passe devant lui, je ne peux ignorer ce rire moqueur qu'il lance à l'un de ses acolytes. On dirait qu'il est chef de bande et qu'aucune fille ne pourra jamais l'atteindre car aucune n'est à son goût. Son comportement ressemble étrangement à celui de Dany dans Grease. Mais, je ne suis pas Sandy. Et il n'est pas fou amoureux de moi. Et je n'ai pas du tout la même histoire toute rose qu'elle. Cette fois-ci je craque. Je me permets de lui dire ce que je pense.

- Tu n'en as pas marre Scott ? Parce que moi si et franchement je te trouve fatiguant à la fin. Vas-y rigole une bonne fois pour toute et ensuite abstiens-toi de le faire sous mon nez, ce serait préférable. Je ne te demande pas de m'apprécier, de me parler, de m'aider ou quoi que ce soit. Je te demande simplement de me respecter. En tant que camarade de classe. En tant que nouvelle. En tant que femme. Simplement du respect. Alors tu es gentil mais tu vas ravaler tes moqueries et dire à tes petits larbins de le faire également. Et rapidement si possible. Mes plus sincères salutations Monsieur Greyse.

Je lève les yeux au ciel avant de me retourner et de continuer ma route. Il n'ajoute rien, ne dit rien. Rien ne sort de sa bouche, comme s'il était bloqué. Rien. Un sourire en coin se dessine sur mon visage et je continue ma route. Lorsque je suis assez loin pour eux, j'entends les moqueries exagérées de ses "potes" à son sujet. Il se défend plutôt violemment puis le professeur arrive et nous sommes repartis pour six semaines de cours.

À la fin de notre dernier cours de la journée, Scott me regarde. Il me fixe plus exactement. Je ne sais pas quoi en penser : est-ce mauvais ? Malsain ? Intéressé ? Désintéressé au contraire ? Je ne sais pas. Je préfère l'ignorer et sors de la classe avec Alex. Nous sommes très proches c'est vrai, mais je ne veux aucune ambiguïté. Je ne pourrai jamais sortir avec lui. Ce serait malsain je pense.
Alors qu'avec Alex nous franchissons la grille de sortie de l'établissement, nous discutons de tout et de rien et c'est après l'angle d'une petite rue, qu'il me prend la main. Alex. Je ne peux pas. J'enlève ma main et me mets face à lui.

- Mais, qu'est-ce qu'il te prend Alex ?

- Je n'ai jamais osé te le dire mais tu me plais énormément June. Quand je ne te vois pas, je ne suis pas bien et quand tu es près de moi je suis aux anges. C'est vrai. Tu me fais du bien et chaque minute passée avec toi est une chance pour un mec comme moi.

Je ne sais pas quoi lui dire. Je suis choquée je crois. Je ne m'attendais pas à ça de sa part. C'est fou. Et impossible. Je ne l'aime pas. Enfin. Son amitié m'est précieuse mais cela s'arrête là. Il faut que je trouve comment lui faire comprendre gentiment qu'il n'est qu'un ami, et la tâche s'annonce périlleuse.

- Ecoute Alex... je t'apprécie énormément mais je ne peux pas. Je n'ai pas la tête au couple ou aux garçons en général. Tu es mon meilleur ami et en plus, je ne veux pas te perdre. Je pense que ce serait stupide... je suis désolée... Essaie de comprendre et de ne pas m'en vouloir...

Je le sens déçu et cela me gêne. Pour autant, sa réaction reste noble, celle d'un gentleman. Il sourit a nouveau et ne laisse rien paraître.

- Ne t'inquiète pas. Je peux comprendre. Restons amis. Cela vaut mieux. Bonne soirée June.

Il m'embrasse alors sur la joue et je le salue à mon tour avant de prendre le chemin du retour. Il est parti si facilement, il n'a même pas essayé de discuter. C'est étrange.