CHAPITRE 15

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ELLIE

Depuis la veille, depuis que j'ai ouvert mon cœur à Lowell je n'arrive plus à me le sortir de la tête.

Après l'avoir quitté, je n'ai pas eu la force d'aller voir Ruth, je ne voulais pas plaquer un faux sourire sur mes lèvres et prétendre que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Je ne franchirais pas le cap de l'hypocrisie.

Gaspard me jette quelques regards en coin alors que j'écris les mots du professeur.

Je n'arrive pas à me détendre, c'est comme si j'avais laissé une partie de moi à Lowell et que je n'avais aucune idée de ce qu'il comptait en faire.

C'est effrayant, et pour être honnête je ne sais pas si mon discours l'a touché.

Il m'a peut-être semblé plus sincère, plus ouvert mais cela n'assure en rien que ce soir il m'accueillera à bras ouvert.

Il y a aussi un second détail qui me tracasse.

Cette chambre vide, j'étais peut-être obnubilée par ma discussion avec Lowell mais je n'ai pas oublié ce détail. Il avait l'air si déterminé à m'empêcher d'entrer dans cette chambre, cette chambre vide.

Mais pourquoi se donner tout ce mal pour une pièce vide ?

Soudain, une pensée me traverse l'esprit.

Une pensée qui pourrait avoir un impact déterminant sur la suite des évènements.

Et si c'était sa chambre ?

Ma gorge se serre à cette pensée, ce n'est pas possible, il m'a dit qu'il venait pour de la famille.

Je réalise alors qu'il ne m'a jamais affirmé qu'il venait rendre visite à de la famille, il m'a simplement dit qu'il venait pour de la famille.

Il y a forcément une explication.

Des sueurs froides glissent le long de mon corps, me faisant trembler d'appréhension.

Une main se pose sur mon épaule, me reconnectant à la réalité.

Je me tourne pour faire face à un Gaspard inquiet qui me dévisage.

« —Ca va ? tu es toute blanche. » Me demande-t-il.

Je déglutis tout en hochant la tête.

Je m'apprête à prétendre que tout va bien mais je n'y arrive pas, j'ai soudainement envie de pleurer, une boule se forme dans ma gorge et une certaine panique s'empare de moi.

Je sers mes poings posés sur mes genoux puis tourne à nouveau ma tête vers Gaspard.

« —Est-ce que tu peux prendre le cours pour moi ? » Lui demandé-je d'une voix hésitante.

Il acquiesce, l'air inquiet mais je ne lui laisse pas le temps de réagir, j'attrape mon sac, fourre mon cahier à l'intérieur et demande aux quelques personnes assises à ma droite de se relever pour me laisser passer.

Ma respiration s'accélère, j'ai l'impression que je suis capable de m'évanouir à tout moment. Je suis si concentrée sur cette panique qui grandit en moi que je ne fais pas attention aux quelques élèves qui grognent ou se plaint pour me laisser passer.

J'essaye de ne pas attirer l'attention du professeur mais celui se stoppe dans son discours et je devine immédiatement qu'il me regarde.

J'arrive enfin sur l'escalier qui longe l'estrade rempli de siège puis me tourne vers lui.

« —Tout va bien ? » Demande-t-il d'une voix forte.

« —Je... J'ai besoin de prendre l'air. » Lâché-je d'une voix faible et beaucoup moins imposante.

Maladivement SéduisantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant