Chapitre 19

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Je n'en crois pas mes oreilles.
Juste avant mon diagnostic, j'avais un copain. Il s'appelait Max. Quand je l'ai dit à ma mère, elle était devenue rouge de colère. J'étais dans l'incompréhension complète. Il avait mon âge, de bons résultats, il était bien élevé et, surtout, il m'aimait. Nous sommes restés trois mois ensemble et il n'a jamais pu venir chez moi. Nous étions obligés de nous voir seulement en cours et chez lui quand nous terminions plus tôt. Bien sûr, il m'a quittée quand il a su que j'étais malade, tout comme mes amis. Le fait que ma mère puisse accepter Eden alors qu'il est beaucoup plus vieux que moi, qu'il est un peu bad boy et qu'il soit mon oncologue me laisse perplexe. Elle doit vraiment s'inquiéter pour moi pour me laisser aller vivre chez un garçon que plus vieux que moi et qui se révèle être mon petit ami.
Personne n'a encore parlé mais nous nous fixons en silence. Ma mère doit avoir remarqué notre incompréhension car elle s'explique.

- Ne pensez pas que ça me fait plaisir de vous laisser vivre tous les deux mais je sais que c'est ce que tu veux, Rose. Je sais ce que c'est de perdre la personne qu'on aime Eden et de vouloir passer le maximum de temps avec.  Je n'ai pas pu avoir cette chance avec son père et je le regrette. Si j'avais su ce qui allait lui arriver, j'aurais vécu notre couple jusqu'au dernier instant. Alors je ne veux pas que tu vives dans le regret mais si tu fais du mal à ma fille tu n'auras pas le temps de regretter!

Son récit m'a bouleversée. Je ne pensais pas qu'elle se sentait aussi mal depuis la mort de mon père. Elle a toujours été forte pour moi et n'a montré que rarement ses sentiments.
Le fait que je n'ai pas remarqué qu'elle souffrait me rend mal et je baisse mon regard.
Eden regarde toujours ma mère, surpris. Je me demande ce qui lui passe par la tête.
Le silence pèse et ça me rend mal à l'aise. Je décide alors de le briser.

- Je peux rentrer quand?

Eden se redresse sur sa chaise et se racle la gorge avant de répondre:

- Et bien tu dois d'abord te reposer et passer d'autres tests. Je dirais quand tu pourras sortir dans une semaine pas plus.

Ca va être la semaine la plus longue de ma vie mais j'attendrai le temps qu'il faut pour pouvoir vivre avec lui.
Je me tourne vers ma mère et lui demande:

- Tu es sûre de ta décision? 

Elle me prit la main, un léger sourire sur ses lèvres.

- Tout ce que je veux, ma chérie, c'est ton bonheur et je sais que tu ne seras pas complètement heureuse à la maison. Tu ne pourras pas le voir autant que tu veux et tu ne pourras pas profiter énormément de lui. Bien sûr, si tu veux venir un jour de la semaine à la maison ou seulement me voir une heure ou deux, tu n'as qu'à demander. J'espère que tu veux aussi profiter de ta vieille mère?

Je rigolai au mot "vieille". Je la serrai dans mes bras, les larmes aux yeux.

- Je t'aime énormément maman...

Elle resserra sa prise et je sentis des larmes tomber sur mon épaule. 
J'entendis la porte se fermer signe qu'Eden était sorti pour nous laisser seules toutes les deux.

- Maman? 

- Oui ma puce?

- Tu veux bien me promettre quelque chose?

- Tout ce que tu veux.

Je me décolle un peu d'elle pour la regarder dans les yeux. J'avais dit ce que je veux quand je serai morte à Eden. C'est le tour de ma mère.

- Promets-moi de ne pas te laisser morfondre. Continue à travailler et sois forte comme tu l'as toujours été. J'aimerais vraiment que tu retrouves quelqu'un de bein. Pas quelqu'un de meilleur que papa car c'est impossible mais une personne qui t'aidera à oublier la douleur. Je veux que tu te sentes bien, que tu sois heureuse un minimum. D'accord?

- D'accord...

Elle s'est alors installée à côté de moi et nous avons dormi ensemble comme chaque nuit avant que je ne puisse partir.
C'est le jour J et je suis encore faible. Hier, Zoé est venue me rendre visite pour m'annoncer qu'elle reprenait les cours. Elle a toujours été très intelligente et son rêve est de devenir infirmière. Elle veut aider les gens à se sentir mieux, à sentir moins seuls. 
Quand nous étions toutes les deux dans le même hôpital et avant que sa maladie ne prenne le dessus, nous allions tous les jours aux cours donnés pour les enfants malades. Nous étions les meilleures et les plus intéressées. Les autres venaient surtout pour dire de faire quelque chose et pour faire plaisir à leurs parents. Nous, nous étions là parce qu'on voulait apprendre. 
Elle a passé toute la journée avec moi et ma mère et nous sommes allées dans le parc en face de l'hôpital. Ca me détend. 
Elle doit encore venir aujourd'hui pour m'aider à clôturer mes valises. Nous sommes inséparables et je pense que la frayeur que je lui ai faite il y a un mois y est un peu pour quelque chose. Elle peut vraiment s'inquiéter pour un rien, c'est fou. Quand nous étions dans le parc, des enfants qui jouaient au foot à quelques mètres de nous m'ont malencontreusement envoyé la balle dans mon ventre. Ce n'était pas un choc très violent mais assez pour me faire tomber. Celui qui était coupable de ma situation à directement accouru vers moi et c'est excusé une centaine de fois. Zoé l'a engueulé tellement fort qu'il s'est mis à pleurer. Une vraie tarée.
Alors que je suis en train de me remémorer cet instant avec un léger sourire aux lèvres, on entre dans ma chambre. C'est ma folle de meilleure amie. Elle est encore plus joyeuse que moi à l'idée que je vais quitter enfin cet endroit.
Nous parlons de tout et de rien quand on termine de préparer ma valise et on se couche ensuite dans mon lit pour attendre Eden. Je suis un peu nerveuse à l'idée de vivre avec lui mais je suis aussi très heureuse. Zoé n'arrête pas de me taquiner et c'est quand je commence à la chatouiller que la porte s'ouvre encore. Eden nous regarde d'un air amusé et s'approche de nous.

- J'espère que les valises sont prêtes. nous dit-il.

- Bien sûr qu'elles le sont! Elle était bien trop pressée de venir vivre avec toi pour qu'elles ne le soient pas! s'écrie mon amie.

Je lui donne un léger coup sur l'épaule, provoquant le rire de mon petit ami. Il se tourne vers moi et me demande de sa voix tellement sexy:

- Prête princesse?

Je souris de toutes mes dents et m'exclame:

- Toujours! 

Encore un moment avec toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant