Chapitre 1 - Premier et dernier jour

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Je marchais. Cette promenade était mon temps d'évasion. Ce moment pour moi où il fallait rejoindre le collège... Retrouver mes amis, retrouver certains de mes cours me motivaient. Mais pour retrouver mes professeurs... C'était une autre histoire.

Je ne les aimais guère. Et c'était réciproque. Tant mieux. Il n'y qu'avec les surveillants que je m'entendais plutôt bien. Nous nous charrions mutuellement dès que nous nous croisions dans un couloir, rions dans les salles de permanence... Un moment de détente pour moi et mes amis.

Le soleil commençait à grimper dans le ciel azur, à travers les divers nuages perles. Les rayons me chatouillaient chaleureusement mes joues aux multiples tâches de rousseurs.

J'avançais. En tenant mon sac à dos de mes deux mains, je levais la tête vers le ciel rosé du matin. Une petite bise fit alors voler mes cheveux roux sombre. Je grognai : ils me voilaient la vue du ciel d'aurore. Je les repoussai d'un geste de tête, et continuai mon chemin.

Le trottoir était fraîchement goudronné. Dans cette Avenue Mozart, ils venaient de faire de récents travaux de rénovation. J'avais rouspété : je devais faire un détour de chez moi au collège et devait me lever plus tôt. Mais maintenant, c'était terminé : je pouvais faire mon trajet à ma guise.

J'habitais une petit maison. En bois, pour la devanture. Trois poutre : deux soutenant la dernière. Il semblait y avoir eu des inscriptions de gravées. Mais effacées avec le temps. Nous n'avions pas besoin d'une immense maison ; nous n'étions que trois à y vivre : ma mère, mon père et moi-même, Fanny. Eh oui : Fanny... Pas très original, n'est ce pas ?

Mes parents travaillaient à Paris même. Mais parfois, ils partaient à leur lieu de travail pour plusieurs jours. Cela arrivait que rarement, mais cela m'importait peu : je savais me débrouiller seule.

Mon premier jour en tant que troisième : qu'est ce que je l'avais repoussé et maintenant le voilà, ce jour. Ce jour tant attendu - notez l'ironie... - que je n'avais jamais voulu, et ce depuis toujours : quitter mes amis pour les études. Génial...

J'étudiais comme tous mes amis que j'ai connu là bas, au Lycée - Collège Jean de la Fontaine, non loin de ma demeure. C'était pratique pour y aller à pied, il y avait environ un quart d'heure pour s'y rendre sans encombre.

Mes yeux verts émeraudes parcouraient les différents platanes de l'avenue. Les feuilles dégringolaient une à une comme une pluie. Il y en avait de toutes les couleurs : jaune colza, marron bois, rougeoyant foncé... Parfois même les vertes tombaient. Je les comparai alors aux "bons" de ce pays, aux meilleurs... Si les bons tombaient, que deviendrait le monde ?

Enfin, j'aperçus mon école au coin de la rue. Recouvert lui aussi par les nombreuses branches de platanes, qui semblaient enlacer le bâtiment de leurs multiples mains vertes. La porte centrale étant ouverte, je m'y engouffrai pour rejoindre la cour. Une fois de retour à l'extérieur, à peine mis-je un pied sur le bitume que j'entendis mon nom, d'une voix que je reconnus de suite. Elle me fit sourire dans la seconde.

- Fanny ! Enfin !

Je me retournai d'un geste brusque et la personne me serra fort dans ses minces bras. Je lui rendis son étreinte avec un sourire satisfait. Je reconnus de suite ses cheveux blond platine, très fins, ne volant qu'avec un simple souffle de respiration ; comparés aux miens, légèrement plus épais.

Domini temporis [ sous contrat d'édition ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant