Thirteen

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Je me réveille en sursaut. Il est à peine cinq heures. J'ai des examens blancs au lycée aujourd'hui. Alex ne me parle plus. Scott, c'est Scott. Je n'ai toujours pas de nouvelles et je commence à vraiment m'inquiéter . M'aurait il éjectée comme il l'a fait avec toutes les autres ? Après ce qu'il m'a dit, cela n'aurait pas de sens, mais qui sait. En plus, Autumn a douze mois aujourd'hui, un an. C'est un grand jour. Alors, je me lève plutôt de bonne humeur en essayant de faire abstraction du reste. La température extérieure a augmenté, je sors donc dans la clairière.
Je n'ai pas vu Scott depuis plusieurs jours et je ne peux m'empêcher de psychoter. J'ai hâte de le revoir cet après-midi après nos contrôles, s'il vient. J'arrive dans la clairière. À l'instant où je m'assois sur mon rocher, je fonds en larmes. J'ai tout accumulé ces derniers temps et le fait de ne pas avoir celui que j'aime à mes côtés n'arrange rien, alors je pleure. Mes parents sont morts il y a dix mois aujourd'hui. Mes parents me manquent. J'aimerais tellement pouvoir bénéficier de leurs conseils et les prendre dans mes bras, au moins une dernière fois. J'ai mal et je ne peux rien dire. J'ai mal et je dois souffrir. Je dois supporter cette douleur atroce qui ne fait que s'accroître au sein de ma poitrine. Cette douleur qui m'oblige à sourire alors que je devrais crier. Qui m'oblige à rire alors que je devrais pleurer. Cette douleur qui, devenue habituelle, me permet de me rappeler qu'elle est mortelle. Cette douleur qui m'enfonce jour après jour un peu plus. Cette douleur si intense qu'elle m'empêche de dormir. De pleurer. De respirer. De vivre. Cette douleur qui résulte de la mort, qui résulte de la perte. Cette douleur-là que l'on ne soupçonne pas. Cette douleur qui nous montre que notre être est vivant. Même si tout en nous est mort, il est vivant. Il vit alors que nous sommes éteints. Que nous sommes vidés. Que nous ne sommes plus rien. Rien excepté un corps, une masse, un être, un rien comparé à tout.

J'entends des pas. La joue maculée de larmes, je me retourne. Il est là, en face de moi. Scott. Avec son tee-shirt noir et son tatouage. Ses cheveux bouclés humides par la douche qu'il a dû prendre. Il est là et me regarde. Il se précipite dans mes bras et m'embrasse dans le cou, sur la joue, sur le front, sur la bouche. Il prend mon visage entier et me serre contre lui. Mes larmes disparaissent tant je suis heureuse de le revoir. Je l'embrasse à mon tour. Je le serre contre moi. Il est beau.

    - J'ai eu tellement peur. J'ai cru que tu étais parti, que tu avais rencontré quelqu'un, que je ne valais plus rien à tes yeux et que tu me jetais comme tu l'as fait avec d'autres. La prochaine fois, essaie de me donner quelques nouvelles. J'étais complètement détruite. Je ne sais même pas ce qu'il m'a pris de penser que...

    - Chut... Je suis à toi. Mon coeur, mon être, mon âme, tout t'appartient désormais. Tu es inscrite en moi maintenant. Je crois que je ne pourrais pas vivre sans toi June. Tu es mon unique raison de rester ici. Tu es une raison de vivre, de respirer. Je t'aime June. Et je crois que je t'aimerai toujours.

Je l'embrasse. Passionnément puis tendrement. Un baiser qui résume tout, qui veut tout dire. Un baiser d'amour, d'amour sincère. Je l'aime. Il n'est même pas six heures du matin et j'ai une immense révélation. J'aime Scott. Et d'un seul coup, tous mes problèmes disparaissent : Alex, Ava et Bailey ; les examens d'aujourd'hui ; mes parents ; tout. Je ne pense plus qu'à lui et aux sentiments que j'éprouve pour lui. Il est ma moitié. Il fait partie de moi désormais. Il est mon sauveur, mon protecteur.
Je suis dans ses bras. Je me suis perdue dans son odeur. Son odeur de parfum masculin, son odeur de garçon. Ses bras m'enlacent et je voudrais que le temps s'arrête. Je ne veux plus bouger. Rester à jamais comme ça. Avec lui. Nous deux. À l'écart du monde, de la société. Je sens la chaleur de son corps contre le mien et je sens notre amour. Un amour qui semble avoir traversé les années. Je ne suis plus consciente. Je suis ailleurs. Je suis dans ses bras.

Il est finalement l'heure de rentrer. Nous sommes tout deux main dans la main et je me prépare psychologiquement pour la dure journée qui m'attend. Sa paume est douce et ses doigts se mêlent parfaitement aux miens. Il est beau. Il est beau et nous sommes ensemble. Sa nuque laisse apparaître son tatouage et il me regarde. Il me regarde avec le regard que nous aimerions toutes voir sur le visage de celui que l'on aime. Un regard tendre, amoureux, sincère. Un regard que l'on n'oubliera pas. Un regard qui nous procure des centaines de papillons dans le ventre juste de par son intensité. Un regard qui nous retourne complètement. Un regard rare. Un regard unique.
Alors que nous marchons tranquillement afin d'aller chercher mes affaires, Scott me fait une proposition qui va toute me retourner.

    - Est-ce que tu voudrais venir chez moi ce soir ? Je voudrais t'inviter au restaurant ou même cuisiner un petit quelque chose et après tu pourrais rester dormir ? Mes parents ne sont pas là.

Il est tout gêné et c'est adorable. Je me retourne pour me retrouver face à lui. Pour chasser ce manque de confiance en lui, je l'embrasse tendrement. Je ne veux pas le laisser douter de mes sentiments.

    - Il n'y a rien qui ne me ferait plus plaisir Scott. Je serai réellement enchantée de pouvoir goûter à tes talents culinaires.

Je lui fait un clin d'œil et il sourit. On peut lire une forme de soulagement sur son visage. Il m'embrasse à son tour fougueusement.

    - Merci, merci. Tu ne le regretteras pas, ajoute-t-il en riant.

Je l'embrasse à mon tour, et après avoir vérifié que je sois bien rentrée chez moi, il passe chez lui récupérer son sac de cours avant de revenir me chercher. Nous allons ainsi au lycée ensemble. Aujourd'hui, ils nous entraînent à notre examen final. Nous avons deux possibilités. Soit nous obtenons un nombre conséquent de points et l'examen est validé, mais il s'agit là d'un cercle d'élèves ayant beaucoup de facilités, soit nous manquons de points et notre année reprend son cours normal. Je ne suis pas trop inquiète mais plutôt anxieuse. Anxieuse de décevoir. Même si je sais qu'Addison ne se mêle pas de mes notes, j'ai besoin qu'elle s'y intéresse. J'ai besoin de me sentir rassurer par une sorte de présence maternelle derrière moi pour me féliciter. C'est devenu une nécessité alors qu'il y a encore un mois, je rejetais toute forme de maternité. Toute forme d'amour en quelque sorte. Je suis maintenant entourée et j'ai, enfin j'avais, de superbes personnes pour ami. J'ai un copain auquel je tiens énormément et une petite soeur qui compte plus que ma propre vie. Tout à changer. Et je suis maintenant capable d'aimer, de chérir, de désirer. Je désire Scott. Cette sensation est réellement nouvelle pour moi et je ne sais pas quoi en penser.

I'm not okay, but it's okay...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant