Twenty four

10 1 0
                                    

Ce matin là, je me réveille plutôt anxieuse. C'est le jour de ma première échographie et Scott vient avec moi. J'espère simplement que la gynécologue ne parlera pas de ma tumeur. Nous partons en voiture et nous arrivons à l'heure ; nous n'avons même pas à attendre. Lorsque nous entrons je sens que mon rythme cardiaque est très soutenu et j'ai peur. Elle nous laisse nous installer puis verse le gel sur mon ventre. Elle place ensuite l'appareil pour l'étaler. C'est gelé et plutôt désagréable. Scott prend alors ma main. Il l'embrasse tendrement et se tourne vers l'écran. Une image apparaît. Notre bébé. Notre bébé à nous. L'émotion dépasse tout ce que l'on peut imaginer. Nous sommes silencieux, admiratifs je crois. Après avoir tout vérifié, la gynécologue imprime des clichés de l'échographie et s'adresse à Scott.

    - Tout va bien monsieur Greys. Voici les clichés de la grossesse de votre femme. Maintenant si vous vouliez bien attendre dehors, je dois faire quelques examens complémentaires, mais ne vous inquiétez pas, rien de préoccupant pour l'instant.

Il acquiesce et sors calmement du cabinet.

    - Bon, à nous deux June.

Je lui souris et elle commence à approfondir ses recherches.

    - Très bien mademoiselle Willow. Je pense que tout va bien. La date optimale de l'accouchement devrait être fixée pour dans cinq mois et six jours. Comme il était convenu, vous serez ensuite transférée en chirurgie générale.

    - Parfait docteur. Au revoir.

Je commence à me diriger vers la porte mais elle m'interpelle.

    - Au fait, il semblerait que ce soit un petit garçon. Félicitations !

Je souris.

    - Merci pour tout. A bientôt.

Je sors ensuite du cabinet et lorsqu'il me voit, Scott me saute dans les bras. Il est tellement heureux. Pourtant, je vois que quelque chose ne va pas vraiment, mais je décide d'attendre le soir pour en parler avec lui afin de ne pas altérer ce moment magique.

Lorsqu'il vient se coucher, je m'empresse de me mettre sous la couette pour être à ses côtés. J'ai peur d'engager la discussion et je ne veux pas le brusquer, je ne veux pas qu'il soit mal à l'aise. En réalité, je veux qu'il aille bien.

    - Scott, parle moi, s'il-te-plaît.

Il tourne la tête comme pour fuir mon regard. Addison rentre dans la nuit et nous partons demain et j'ai besoin de savoir ce qui le tourmente avant de partir.

    - Scott, je suis ta femme, enfin pas encore, mais tu dois me parler. Tu dois me parler.

Il lève la tête. Son regard change, comme s'il était traumatisé.

    - Tu te souviens de ce que je t'ai dit à propos de mes parents ?

    - Oui, tu m'as dit qu'ils étaient très riches et n'avaient pas de temps pour toi, alors que tu a été élevé par une dame.

     - C'est cela. Mais tu ne sais pas tout.

Je ne dis rien et veux le laisser parler. Il baisse la tête et respire profondément, comme pour se calmer. Puis, il prend une grande inspiration avant de commencer à m'expliquer sa vraie histoire.

    - Mon père n'était pas un tendre. En réalité, même s'il avait de l'argent, il était violent. Certaines personnes sont violentes car elles boivent ou fument, mon père ne prenait rien. Il était violent pour le plaisir de l'être. À chaque fois qu'il ouvrait la bouche, il était agressif dans ses propos. Lorsqu'il était de mauvaise humeur, et crois-moi ça arrivait souvent, il n'hésitait pas à sortir les poings sur ma mère. J'essayais de la protéger et je prenais sa place. J'ai fini plusieurs fois en soins intensifs pour cela. Je m'en suis toujours remis mais c'était dur. Maman refusait de l'admettre. Elle l'aimait à ce qu'elle disait. Pourtant, je ne comprends toujours pas que l'on puisse aimer quelqu'un qui vous fait du mal. Qui vous violente. Qui vous détruit. En réalité, il se faisait souvent arrêter pour agressivité, pourtant il s'en est toujours sorti. Comme quoi avoir des actions un peu partout peut servir...

Je peux sentir le dégoût dans sa voix, presque la colère, mais, elle se brise soudain et me met face à un Scott que je n'avais encore jamais vu. Un Scott vulnérable et dans le doute.

    - Je ne veux pas que notre bébé ait la même enfance que moi. Je ne veux pas être violent ou agressif.

Il prend sa tête dans ses mains. Pour le rassurer, je pose une main sur son dos en faisant des mouvements circulaires.

    - Tu ne seras jamais comme ton père Scott. Tu n'as jamais été violent ou agressif. Je ne t'ai même jamais entendu hausser le ton, même avec Autumn lorsqu'elle fait sa princesse. Tu seras un mari et un papa formidable et tu le sais. Je t'aime et je t'aimerai toujours. En acceptant de t'épouser, j'ai aussi accepté ton passé et tes problèmes. Fais moi confiance. Tout ira bien.

Il ne parle pas, il se contente de relever la tête et de me regarder profondément. Ses lèvres se joignent aux miennes et nous nous enfermons dans notre monde à nous. Notre monde sans problème, sans embûche, sans personne. Nous avons besoin de ce jardin secret commun pour pouvoir nous retrouver et être simplement tous les deux. En profiter et tout oublier.

I'm not okay, but it's okay...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant