Chapitre 10

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Bokuto me sourit gentiment, pendant que mes parents ramenaient nos tasses de thé, me signalant que nous partirons bientôt. Il semblait impatient, et cela ne me rassurait pas. Ce départ, tant attendu par ce dernier, me donnait encore des frissons. Mon père m'accompagna en haut pour prendre mes bagages, laissant ma mère parler d'affaires avec Bokuto encore quelques minutes.
- Ne t'inquiètes pas Ayame, tu t'habitueras à ta soumission petit à petit.
- Je sais papa..., soufflais-je. Maman m'a expliqué.
- Tu as tellement grandi ma princesse, murmura-t-il.
Je souris timidement à mon père, plongeant finalement dans ses bras.
- Tu resteras ma fille pour toujours, dit-il en se séparant de moi.
- Promis, souriais-je.
- Dépêchez-vous ! s'exclama ma mère.
Je descendis avec ma valise, ne prenant seulement quelques habits. Je voulais en garder ici, on ne sait jamais, peut-être pourrais-je revenir ? Bokuto m'aida à prendre d'autre sacs comme celui de mes chaussures ou de la robe qu'il m'avait offerte deux semaines plus tôt.
Mes parents m'embrassèrent une dernière fois, et Bokuto m'installa dans sa voiture. Ma mère me regardait fièrement, tandis que mon père restait caché derrière elle, pinçant ses lèvres en un sourire timide. Bokuto les salua poliment de la main, me rejoignant dans le véhicule, puis démarra pendant que mes parents agitaient leurs mains dans notre direction.
Je ne pouvais me retourner pour regarder mes parents, même pour savoir si une valise avait été laissé sur le bord de la route. Je ne pouvais plus faire marche arrière, comme paralysée par une peur soudaine, me prenant à la gorge. Bokuto glissa sa main devenue froide sur ma cuisse, voulant sûrement me réconforter, sans grande réussite. Je retenue mes larmes jusqu'à la fin du trajet, grimaçant en sentant ma gorge se nouer.

Nous arrivons quelques minutes plus tard dans son quartier si bien fréquenté, arrêtant son véhicule devant son portail électrique, orné d'un beau rapace. Je sortis du véhicule lorsqu'il se gara devant le perron de sa villa, en même temps que lui. Je marchais dans le gravier, compacté par le gel de ce mois de Décembre. Je levais la tête vers les majestueux hiboux de bronze qui trônaient à présent sur chacune des rambardes de l'escalier de marbre blanc, donnant accès à la porte d'entrée de sa demeure.
- Ce sont des grands-ducs, dit fièrement Bokuto.
- Ton emblème..., soufflais-je.
- Prends les clés, m'ordonna-t-il avant d'ouvrir son coffre.
Je lui obéis, prenant les clés entre mes mains rosies par le froid. Je montais le perron, passant devant les nouveaux hiboux, puis ouvris la porte d'entrée à l'aide des clés de Bokuto.
- Je les ai fait installer la semaine dernière, précise-t-il.
- Oui, je me disais bien qu'ils n'étaient pas ici quand je suis venue la première fois, souriais-je timidement.
- Exact.
Bokuto prit la dernière boîte, la posant sur la petite pile de bagages qui étaient disposés dans le vestibule, et il ferma la porte d'entrée après avoir verrouillé son véhicule à distance.
- Ils ont une signification ? demandais-je en posant mon manteau dans le dressing de l'entrée après en avoir eu l'ordre.
- Oui, le hibou est le symbole de Fukurodani et le grand-duc est la plus grande espèce de rapaces nocturnes.
- D'accord.
- Tu peux te poser sur le canapé du salon, pendant que je m'occupe de tes bagages.
- Je peux aider, fis-je remarquer en sautillant sur mes pieds, mal à l'aise.
- Non, m'arrêta-t-il dans mon élan. Tu vas regarder la télévision.
- Je t'attends, dans ce cas.
Bokuto me sourit en prenant ma valise, puis me fit signe d'entrer dans la pièce d'à côté. Je passais dans le salon, qui comprenait la salle à manger, dont la table où nous avions discuté la dernière fois. Je m'assise sur un des canapés du salon, puis pris la télécommande en main en appuyant sur une chaîne sans y réfléchir. Je choisis un programme d'étude sur les animaux marins de l'océan Pacifique.

- Akaashi va arriver d'une minute à l'autre, pour m'aider à préparer le repas de ce soir, me prévint Bokuto en entrant dans le salon.
- Un dîner spécial ? demandais-je.
- Oui, sourit-il. Tu seras présenté à quelques personnes de notre clan, pas beaucoup.
- Tu prends en compte les fiches que j'ai remplie ? demandais-je en souriant.
- Je sais que tu n'es pas à l'aise avec les personnes, donc j'y ai fait attention.
Mon cœur ne pouvait pas s'empêcher de bondir contre ma cage thoracique en entendant ces mots.
- Bokuto ? l'interpellais-je. Je peux te poser une question ?
- Bien-sûr.
- Tu te rappelles le jeune soumis qui m'avait regardé au café ? La fois où nous nous sommes rencontrés, précisais-je pour capter son attention.
- Oui ? supposa-t-il. Tu l'as revu ? Il te suit ?
- Non, non, enfin... réfléchissais-je. J'ai découvert son identité et il y a eu un malentendu.
- Comment ça ?
- Ma mère me faisait surveiller... soufflais-je honteusement. C'est un ami appartenant à mon clan.
- Tant mieux, sourit-il. Comment s'appelle-t-il ?
- Kenma Kozume, répondis-je en tenant mon regard dans le sien. C'est un soumis de Nekoma, un ami proche.
- Je connais Kenma, dit-il en abordant un air pensif.
- Ah oui ? m'exclamais-je.
- C'est un gentil garçon, un peu dans la lune... réfléchit-il. Mais je pense qu'il cache son jeu.
- Je vois ce que tu veux dire, mais ne t'inquiètes pas, riais-je timidement. Kenma ne cache rien, il a un bon fond.
- Oui.

- Tu aimes les animaux marins en particulier ? demanda-t-il en changeant de sujet rapidement.
Je posais mon regard sur le programme qui mettait à l'honneur les baleines, haussant les épaules à sa question. Les animaux marins sont impressionnants, mais je n'avais jamais pensé à aimer ou non ces spécimens. Bokuto se leva du canapé puis s'agenouilla devant la cheminée, située sous la grande télévision du salon, pour y mettre quelques buches et allumer un feu. Il souffla un peu trop bruyamment par le nez pour ne pas l'entendre, sûrement par ennuis, puis ferma la grille de sécurité.
- Je vais attendre Akaashi dans la cuisine, je dois sortir les courses du frigo.
- Bokuto ? l'interpellais-je encore.
- Oui ?
- Tu pourrais m'expliquer ce que ton ami avait sous-entendu pendant la fête ? demandais-je d'une voix douce, ne voulant pas le fâcher.
- Nous le ferons, répondit-il en étirant ses lèvres en un trait. Promis.
Je lui souris en le laissant partir vers la cuisine, la pièce voisine. Bokuto passa la porte en la poussant d'un geste ennuyé. Je fis la moue en comprenant que mon dominant était sûrement gêné par la situation ; nous n'avions rien à nous dire. Je décidais de monter pour visiter l'étage, essayant de trouver la pièce où Bokuto avait posé mes affaires. Je me trouvais sur le palier en moquette puis entrais dans la première pièce à gauche. C'était une simple chambre, avec un lit double aux draps rouges, éclairée par le seul fil de lumière qui passait entre les deux rideaux blancs épais.
- Ayame ? m'appela Bokuto d'en bas.
- Oui ! me dépêchais-je de répondre en me penchant sur le garde-fou de l'étage, donnant sur le hall d'entrée où Bokuto me regardait d'un air inquiet.
- Tu visites l'étage ? demanda-t-il malgré l'évidence.
- Oui, désolé Bokuto... souriais-je gênée. Je voulais m'occuper.
- Je comprends, sourit-il simplement. Ta chambre est la deuxième pièce à gauche.
Je souris à mon dominant, puis partis reprendre ma visite en le laissant seul au salon. Bokuto était vraiment bizarre depuis notre arrivée. Je secouais rapidement ma tête de gauche à droite, chassant les mauvaises pensées de mon esprit. J'entrais timidement dans la pièce voisine de celle que je venais de visiter, découvrant une chambre plus grande. Je retrouvais mes bagages aux pieds du lit double qui trônait au milieu de la pièce. J'ouvris les rideaux, les poussant de part et d'autre de la grande fenêtre qui donnait sur l'arrière de la villa. Une piscine semi couverte était à disposition, sûrement chauffée pour cette saison hivernale.
Je vis une garde-robe incrustée dans le mur, vers l'entrée de ma chambre. Je souris d'un air satisfait, prenant mon courage à deux mains pour ranger les habits contenus dans ma valise. Je posais les paires de chaussures dans leur espace réservé dans le petit dressing et rangeais la valise sous mon lit avant de m'allonger sur les draps rose pâle et doux, aussi légers et frais que leur couleur.

J'entendis la sonnette de la villa retentir dans le rez-de-chaussée puis la porte d'entrée claqua. Je me redressais en essayant d'entendre une voix, ou même des pas. Je me décidais à me lever pour aller voir discrètement la personne qui était arrivé chez Bokuto. Je fus déçue en voyant Akaashi se déchausser à l'entrée, croyant voir une nouvelle personne de leur clan.
- Bokuto ? cria le garçon.
- Akaashi ? Tu es venu plus tôt, tant mieux, sourit mon dominant en enlaçant son ami.
- Tu n'as pas l'air en forme...
- Non, pas vraiment, soupira Bokuto.
- Que se passe-t-il ? Ta soumise n'a pas pu venir ?
- Ce n'est pas ça... Je ne sais pas comment réagir avec elle, maintenant qu'elle est avec moi.
- Sérieusement ? se moqua Akaashi. Tu vas me faire croire que tu ne sais pas t'occuper d'une soumise ?
- Ce n'est pas pareil, à présent ! se justifia le dominant d'un air renfrogné.
- Bokuto... Un soumis ou une soumise, c'est pareil, sourit le brun en rougissant.
Je n'aurais jamais cru entendre son secret aussi vite ; ce qu'il devait m'expliquer venait d'être mis en évidence en ma présence. Je ne pouvais pas croire ce que je venais t'entendre. Comment Bokuto pouvait-il être aussi opposé à sa réputation ? Je déglutis en comprenant les dires d'Akaashi lors de notre rencontre : aucune catégorie n'existait réellement pour classer son ami. Mon dominant avait eu un soumis avant moi, et non une soumise. Il était normal qu'aucune catégorie n'existe pour ce dernier puisque le Conseil ne permettait pas ce genre de comportement. Il était strictement interdit de changer de genre au cours d'une vie.

Bokuto est un dominant - Haikyū!!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant