Thirty three

11 1 0
                                    


**Scott**

L'ambulance part à toute vitesse. Elle est à l'intérieur. Ma femme est à l'intérieur. Pourquoi ai-je quitté la route du regard pour le poser sur elle. Je ne pouvais pas ne pas la regarder. Elle est magnifique quand elle s'énerve même si je lui en voulais. Pourquoi ai-je créé cette stupide dispute ? Je voulais au départ lui faire comprendre que je l'aimais. Je voulais faire quelque chose de bien. J'ai toujours voulu me rattraper de ce que je lui ai fait au début de notre relation. Mais au lieu de ça elle s'est rendue malade et sentie inférieure. Je ne suis qu'un crétin. Elle est dans cette ambulance à ma place et avec notre enfant qui plus est. Elle doit s'en sortir. Je ne peux pas vivre sans elle.
Deux médecins s'approchent de moi. Je suis blessé mais ce n'est rien. Ce n'est pas moi l'important. Je veux qu'on prenne soin de ma femme et de notre bébé. Pas de moi. Je n'ai rien. Pourtant, les médecins m'emmènent en ambulance. Je ne sais pas ce qu'il en est de ma June. Est-elle toujours vivante ?? Est-ce qu'elle souffre ?? A quel point ?? Cet inconnu est insoutenable. Je suis sur un brancard. Je ne peux pas me lever. Je ne peux pas bouger. Alors que je veux parler, j'en suis incapable. Ma gorge est sèche et les mots ne peuvent en sortir. Le médecin me regarde. Il veut me calmer, mais je ne peux pas parler. Je ne comprends pas, alors je panique.

- Monsieur, monsieur, s'il vous plaît, calmez-vous. Vos cordes vocales sont gonflées et irritées. Nous allons nous occuper de vous dès que nous arriverons à l'hôpital. Tout va bien. Respirez calmement. Voilà.

Je me calme et tente de me détendre. Je respire calmement et profondément. Doucement. Je peux le faire, je peux ralentir mon rythme cardiaque, je peux me détendre. Même si ma femme est entre la vie et la mort. Même si je ne sais pas si mon enfant va survivre. Pourquoi ai-je quitté une demi-seconde la route des yeux ? Pourquoi n'ai-je pas été attentif dans ce virage ? Pourquoi est-ce moi qui suis en vie sur ce brancard ? Tout est ma faute. Je ne mérite pas de vivre. Ils devraient me laisser sur le bas-côté et aller sauver d'autres personnes. Qui en valent plus la peine. Je sais que je devrais tenir. Au moins pour Autumn. Elle est aussi ma fille maintenant, mais je m'exaspère tout seul.

L'ambulance s'arrête et le brancard bouge. Lorsqu'il émerge de l'ambulance, deux chirurgiens se dirigent vers moi et me posent une civière. J'ai droit à un bilan neurologique complet et à différents examens complémentaires. Je n'ai toujours pas de nouvelles de June. Je ne peux pas m'empêcher de penser à elle et de me sentir coupable. Cette sensation est insoutenable. Alors qu'on m'examine, je sens un goût bizarre au fond de ma gorge. Puis, en moins de deux secondes, je me sens partir et je ne suis qu'à moitié là. Les médecins tentent de me parler, de m'expliquer en même temps qu'ils me déplacent. Je ne comprends pas, tout est flou et je n'entends pas. On me pose un masque et je respire profondément. Puis, plus rien. Je ne suis plus conscient. Pourtant, je réussis à comprendre que je vais être opéré.

*****

Lorsque j'émerge de l'anesthésie, un gros pansement est sur ma gorge et quand je l'effleure du doigt, j'ai mal. Instinctivement, je me crispe et la douleur est beaucoup plus intense. Je grimace et commence à m'énerver tout seul. Avant que je ne fasse rater l'intervention, un chirurgien entre et m'explique tout ce qu'il a fait, toute la procédure. Il ajoute également que je dois faire attention et ne pas essayer de parler trop rapidement. Nous essayons de voir si je peux émettre un son. Impossible. Je ne peux pas. Il me rassure et je m'oblige à le croire et à l'écouter.

- Je viens également vous donner des nouvelles de votre femme. Elle est toujours au bloc et son chirurgien va venir vous expliquer la situation.

J'acquiesce et sombre doucement dans le sommeil, avant de me réveiller quelques minutes plus tard lorsqu'une jeune femme entre dans ma chambre.

- Bonjour Monsieur, je suis Meredith, le chirurgien en charge de votre femme.

Je ne peux même pas la saluer tant ma gorge me lance.

- Je suis venue vous donner des nouvelles ainsi que vous informer de la naissance de votre fils. Félicitations.

Je voudrais pouvoir hurler de joie, sourire au point d'en avoir mal aux joues, mais, la seule chose que j'arrive à faire est d'esquisser un faible sourire.

- Il est en couveuse car prématuré. Nous avons été obligés de le faire naître car votre femme s'enfonçait de plus en plus. De ce fait, nous le gardons en observations. Votre femme est toujours au bloc. Son état reste critique et nous devons trouver la source d'une hémorragie majeure ainsi que lui enlever tous les restes de sa tumeur qui semble avoir éclaté. Cependant, nous ne savons toujours pas si elle est cancéreuse...

Je me fige sur place. C'est comme si le ciel me tombait dessus. Une larme coule le long de ma joue, et malgré la douleur, malgré la peine, je m'efforce de parler et les mots sortent naturellement. Spontanément. Douloureusement.

- Quelle tumeur ?


...To be continued...

I'm not okay, but it's okay...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant