L'aube d'une nouvelle ère

Chapitre 5 : Discussion

Erza Knightwalker ne venait jamais,  jamais, dans les quartiers de Sa Majesté ! C'était une question de principes. Elle savait parfaitement ce que les gens penseraient. Ce qu'ils diraient. Et le commandant n'avait aucun intérêt à être le centre d'attention des commérages. Sa nomination à la tête de l'armée lui avait suffit, merci bien.

C'est pourquoi Jellal fut étonné quand sa jeune servante Coco le trouva pour lui dire qu'Erza lui demandait audience, alors qu'il était près de minuit et qu'il n'avait pas dormi la nuit précédente –tout comme elle- afin de régler une nouvelle situation d'urgence.

Une tentative d'attentat était en préparation près de la frontière sud. Une tentative d'attentat aboutissant sur rien de moins qu'un régicide. Ce fut donc l'ordre du jour prioritaire. Et les discussions, animées, avaient abouties sur l'envoi de troupes armées afin de déjouer la préparation du coup d'Etat. Des gardes supplémentaires avaient été postés à sa porte. Leur nombre avait doublé dans le château.

Méfiance était mère de sureté.

Jellal demanda à Coco de laisser entrer Erza. Malgré son épuisement, il se leva, se dirigea vers son bureau, et alla ranimer les braises dans la cheminée. Il savait que ce n'était pas son travail, mais il avait besoin de faire quelque chose par lui-même. Il ne supportait pas d'être inactif. Et envoyer des troupes pour le protéger sans lui-même y aller lui déplaisait fortement.

La journée était vraiment très mauvaise.

Il se dirigea vers un placard, sorti une bouteille d'alcool, deux verres, qu'il remplit. Il avait besoin d'un remontant. Surtout s'il devait en plus faire face au mécontentement de son second. Elle n'avait pas bronché lors du conseil d'urgence. Sa seule contribution à la conversation fut pour insister sur la nécessité d'empêcher le Roi de participer à la bataille à venir. Il avait été en colère, s'était écrié qu'il était celui qui décidait, mais n'avait plus rien dit quand elle le foudroya du regard.

La porte du bureau s'ouvrit et Erza entra dans la salle. Elle portait son armure préférée –noire et très peu protectrice- preuve qu'elle cherchait à se rassurer. Après plus d'un an à la voir presque tous les jours, il avait fini par comprendre comment elle fonctionnait. En réalité, elle ressemblait plus à Scarlett qu'elle ne l'imaginait.

D'un geste de la main, il l'invita à s'assoir, posa son verre devant elle, s'assit à son tour, et avala le liquide couleur ambre d'un trait. La brulure qui traversa sa trachée lui fit grand bien et le réveilla légèrement. Il prit la parole.

« Commandant Knightwalker, la salua-t-il.

Celle-ci hocha simplement la tête en signe de salut. Elle n'était pas là pour la politesse. Il le savait.

-Vous n'avez pas confiance en moi ! indiqua-t-elle, sa voix ne trahissant aucun sentiment.

Il ferma les yeux quelques secondes. La conversation s'avérait déjà houleuse. La jeune femme n'était pas connue pour être calme. C'était très –très- mauvais signe.

-Je pense que vous ne seriez pas là si c'était le cas, commandant.

C'était vrai. S'il n'avait pas eu confiance en elle, elle ne serait ni commandante, ni dans le château et encore moins dans ses quartiers privés sans aucun garde. Et elle le savait. Elle répondit :

-Pourtant alors même que les commandants des divisions trois et quatre sont partis, ainsi que mes meilleurs hommes, je ne suis pas autorisée à aller me battre.

Jellal soupira. C'était lui qui avait refusé qu'elle parte. C'était stupide, il le savait, mais il n'avait rien pu y faire. Il ne voulait pas qu'elle s'en aille et qu'elle risque sa vie pour lui alors que lui-même n'était pas au combat. C'était inadmissible.

Pourtant, il avait laissé d'autres y aller. Et Jellal savait qu'il n'avait pas réfléchi avec sa tête, mais avec son cœur. Alors même qu'il était Roi. Alors que c'était son travail à elle de se sacrifier pour Edolas. Et pour son Roi.

Mais une Erza morte rendrait Edolas bien terne. Il en était certain.

Il ne pouvait pas décemment lui dire cela. Elle serait en colère ou pire, elle serait gênée et distante. Elle était son second, pas n'importe quelle femme. Elle avait prouvé à maintes reprises ses talents de combattante. Son dévouement sans failles –même si pour cela elle devait soutenir un Roi qu'elle n'avait pas voulu.

-Je ne peux pas envoyer tous mes meilleurs hommes en mission et laisser le reste du royaume sans protection, clama-t-il. Edolas a besoin de toi ici.

Erza sembla réfléchir quelques instants avant de déclarer :

-Vous craignez que les informations qu'on vous ai données soient fausses et ne vous écarte du véritable but des fomenteurs ? demanda-t-elle.

Jellal n'avait jamais pensé à cela. Mais il n'eut pas besoin de répondre car elle reprit :

-Ne vous inquiétez pas, mon seigneur ! Je vous protégerai au péril de ma vie ! »

Le Roi la regarda et prit un nouveau verre d'alcool.

C'était bien ce qu'il craignait.