Après l'orage.

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J'espère que cet os vous plaira, je l'ai écris sur un coup de tête en deux-trois jours.
Je suis désolée d'avance pour les fautes.

Et merci à ceux qui me lisent encore et toujours.




Des bancs, il y en a plusieurs. Des dizaines. Tout le long de la berge. Mais c'est sur le sien qu'il décide de s'asseoir.

Alors qu'il est pris.

Alors que la plupart des autres sont libres.

Instantanément, presque comme un réflexe contrôlé, Louis referme son carnet marron et serre son stylo entre ses doigts aux bouts tâchés d'encre. Son rythme cardiaque accélère. L'autre, englobe le paysage de son regard avant de le poser sur lui. L'air totalement ailleurs. Sur une autre planète. Déconnecté de la réalité. Le soleil se couche progressivement au bout du fleuve, s'y couche et s'y noie ensuite. Le ciel est rose, tire sur le violet par endroit. Et le reflet, sur le visage laiteux de ce garçon, le rend presque irréel. Un personnage tiré tout droit d'une peinture impressionniste.

Louis fronce les sourcils, fait tourner son stylo entre ses doigts, serre son carnet contre son torse chaud.

« Je peux vous aider ? »

« Non, merci. »

Sa voix rauque est enjouée. Un sourire amusé se forme sur les lèvres du jeune homme. Louis ne sait pas s'il est fou ou s'il se moque de lui, dans les deux cas, ça l'agace. Parce que c'est son banc. Pas à proprement parler. Mais c'est celui sur lequel il s'assoit toujours. Presque tous les soirs. Presque tous les matins. Pour voir le jour se coucher et se lever. La meilleure vue sur le bout du fleuve. Celle qui donne envie

de peindre, d'écrire, d'admirer, de s'y baigner, de pleurer, de s'y perdre, de s'y jeter, de toucher du bout des doigts, de caresser, d'être romantique, d'écouter des musiques tristes.

Louis a envie de faire tout ça. Depuis la première fois que son regard bleuté s'est posé sur ce paysage. C'est un peu égoïste, mais il a envie que ce ne soit rien que pour lui.

Il regarde toujours le garçon qui n'a pas bougé, ses yeux sont fixé sur l'horizon. Il ne voit que la moitié de son visage, mais c'est assez pour savoir qu'il est aussi jeune que lui. Peut-être même plus. Louis veut lui dire il y a d'autres bancs vides à côté, pourquoi tu ne vas pas t'asseoir là-bas ? Mais Louis ne sait pas être autoritaire. C'est un garçon timide, renfermé, indifférent. Il n'a pas la force d'être quelqu'un d'autre. De changer.

A la place, il porte ses doigts à ses lèvres et se ronge les ongles. Une habitude dont il ne se rend même plus compte, au final. Il arrive même parfois, que le bout saigne, mais il apprécie ce goût métallique sur sa langue.

« Ce paysage est magnifique. »

« Je le trouve affreusement triste. »

« C'est peut-être ça qui le rend si beau, non ? La nostalgie, la couleur grise de l'eau, le coucher de soleil, tout s'éteint et s'embrase. »

Louis ne comprend plus rien. C'est un poète bohème, quelque chose du genre ? Le jeune homme sort deux cigarettes de sa poche, il en tend une à Louis. Louis n'a jamais fumé. Mais il la prend. Il se dit que peut-être après cela, il partira.

Il avait tord.

Il les allume à l'aide d'un briquet. Joue avec. La flamme passe sur son pouce, il ne tique même pas. Comme si cette peau n'était pas la sienne mais celle d'un autre. Un autre qu'il brûlerait à vif. Il porte le tube léger et fin entre ses lèvres pleines. Aspire. Expire. La fumée monte au ciel et disparaît.

Après l'orage. | Larry.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant