VIII.

228 35 42
                                    

    La morgue se trouvait vide. Ils l'avaient fouillé de fond en comble sans rien trouver de vivant. Le petit Newton restait également introuvable. Impensable, et pourtant...

« On a cherché partout, monsieur Janson, on n'a rien trouvé, l'avertit un des surveillant.

-Je sais que vous n'avez rien trouvé ! »

    La quadragénaire était à bout de nerfs. Jamais personne n'avait réussi à s'échapper de cette prison depuis qu'il avait ce poste, et cela commencerait par un petit qui n'avait commis qu'un vol ? Et d'ailleurs, pourquoi prendre tous ces risques pour une simple année de détention ? Il n'avait pas non plus tué quelqu'un !

    Il sortit de la pièce avec l'intention de prendre l'air. Tout cela n'avait aucun sens.

    Avant qu'il ne franchisse la porte menant à l'extérieur, des bruits se firent entendre. Des phrases provenant de la porte juste à côté, celle menant vers les poubelles :

« Dépêche-toi Newt, on y presque, la sortie est juste là !

-J'arrive. C'est pas toi qui viens de te faire passer pour mort.

-C'est vrai que Rodrigue nous a pas informé sur les effets secondaires : t'es fatigué comme jamais.

-Bah c'était à prévoir. »

    Janson fit quelques pas en arrière. Il reconnaissait la voix du petit Newton, de ce Thomas et de l'asiatique dont il ne se souvenait plus du nom. Il ne perdit pas une seconde et ouvrit la porte. Le couloir circulaire se dessinait devant lui, également les trois silhouettes qui couraient vers l'extérieur. Au fond, une grille : ils étaient coincés.

« Arrêtez-vous ! »

    Il avait crié assez fort pour surprendre les trois garçons.

« Vite, c'est Janson ! »

    Ils accéléraient d'autant plus l'allure. Le chef de la sécurité se mit alors à courir vers eux, poussant les containers en plastiques lui barrant le chemin. Il jura plusieurs fois en faisant la rencontre involontaire de plusieurs rats. Il n'était qu'à mi-chemin quand les trois garçons arrivèrent devant la grille. Ils fixaient l'extérieur. Leurs voix résonnaient à l'unisson dans le couloir alors qu'ils appelaient de l'aide. Janson s'arrêta et commença à rire :

« Personne ne peut sortir d'ici. Personne ne sort d'ici, j'en gère la sécurité et je vous ordonne de vous retourner sans faire d'histoire ! »

    Les trois fuyards cessèrent le moindre bruit, se retournant doucement. Janson aussi venait de s'arrêter. Il les observait, un sourire moqueur au visage. Il les tenait. Alors qu'il s'apprêta à faire un pas vers eux, Thomas et l'asiatique lui offrirent un doigt d'honneur dans une synchronisation parfaite. Derrière eux venaient d'arriver deux jeunes filles. Il reconnut Sonya, la blonde de la salle des visites, mais ignorait l'identité de l'autre. Il commença à courir vers eux en constant qu'elles forçaient le cadenas à céder sous le matériel qu'elles avaient apportés. Il entendit le brun crier :

« Vite Harriet, dépêche-toi s'il te plaît ! »

    La chaîne céda et la grille s'ouvrit. Les cinq compères couraient à l'extérieur. Janson les suivit sans plus attendre. Une fois dehors, il vit d'abord le ciel gris, menaçant avec de gros nuages d'orages qui se profilaient. Il vit au loin, derrière le mur de sécurité, par une des portes anormalement ouverte, une voiture. Devant le véhicule attendait un homme, qu'il reconnut en tant que Rodrigue, celui dont les garçons avaient parlé tout à l'heure, mais surtout celui qui leur avait livré le carton destiné à l'infirmerie. Il continua à courir derrière eux mais se rendit vite compte qu'il ne les rattraperait jamais. Il jeta un regard circulaire autour de lui, constatant qu'il n'y avait rien. Les jeunes étaient déjà presque arrivés, ils couraient comme si leurs vies en dépendaient. Leurs vies...

    Janson s'arrêta et sortit de sa poche son arme. Une simple arme à feu qu'il gardait toujours sur lui comme gage de sécurité personnelle. Il visa alors, les pieds ancrés dans le sol, les mains tenant fermement l'objet destructeur. Son indexe sur la détente, il savait qui était sa victime. Personne ne devait sortir de cette prison.

    Et il tira.

    Sa balle atteint la cible. Il rangea son arme dans la poche intérieure de sa veste, à sa place initiale. Presque aussitôt que la détente s'était enclenchée, le détenu, encore en tenue orange, s'était effondré. Thomas avait accouru vers lui, les autres aussi.

    Janson serra les mâchoires, marchant rapidement vers eux. Une fois à quelques mètres de sa victime, il observa quelques secondes la scène. Newton Isaac venait de mourir dans les bras de ce Thomas, tous les deux tâchés de son sang. L'asiatique et les deux autres filles gardaient une certaine distance, ne pouvant détacher leurs regards de cette scène. Alors, Thomas finit par se lever. Il se tourna vers Janson, les joues baignées de larmes. Il s'avança vers lui et lui donna un coup de poing qu'il n'avait pas vu venir. Le chef de la sécurité ne se démonta pas pour autant et contre-attaqua. Il finit par projeter Thomas dans les airs, atterrissant un peu plus loin sur l'herbe. Celui-ci se releva rapidement et se mit à crier à son adresse :

« Enfoiré ! Vous êtes un monstre ! Vous n'aviez pas à le tuer !

-Personne ne doit sortir de cette prison, répondit-il fermement.

-Mais il était claustrophobe ! Claustrophobe putain ! Il ne supportait pas d'être enfermé quelque part, vous auriez dû le savoir ! Il allait finir par crever en restant à l'intérieur ! »

    Le brun tomba à genoux, hurlant à la mort. Janson se dirigea vers lui, voulant en finir une bonne fois pour toute. Avant qu'il n'arrive à attraper Thomas, il fut projeté à terre. L'asiatique se trouvait à califourchon sur lui. Le jeune homme commença alors à le frapper, donnant toute sa force, toute sa rage dans cette violence qu'il ne pouvait contre-attaquer. Sa vision commença à devenir trouble alors qu'il entendait de nombreux pas approchés. Quelqu'un retira l'asiatique et le força à le suivre. Des cris retentirent, des larmes s'entendaient. Il resta un moment allongé, espérant ne pas tomber inconscient. Ses yeux fixaient le ciel, comme dans l'espoir de trouver un peu de réconfort, du soulagement. Il avait mal partout. Alors qu'il repensait à ce qu'il venait de faire, des flocons de neige se mirent à voltiger. Avant qu'ils ne l'atteignent, le noir l'envahissait.

A suivre...

Derrière la vitreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant