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— Je peux te toucher les cheveux ?

Si Lizzy aime les cheveux épais et foncés d'Alessia, qui bouclent dans tous les sens, elle adore encore plus les triturer et les caresser, quitte à les emmêler et à provoquer les râlements de sa copine. Elle admire aussi leur danse imprécise quand ils volent au gré du vent. En fait, la chevelure de sa petite-amie la fascine énormément. Lizzy n'a jamais vraiment aimé ses cheveux roux carotte tout fins, et ceux de sa brune sont tellement différents, luxuriants et imposants, qu'elle est tout simplement captivée par eux.

Alessia sourit en entendant la demande de sa jolie rousse, émise à mi-voix. Lizzy n'aime pas hausser le ton. Son beau visage reste d'ailleurs constamment caché derrière les belles ondulations de sa crinière de feu. Doucement, l'italienne pose sa main sur le genou de sa petite-amie, enroulée dans un vieux plaid violet et lovée dans le canapé du salon des Di Marzio.

— Si ça te fait plaisir, amore, laisse échapper Alessia, un petit rire franchissant ses lèvres.

Le visage constellé de taches de rousseur de Lizzy s'éclaire. Elle se défait de sa couverture et se rapproche vivement d'Alessia. Puis, toujours en souriant, elle attrape une mèche qu'elle entortille autour de son doigt, et recommence avec les autres, poursuivant ce manège pendant plusieurs minutes de silence absolu mais loin d'être gênant. Au contraire, il est si agréable qu'Alessia soupire de bonheur en sentant les mains de sa copine caresser ses boucles soyeuses.

— Je t'aime, Liz'.

Lizzy s'arrête net en entendant le murmure de sa copine. Son cœur s'est mis à battre plus fort, le pauvre petit ne supportant pas toute cette affection. Ses côtes vont d'ailleurs en pâtir, à force de se faire bousculer par les battements incessants de son organe vital trop sollicité. Délicatement, elle se glisse du canapé pour atterrir à côté d'Alessia, cette dernière l'installant amoureusement entre ses cuisses. Après un temps, Lizzy réplique, à voix basse :

— Je t'aime aussi.

Alessia attrape la main de la rousse en souriant de plus belle. Pendant quelques secondes, elle observe la bouche de sa bien-aimée, rose et brillante. Irrésistible. Un peu gênée par l'intensité qu'elle perçoit dans les yeux presque noirs de la brune, Lizzy rougit légèrement, se mordant la lèvre. Dans un geste calculé et tout plein de douceur, Alessia pose sa main sur la joue de la rousse, et approche ses lèvres de celles de sa compagne.

Longtemps, leurs lèvres restent scellées et leur langue se caressent. Trop rares sont ces moments d'affection, qui doivent toujours s'effectuer loin des regards indiscrets. Alors aujourd'hui, rien ni personne ne pourrait briser ce moment magique, dans la grande maison vide des Di Marzio. Rien ni personne, sauf peut-être Adelia, la boule de poils blanche et noire d'Alessia. La chienne se met à japper en léchant le visage de sa propriétaire, qui se voit forcer de se séparer de Lizzy avant que l'animal ne se mêle à leur étreinte.

Riant, la jolie italienne gratte affectueusement la tête d'Adelia.

— Hey Adelia. Qu'est-ce que tu veux ?

Toute contente qu'on lui porte enfin un minimum d'attention, la chienne se met à tourner en rond en essayant - vainement - d'attraper la main de sa maîtresse. Finalement, l'animal se roule en boule sur le sol, ventre en l'air, quémandant plus de caresses. Dans un rire commun, les deux filles se mettent à le gratter doucement, jusqu'à ce qu'elles entendent un vif éclat de voix, autoritaire et tranchant :

— Alessia ! Où es-tu ?

En entendant le timbre reconnaissable entre mille de Gessica Di Marzio, la sévère génitrice d'Alessia, les deux amoureuses se séparent brusquement, veillant à entretenir un espace raisonnable entre leur corps. Si sa mère découvrait cette proximité, Alessia ne donnait pas cher de sa peau. Sur une échelle de zéro à dix, la tolérance de Gessica envers la communauté LGBT+ avoisine le zéro.

— Je suis là, mamma.

Apparaissant dans la pièce, ses talons frappant le sol dans un "clac-clac" régulier, la mère Di Marzio se poste devant le couple, poings sur les hanches, chignon tiré à quatre épingles, traits sévères.

— Ta copine est encore là ?

La rousse hoche la tête timidement, un peu effrayée par Gessica, qui n'a jamais été d'une gentillesse exemplaire envers elle. Alessia se lève, piquée au vif par le comportement qu'elle juge excessif de sa mère.

— Lizzy est là parce que je l'ai invité, mamma. Tu n'es pas obligé d'être aussi désagréable, Dio mio !

— Il s'agit de ma maison, j'y fais ce que bon me semble, Alessia, rétorque Gessica en faisant chanter les consonnes du prénom de sa fille.

Passablement agacée, la génitrice d'Alessia se retourne et lance à la rousse, qui s'est relevée elle aussi :

— Vous devriez rentrer chez vous, Lizzy. Il se fait tard et nous avons encore des choses à faire avant la nuit.

Dans sa bouche aux saveurs italiennes, le prénom de Lizzy ressemble plus à "Lidzi." Cela s'entend beaucoup plus en tout cas que dans celle d'Alessia, cette dernière étant probablement trop habituée aux rudesses de la langue française pour conserver l'accent chantant de son pays d'origine.

Sans attendre de réponse, Gessica tourne les talons et le clac-clac autoritaire reprend pour disparaître dans les profondeurs de la maison. Alessia, elle aussi énervée par le comportement de sa génitrice, serre Lizzy dans ses bras avant de lui glisser dans le creux de l'oreille :

— À demain, amore. Ne t'inquiète pas, je vais m'occuper de ma mère. Elle n'a pas le droit de te virer de la maison comme ça.

— Ce n'est pas grave, murmure Lizzy, le nez dans la touffe bouclée de sa copine, inspirant à plein nez l'odeur délicate de l'italienne.

À contrecœur, Alessia relâche la rousse et prend le risque de déposer un léger baiser sur ses lèvres, malgré la présence de sa mère qui doit rôder quelque part dans la maison, vaquant à ses occupations. Mais à ce moment précis, elle s'en contrecarre. La seule chose qui l'importe, c'est Lizzy et ses lèvres bien trop belles et bien trop attirantes.

Ti amo, Liz'...

— Je t'aime aussi...

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