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"Toute histoire mérite une fin heureuse."


Roxy avait revêtu une robe décente, pour la deuxième fois dans sa vie - la première étant son bal de promo - elle n'arrêtait pas de râler en tirant sur la jupe pour se sentir à l'aise dans cette montgolfière.

- Tais-toi, tu veux, j'essaie de conduire sans nous faire rentrer dans un poteau, grogna Nathan.

La main de Danny serra sa cuisse. Il sentait qu'il était stressé, tous ses muscles étaient raides et son regard fixait la route avec une froideur déconcertante. Il ne savait pas s'il allait réussir à retenir la tornade que contenait Nathan aujourd'hui.

- Je t'en prie mon chou, tu peux me le dire, cette robe me grossit, c'est ça ? Demanda Roxy qui n'était pas mise dans la confidence des actes de la mère Reed et ne comprenait pas trop son humeur.

- Non, tu es parfaite, ronchonna-t-il, posant sa main sur celle de Danny.

- Tout va bien se passer, tenta de le rassurer son copain.

- Non, rien ne va aller, je vais m'énerver.

Roxy qui s'occupait de ses ongles releva la tête.

- Pourquoi ?

Les deux garçons se regardèrent un instant. Devaient-ils lui dire ? Nathan haussa les épaules avant de se retourner vers la route. Danny prit donc la décision de l'annoncer :

- La mère de Nathan l'a fait chanter pour qu'on rompe, donc on va faire semblant d'être séparés, conta-t-il.

Roxy lâcha un cri qui fit sursauter le conducteur. La voiture riva sur la droite mais il reprit le contrôle en pestant contre elle.

- Pardon mais pourquoi ne m'a-t-on rien dit ? Vous me cachez ces choses depuis que vous êtes en couple bande d'idiots !

Elle croisa les bras sous sa poitrine, tournant la tête vers la vitre, franchement blessée par leurs cachotteries. La colocation à trois était agréable jusqu'à ce qu'un couple en fasse partie.

- Je veux un troisième colocataire, ordonna-t-elle alors que Nathan se gare devant la maison familiale.

Les garçons ne réagissèrent pas tout de suite jusqu'à ce que Roxy sorte de la voiture sans demander son reste et qu'elle claque la portière violemment. Danny fronça les sourcils devant l'attitude de celle-ci, se disant que c'était habituellement Nathan qui était si capricieux. Puis il observa son petit-ami qui n'avait pas de place dans son esprit pour penser à s'occuper de Roxy et ses caprices. Il lui serra la main et répéta une dernière fois :

- Tout va bien se passer.

Mais tout ne se passait pas bien, une trentaine de minutes plus tard. Les parents Reed et les trois jeunes étaient réunis autour de la table avec une certaine froideur. D'un côté, Roxy faisait la tête pour être mise de côté par le couple. Ensuite, la mère de Nathan était mielleuse ce qui l'agaçait, son pied tapait le sol incessamment. Et enfin, son père était silencieux sans réelle raison.

- Tu veux encore du poulet, chéri ? Demanda Mme. Reed avec un sourire blanc.

Nathan secoua la tête, essayant de frôler le pied de Danny avec le sien sans se faire remarquer. Il soupira en sentant sa chaussure jouer avec la sienne.

- Et donc, les cours, ils te conviennent ? Questionna sa mère.

- Ouais, c'est ennuyant, mais ça passe, soupira Nathan.

Sa mère hocha la tête.

- Je vais chercher le dessert, quelqu'un peut ranger la table s'il vous plaît ?

Nathan se leva, prêt à affronter sa mère dans la cuisine. Et c'est ce qui arriva lorsqu'il rangea les assiettes dans le lave vaisselle. Sa mère souriait et elle lui dit :

- Dis donc, tu es devenu serviable, mon chéri.

- Ouais, pas grâce à toi, grogna Nathan.

- Mais...

- Je voulais me retenir et te faire un coup monté comme tu m'as fait mais je n'arrive plus à me retenir ! S'exclama-t-il en levant les bras.

Sa mère se retrouva étonnée, ou du moins, elle en avait l'air. Nathan passa une main rageuse dans ses boucles, il ignora son père qui rentra dans la pièce et continua :

- Tu as essayé de me faire du chantage pour que je quitte Danny, tout ça pour que je revienne vers toi, mais tu es stupide ou complètement folle pour ne pas t'inquiéter du bonheur de ton propre fils ?

- Qu'as-tu fait ? Demanda la voix choquée de son père en arrière plan.

- C'est elle, dit Nathan. C'est elle qui m'a fait ce foutu mot qui m'a rendu hystérique, j'ai vraiment cru que j'avais un serial killer dans le dos et finalement c'était ma mère qui voulait que je revienne à la maison.

- Tu me manques ! s'exclama-t-elle comme seule défense.

Un blanc suivit ces derniers mots. Les deux parents se tenaient dans un coin, coupables, alors que Nathan  fulminait.

- Je veux bien comprendre ça, mais, dans ce cas, invites-moi à venir à la maison ! Mais cette menace, c'était vraiment nécessaire ?

- J'ai eu vent, par le biais de ton amie Eva, que tu sortais avec un garçon. Je suis ta mère, je savais très bien qu'aucune femme n'aurait su te dompter, et que, un jour, tu tomberais sur ce qui te plaît vraiment, et, oui, j'ai pris peur. Mais je ne veux que ton bien.

- Je me sens bien avec Danny, lâcha Nathan. Je crois même, non, je suis sûr, que je l'aime. 

M. Reed sourit à son fils avec fierté. Il était si heureux que celui-ci s'ouvre un peu aux autres - pas sexuellement parlant - mais qu'il ne soit plus centré sur lui même.

- La colocation avec Roxy et lui me plaît, je me sens à ma place. Et, même si parfois, la vie à la maison, avec vous, me manque, je sais que c'est fini, souffla Nathan.

Une large émotion emplit l'air. C'était comme des au revoir, une certaine nostalgie imprégnait les poumons des trois adultes dans la pièce.

- Papa, maman, je vous aime, mais je ne suis plus le petit garçon qui va venir arranger les choses entre vous.

Les deux parents se regardèrent. Nathan avait été, depuis une petite dizaine d'années, le seul lien qui persistait entre eux. Ils savaient que, sans lui, ils ne s'aimaient plus autant. Une solution s'offraient à eux, le divorce. 

De retour dans la salle à manger, les invités coupèrent court au dessert et rentrèrent chez eux. Nathan n'avait pas lâché Danny de l'après-midi, voulant même l'accompagner jusqu'aux toilettes.

- Mais laisses-moi respirer ! soupira le tatoué qui enfilait un gilet.

- Je peux pas, j'ai besoin d'être avec toi, grogna Nathan qui avait la tête entre le gilet et le dos de Danny.

Une fois que les deux avaient un peu plus de distance, Danny demanda :

- Qu'est-ce qu'il t'arrive ? 

Nathan plongea la tête dans son cou et huma son odeur :

- J'ai dit à mes parents que je t'aimais, souffla-t-il. Mais je ne te l'ai pas dit.

Le coeur de Danny rata un battement.

- Je suis amoureux de toi, dit Nathan à quelques centimètres de ses lèvres.

Il l'embrassa, souriant d'être enfin lui-même, car, sans Danny, il n'était plus rien.

Roommates | boyxboy ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant