Chapitre I - "Je suis Kahelia"

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  « Héliopolis, la ville du Soleil. Un nom se voulant grandiose pour exprimer le rayonnement et la magnificence de notre merveilleuse cité... Mais tout cela n'est qu'un ramassis de conneries. Le seul éclat dans cette ville est celui des bijoux des gens de la haute, bien à l'abris dans leurs tours de verre, observatoires gigantesques sur la misère des bas quartiers, là où s'entassent malades et ouvriers dont les nuits sont rythmées par les fusillades entre la police et les gangs locaux.

Quant au soleil, cet astre vénéré, scintillant, ayant donné son nom à la ville, j'en viens à me demander si il existe encore. Je ne pense pas que quelqu'un dans cet ville l'ai déjà vu, tant le ciel est obstrué par les buildings poussant de plus en plus chaque jour, et ce smog craché par l'industrie, dont la noirceur reflète parfaitement l'âme de cette ville. Et pourtant, cette ville, c'est tout ce que nous avons, la dernière du monde connu nous répètent les puissants. Cependant, de plus en plus, j'ai le sentiment que ces murs, sensés nous protéger, sont ceux d'une prison dont on ne s'échappera jamais. »

Ayant achevé de taper ces mots, Rand se laissa aller contre le dossier de sa chaise de bureau, les yeux rivés sur le plafond grisâtre de sont petit appartement. Tout en inspirant une bouffée de fumée sur sa cigarette, il songeât à tous les mégots qui s'entassaient dans le cendrier posé sur son bureau, juste à côté de la carafe de café quasiment vide. Témoins de tout ce temps passé assis là, devant cet écran. Et malgré cela, il n'avait trouvé que ces quelques lignes qui, il le savait, devront être supprimées si il ne voulait pas avoir affaire au comité de censure. En résumé, il faisait déjà nuit et il n'avait toujours pas d'article à présenter au journal pour le lendemain.

Soudain, il fut sortit de sa torpeur par des sons inhabituels provenant de l'extérieur. Non pas que les coups de feu soient surprenants dans ce quartier, mais les sons de puissants moteurs et les lumières de projecteurs balayant les fenêtres, c'était une première. Rand voulu s'approcher de la fenêtre afin d'observer la scène, mais il se raidit d'un coup en entendant des sons de portes que l'on enfonce, et de coups de feu provenant des appartements voisins. Les sons venaient de plusieurs directions, et se répétaient, comme si un groupe armé avait décidé de décimer les habitants de l'immeuble. Entendant des bruits de pas devant sa porte, Rand se précipita sur le premier tiroir de son bureau et en sortit un revolver. Au même moment, la porte d'entrée s'ouvrit avec fracas, dévoilant un homme armé d'un fusil d'assaut, intégralement vêtu d'un uniforme noir, portant sur la tête un casque à visière intégrale. C'est au travers de celle-ci que Rand tira sans se poser de question. Le coup fut fatal à l'intrus qui s'effondra, déversant son sang sur la moquette poussiéreuse de l'appartement.

Entendant d'autres hommes approcher au pas de course, Rand compris qu'il n'aurait pas le temps de souffler. Il rangeât son arme dans sa ceinture tout en se dirigeant vers la fenêtre qu'il ouvrit. C'est deux étages plus bas qu'il aperçu un échappatoire ; un minuscule balcon qui représentait sa seule chance de survie. Il prit donc une grande inspiration, et sauta, juste à temps pour éviter les tirs des hommes qui déboulaient chez lui. En entendant les balles siffler autour de lui, Rand se focalisait sur le balcon. Si il le loupait, c'était la fin. In extremis, il réussit à atterrir dessus, et pénétra aussitôt dans l'appartement, avant que les hommes qui étaient chez lui ne lui tire dessus.

C'est là qu'il tomba nez à nez avec une jeune femme armée d'un fusil. D'après la forme de ses oreilles, Rand se dit qu'il s'agissait sûrement d'une elfe, chose rare dans un quartier comme celui-ci. L'inconnue le mit en joue, avec un regard disant qu'elle était déterminée à tirer au moindre geste suspect.

« Bouge plus, et pose doucement ton flingue au sol ! » lui sommât elle.

Au vu des cadavres d'hommes en noir jonchant le sol, Rand se dit qu'il était préférable de lui obéir, et il s'exécuta.

*
*  *

Kahalia ne lâchait pas l'inconnu du regard, ses yeux vert pâle guettaient le moindre de ses mouvements. L'humain ne portait pas l'uniforme de ses assaillants précédents, mais lorsque quelqu'un surgit par votre fenêtre armé d'un revolver, il s'agit rarement d'un allié.
Le jeune homme leva les bras lentement après avoir posé son arme au sol .
"Je ne suis pas avec eux..." Dit il avec une certaine nervosité dans la voix. Au vu de l'hécatombe provoquée dans les autres appartements, il devait être surpris de trouver une autre personne en vie.
" C'est qui 'eux' justement ?" Rétorqua sèchement Kahelia .
"J'en sais foutre rien" répondit l'inconnu, "ils ont débarqué chez moi et ont essayé de m'abattre, j'ai riposté et j'ai sauté de ma fenêtre jusque sur votre balcon pour échapper aux autres."
"Aux autres... Ils ont dû envoyer un petit contingent, juste assez pour dégommer des civils ..." Réfléchit l'elfe à haute voix, avant de reprendre plus sûre d'elle: "ramasse ton arme, on doit sortir trouver de l'aide, mais tu passes devant, et pas de conneries, je sais toujours pas qui t'es!"
L'inconnu glissa lentement une main dans la poche de sa chemise, et en sortit une carte qu'il tendit à Kahelia.
"Rand Marchevent, je suis journaliste."
Tandis que Kahelia inspecteur sa carte de presse, Rand ramassa son arme.
"Je suis Kahelia." Répondit elle simplement en lui rendant la carte.
"Aller, on bouge!"


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