3. La peur et le sang

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Arrivés devant les box, Zahar, un petit homme aux yeux vitreux et à la peau morte, nous attend. Il tient les rênes de nos chevaux dans chaque main. D'un côté, Sillar, un cheval d'une grande taille, d'un gris assez clair. Sa longue crinière, poisseuse et emmêlée par des feuilles et d'autres branches. C'est un cheval très rapide et très élégant, avec un léger foutu caractère tout de même. De l'autre côté, se tient mon frison, mon étalon sauvage. Sa robe noire forme des reflets bleus sous le soleil. De larges zébrures rouges lui barrent le poitrail. Sa longue crinière noire en bataille couvre ses yeux d'un noir brillant. Eos est le plus bel étalon de la cavalerie. Sauvage et fougueux, il n'écoute que moi. Zahar nous tend les rênes et nous nous mettons en selle. Lorsque nous sommes tous les deux prêts, nos pas forment des sillons de poussières autour de nous. Les créatures s'agenouillent devant nous. Ils nous doivent le respect et l'honneur. Lorsque nous entrons dans la forêt, nous sommes plongés dans l'obscurité, à peine quelques rayons de lumière nous éclairent. J'observe les alentours. Mon pays, ma vie. La terre qui nous a adoptés, alors que nous n'étions qu'enfants. Au bout des rênes, je sens Eos impatient. Il a le souffle fort et ses pas s'accélèrent.

-Rash ?

Mon frère se tourne vers moi et son sourire illumine son visage. Il attend que je sois arrivé près de lui puis nous lançons nos chevaux au galop. Avec ses foulées gigantesques, Sillar dépasse largement mon étalon, néanmoins il n'a pas sa vitesse. Je pousse alors Eos et celui-ci accélère et je vois le cheval de mon frère se fatiguer. Les sabots lourds de mon cheval résonnent à travers arbres et buissons.

Nous nous arrêtons, dans une petite clairière, où j'attends mon grand frère, impatiente de me vanter de sa défaite. J'attends, j'attends et j'attends encore. J'ai l'impression d'être là depuis une éternité. Plus les minutes passent, plus je commence à m'inquiéter. Nous connaissons cette forêt comme le bout de nos doigts. J'en connais les moindres recoins. Un vent glacial tombe alors sur nous. Sous ma selle, je sens qu'Eos s'énerve. Etant un cheval plutôt nerveux, il n'est pas n'est pas inhabituel que le stresse lui monte à la tête. Néanmoins, je le sens différent, comme si il avait peur de quelque chose. Au loin, seul le silence plane. Je descends d'Eos et m'avance vers le chemin par lequel je suis arrivé. J'essaie par tous les moyens d'entrevoir un quelconque signe de vie, un quelconque murmure ou des quelconques bruits de pas. Le silence autour de nous est tel que je n'entends que les battements de mon cœur qui s'accélèrent. Eos souffle et râle à mes côtés, il sent que quelque chose ne va pas. Mes jambes tremblent tandis que j'attrape mon poignard sur le côté droit de ma ceinture. Des frissons parcourent mes bras et remontent ainsi jusque dans mes cheveux. Mes yeux fixent ce chemin, froid, sombre et pourtant qui nous est si familier. Puis, un sillon de poussière me bondit dessus et je tombe à terre. Je me frotte vigoureusement les yeux tandis qu'ils me brûlent. Lorsque j'ouvre les paupières, je découvre mon frère penché au-dessus de moi. Son visage est strict, ses traits tirés par l'inquiétude.

-Mara ? Tu vas bien ?

Sa voix vibre de stresse et je me relève, furieuse. Je frotte mes cuisses afin d'enlever le reste de poussière et plaque mes mains sur mes hanches.

-Où étais-tu ?! Espèce de crétin ! J'ai cru qu'il t'étais arrivé quelque chose !

Je parais plus inquiète que je ne voudrais lui montrer. Son visage reste figé, et un sourire peu sincère étire son visage. Il plisse les yeux et vient se planter devant moi, avant de porter son attention sur les alentours. Ses sourcils se froncent, son nez se plisse, ses lèvres se serrent. Je connais tout de mon frère. Je sais quand il est heureux, quand il est triste, quand il a peur. Alors quand il plante son regard reptilien sur moi, ses yeux se durcissent.

Rouge VeninOù les histoires vivent. Découvrez maintenant