Les réveils étaient difficiles, ces temps-ci. J'avais de moins en moins envie de quitter mon lit pour les cours qui étaient plus pauvres que jamais. Je savais que quand nous étions revenus, cette année, élèves comme professeurs, nous pensions sincèrement que nous pourrions reprendre une année ensemble sur de nouvelles bases. Les premières semaines, tout le monde semblait faire des efforts pour paraître « normal ». Tout le monde agissait comme avant, comme quand on n'avait pas de lourdes pertes à déplorer, quand le château n'avait pas connu la guerre. Mais le moral de beaucoup de sorciers s'était dégradé au sein de l'établissement. La directrice, McGonagall, semblait plus fatiguée et frêle que jamais. Occuper la fonction qu'avait tenu Dumbledore toutes ses années devait lui sembler incongru, en finalité. Il en allait de même pour les autres professeurs. Il leur semblait aberrant de reprendre leur vie d'avant, comme si de rien n'était, comme si des dizaines d'âmes innocentes n'avaient pas perdu la vie ici même. Mais de toute façon, c'était ce qu'il fallait faire. Poudlard n'allait surement pas fermer et les élèves n'allaient pas arrêter d'étudier. Non, continuer comme avant était la seule solution, même si elle semblait dénuée de sens pour certaines personnes.
Ce matin, je sortis péniblement de mon lit, ne pris même pas la peine de me coiffer, m'habillai à l'arrache et me dirigeai tout droit vers la grande salle où Ginny prenait son petit-déjeuner. Chose que j'appréciais beaucoup chez cette fille, c'était que malgré sa relation avec Harry, elle m'accordait de son temps et semblait partager mes peines à vivre. Nous discutions régulièrement de notre mal-être dans l'établissement, ainsi que de mes sentiments pour son frère, qui décidément ne s'estompaient pas avec le temps. Dans la grande salle, elle m'accueillit avec une nouvelle des plus stressantes : la rumeur se répandait comme quoi il y allait avoir un bal au début de l'hiver.
— Et qui dit bal, dit danse.. avec un charmant jeune homme, fit la rouquine, un sourire malicieux aux lèvres.
— Ginny.. je déteste danser, tu le sais, et puis.. je vois pas qui voudrait de moi. Et je vois pas de qui je voudrais, m'empressai-je d'ajouter.
Elle posa sa fourchette et se tourna vers moi. Elle plongea ses yeux bleus dans les miens.
— Hermione. Commence pas. Tu sais très bien ce que j'en pense. T'es quelqu'un de très attirant. Tu mets juste pas assez de cœur dans ce genre de jeux. Il faut que tu oublies mon crétin de frère le temps de cette soirée et que tu t'amuses avec autant de garçons que tu peux. Je dis pas que tu rencontreras l'âme sœur ce soir-là.. je dis juste que tu as toutes les chances de ton côté. Bon.. évidement, ajouta-t'elle, malicieuse, il faudra te coiffer et trouver un sortilège pour masquer tes cernes ignobles.
J'eus un rire qui ressemblait plus à un étranglement qu'autre chose.
— Mes cernes sont si visibles que ça ?
Ginny sourit légèrement.
— Non, sans rire, repris-je, je sais que je fais pas trop d'efforts en ce moment.. après c'est pas comme si j'étais la seule. Quand je vois la mine de certains profs, c'est sûr que je prends peur. D'ailleurs, t'as vu Chourave ? On dirait un elfe de maison dépress...
— Change pas de sujet, me coupa Ginny. Promets-moi que tu viendras au bal avec un beau cavalier que t'auras pris soin de dénicher parmi les meilleurs.
Je soupirai.
— Depuis quand on a des garçons séduisants à Poudlard ? Je veux dire.. Sérieusement, dans notre entourage, qui est beau ? Harry a beaucoup de charme, mais ça je pense que tu l'as remarqué.. (rire de Ginny)... et Ron...
— Ne parle pas de lui. Tu te fais du mal.
— Peut-être.. en plus il est laid.
Les mots fusèrent de ma bouche sans que j'y ai réfléchi. Je me sentis rougir, puis je ris. J'étais sur la bonne pente pour l'oublier. La rentrée avait été difficile, mais plusieurs mois s'étaient déjà écoulés et même si je ne pouvais pas affirmer que je n'aimais plus Ronald, je sentais que je me détachais de lui progressivement. Ginny sourit puis regarda au-dessus de mon épaule en se crispant. Je me tournai instantanément. Le concerné était à l'instant en train d'entrer dans la grande salle, accompagnée de sa copine Celestia, pendue à son bras droit. Le voir me transperça le cœur. J'étais tellement en colère contre lui, mais surtout amoureuse. Ce dont je me rendais pas compte, c'est que mes sentiments pour Ron n'étaient pas purs, surtout depuis qu'il m'avait quittée pour cette fille de 2ans sa cadette. C'était malsain. J'avais presque autant envie de les tuer, lui et sa copine, que de retourner avec lui. C'était démentiel et enragé. J'avais l'impression de le haïr autant que je haïssais Malfoy. Au moment où cette pensée me traversa l'esprit, je tournai la tête à la recherche du Serpentard, que je vis à sa table, avec Zabini. Je ne voyais pas son visage, caché par des mèches platines tombant sur sa tête penchée. Lui et son stupide pote semblaient regarder quelque chose dans l'assiette de Zabini. Je détournai la tête de ce spectacle inintéressant et m'efforçai d'ignorer le regard insistant de Ron que je sentais sur mon dos au fur et à mesure qu'il avançait dans la grande salle. Je me posais la question nuit et jour. M'aimait-il encore ? Je le voyais, il me regardait souvent et les rares moments où sa copine n'était pas avec lui, il semblait vouloir me parler. Mais j'essayais de me convaincre qu'il valait mieux que je ne tente jamais de retourner avec lui. Je pris une grande inspiration, me levai et quittai la table.
— A toute à l'heure, Ginny, soufflai-je.
— Hermione ! T'as à peine mangé ! s'écria cette dernière.
Son exclamation avait attiré l'attention de Malfoy, qui leva sur moi ses yeux gris bleuté l'espace d'un instant. Troublée par le regard du Serpentard, je partis de la grande salle à moitié en courant. A croire que j'étais si faible que le regard de mon pire ennemi suffisait à me dérouter.
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Let It Happen
Fiksi Penggemar◊ When it happens, let it happen ◊ Poudlard, septième année. Être Hermione Granger ne me conférait pas de privilège particulier, c'est pourquoi j'étais de retour au château avec Ginny et Harry pour valider mes A.S.P.I.C.S. et espérer obtenir un empl...