Chapitre 7 : Escapade

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Jellal étouffait.

Certes pas littéralement, mais il étouffait tout de même. Etant Roi, son peuple pensait qu'il n'y avait personne de plus libre que lui. Ils avaient tord. Il était prisonnier. Prisonnier de ses obligations et de ce maudit –maudit !- château.

En tant que Mystogan, il avait eu l'habitude de faire ce qu'il voulait. De choisir ses aventures. De sortir seul dans les villes et s'il en avait besoin, d'endormir les autres. Il n'était jamais limité dans ses mouvements et surtout, il n'était pas surprotégé.

C'était le cas aujourd'hui. On ne le laissait pas agir à sa guise. S'il voulait sortir dehors, il serait immédiatement suivi de ses hommes les plus courageux. Même pour se balader dans le château, un garde le suivait discrètement.

Depuis la menace d'un régicide, la situation avait encore augmenté d'un cran. Et Jellal, même avec toute sa volonté, n'en pouvait plus. Son échappatoire (les entrainements) n'avait pas lieu régulièrement. Il lui restait des dossiers à lire, des discours à faire, des décisions à prendre, des nobles avec qui s'entretenir, et le tout dans son bureau. En compagnie d'un garde, comme l'avait exigé Erza.

Le Roi en aurait presque regretté d'avoir laissé carte-blanche à son second. La jeune femme avait pris la menace très au sérieux –trop si l'on voulait son avis - et les mesures de sécurités étaient draconiennes. Il avait même un goûteur désormais !

Bref, cette surprotection l'étranglait et il avait besoin de sortir. Seul.

Jellal attrapa une cape noire dans son armoire, se couvrit le visage, et sortit discrètement. Le garde à la porte dormait d'un sommeil lourd et ne remarqua même pas le passage de son roi. Satisfait et discret, il sortit sans problèmes de ses quartiers et entreprit de descendre les escaliers afin de quitter l'étage princier.

Entreprit seulement car sans même qu'il n'eut le temps de réagir, une dague se posa contre son cou et un corps le pressa contre le sien.

« Qui êtes-vous et que faites-vous ici ?! questionna froidement une voix.

C'était celle de son second. Il aurait presque admiré sa rapidité d'action et son sang-froid s'il n'avait pas lui-même était menacé par son arme. Puis il remarqua la proximité qu'il avait avec elle et d'un geste habile retira la dague des mains de son second et s'écarta d'elle. S'il y avait une chose qu'il devait éviter plus que tout, c'était d'entrer en contact avec la peau de la belle. Il en avait déjà assez rêvé depuis l'épisode de l'arc. Il était déjà trop accro.

-Votre mission n'est pas de tuer le Roi, commandant ! Mais de le protéger, répondit-il.

En reconnaissant la voix de son Roi, Erza se détendit. Jellal en profita pour se retourner et la regarder et fut surpris de constater qu'elle était habillée comme n'importe quelle femme du peuple. Ses cheveux étaient noirs et elle était maquillée. Pourquoi ? Et que faisait-elle ici ?

-Puis-je savoir ce que toi tu fais ici dans cette tenue ? demanda-t-il.

Elle eut la décence de rougir. D'un air penaud, qui ne lui sciait guère, elle répondit :

-J'ai entendu dire qu'un groupe d'individus souhaitant fomenter un coup d'Etat se réunissaient ce soir. Je l'ai donc infiltré.

Le cœur du Roi manqua un battement. C'était exactement le genre de réponse qu'il ne voulait pas entendre. Infiltrer une réunion d'hommes près à tout pour prendre le pouvoir était dangereux. Très dangereux. Et elle l'avait fait sans que personne ne le sache. S'il lui était arrivé quelque chose, il s'en serait voulu toute sa vie. Tous savaient qu'il avait confiance en ses décisions. En elle.

-Et pourquoi n'avoir mis personne au courant ?

De nouveau, elle semblait légèrement honteuse.

-J'ai ouïe dire que certaines personnes proches de vous faisaient partie du groupe. Je voulais y aller sans que personne ne connaisse mes intentions. Et j'ai bien fait !

Oubliant son air gêné, elle reprit confiance en elle. Et il savait qu'elle avait découvert quelque chose.

-Qui ? demanda-t-il.

-Le premier conseiller.

Jellal pâlit. Orzo ? C'était impossible ! Il avait confiance en lui ! Avec sa vie !

-Je vois...

Orzo connaissait chaque changement de garde, chacun des hommes en qui il avait confiance. Il connaissait les peurs et les faiblesses du Roi. Il semblait même avoir deviné le trouble qu'éprouvait Jellal pour Erza. Il était donc véritablement un danger.

-Et tu venais me prévenir, conclu-t-il.

Erza hocha la tête, silencieuse. Elle savait que le Roi se sentait trahi et qu'il avait besoin de tranquillité. Elle ne dit rien quand le Roi s'approcha d'elle et d'un geste rapide remit sa dague dans son fourreau. Elle ne dit rien quand il lui attrapa la main et ouvrit une porte dérobée derrière lui. Elle ne dit rien quand il l'entraina jusqu'au jardin, sans jamais lâcher sa main. Elle ne dit rien quand il la força à s'assoir sur un banc, qu'il la regarda dans les yeux et lui dit :

-Ne me trahis pas toi aussi».

Non, Erza ne lui répondit pas. Mais doucement, presque hésitante, elle attrapa de sa main libre celle de son Roi.

L'aube d'une nouvelle èreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant