Les feuilles se détachaient des arbres, virevoltaient dans l'air puis venaient s'échouer lamentablement sur le sol. L'automne était arrivée dans les rues de la ville. Les couleurs des grandes allées avaient changé en même temps que la saison. Les arbres teintés d'orange, de marron et de rouge et le ciel tapissé d'un long voile gris qui semblait solidement fixé donnaient une autre vie à cet amas de bâtiments. Une vie plus douce et plus paisible.
La température avait décidé de s'affaisser suite à l'été. Laissant tout de même un peu de chaleur parfois mais préférant surtout s'approcher du nombre neutre. Toutes les personnes marchant dans la rue étaient à présent munies d'un épais manteau ainsi que d'une écharpe et, pour les plus frileux, d'un bonnet.
L'automne, le moment où la nature change et nous rend nostalgique. Repenser à l'été nous rend triste mais penser à l'hiver nous fait sourire. Les soirées de grands froids passées sous une couverture avec un chocolat chaud à la main, le bonheur de rentrer dans une maison chaude après avoir bravé le froid de l'extérieur, tant de raison d'aimer l'hiver, et donc l'automne. L'automne qui vient à peine d'arriver et qui pourtant va bientôt laisser place à son voisin.
L'automne est, pour beaucoup, le meilleur moment de l'année. Sentir cet air frais après les chaleurs de l'été, voir toutes ces nouvelles couleurs et ces nouveaux paysages, un vrai paradis pour les âmes en quête du plus bel instant. Toutes ces personnes tenant leur boîtier à flash à la main parcourant les rues se vidant peu à peu dut à la fraîcheur de l'air permettaient de laisser le peu de vie nécessaire dans ces immenses pistes noires.
Dans les écoles, les uniformes d'été avaient fait place à ceux des grands froids. La beauté du peu de vêtements que les étudiants pouvaient choisir ne comptait plus, seul le confort et la chaleur étaient pris en compte.
L'automne était aussi cette saison qu'adoraient les propriétaires de cafés. Le froid donnant envie aux habitants de boire une bonne boisson chaude, assis dans un endroit chauffé et confortable. C'est d'ailleurs dans l'un de ces cafés de la grande ville que travaille un jeune homme. Ses cheveux bruns retombant sur ses yeux, il se déplaçait de tables en tables le plus rapidement possible. L'automne était la saison où tout marchait au ralenti mais lui se devait de tenir le rythme.
Le garçon adorait lui aussi cette saison, pour les mêmes raisons que tout le monde. Il n'était pas extraordinaire, il était plus ordinaire qu'autre chose. Il était seulement un jeune homme qui allait à l'université et travaillait après les cours pour avoir un peu d'argent de côté. Étudiant en faculté de lettres, il aimait toutes les belles choses, surtout celles qui avaient rapport avec les mots. Il était quelqu'un de simple à suivre et de très prévisible.
À l'autre coin de la ville, un autre jeune garçon. Un garçon se démenant dans les études. Il n'avait pas d'autres choses à faire de ses journées mise à part étudier. Non, il n'était pas l'exemple même du bon élève, il ne savait juste pas quoi faire pour faire passer ces longues heures d'ennuis. Aucune passion, il était quelqu'un de complétement vide.
Il étudiait les langues, avec pour seul rêves de voyager très loin sans ne jamais revenir. Oui, tel était son rêve, partir et ne plus jamais revenir. Il voulait faire de nouvelles découvertes et rester dans son pays ne lui plaisait pas. Il disait vouloir voir de nouveaux horizons mais il voulait surtout se trouver et se comprendre ne se sentant pas chez lui dans cette ville, dans ce pays.
Deux garçons avec plus de points communs qu'ils n'avaient pu le penser. Et pour cause, il était maintenant ami. Leur rencontre avait été comme eux, totalement banale. Ce fut lors d'une porte ouverte dans l'université de lettres du premier, la classe du second s'y était rendue et les deux garçons s'étaient retrouvés dans le même groupe, se forçant à créer des liens avec de nouvelles personnes. Et ils n'avaient plus voulut se lâcher après ça, heureux d'avoir enfin trouvé quelqu'un qui comprenait leur point de vue sans se fâcher ou se sauver en courant.
Les deux garçons se battaient chacun de leur côté pour la même chose, partir. Quitter le pays était, pour eux, comme s'enfuir et commencer une nouvelle vie plus passionnante que celle qu'ils vivaient maintenant. Hé oui, les deux jeunes hommes ne voulaient que fuir, ils étaient certainement lâches mais ils ne voulaient pas y penser. N'avons-nous pas tous été lâches au moins une fois dans notre vie ?
Le plus jeune des deux était à présent sorti de la petite boutique. Il allait maintenant vers l'autre côté de l'immense paysage de pierre voir la personne à qui il tenait tant. Il ne voulait pas se dépêcher, rien ne le presser de toute façon. Alors il ralentit le pas et apprécia chaque moment. Ces automnes allaient lui manquer quand il sera parti, il aimait tellement ce sentiment de nostalgie qui le prenait lorsque les nuits tombaient qu'il espérait aller dans un endroit où l'automne serait le même. Pour lui c'était plutôt ironique, la seule chose qui le retenait sur ces terres était une saison, mais cette saison comptait beaucoup trop pour lui pour la laisser tomber.
Toutes les péripéties de sa jeune vie s'étaient, aussi étranges soit elles, déroulées sous des avalanches de feuilles et de larmes du ciel. Alors il ne voulait jamais oublier ce moment de l'année, peu importe ce qui lui tomberait encore sur la tête, il ne voulait pas oublier tout ce qu'il a vécu, les bonnes comme les mauvaises choses.
Rentrant dans l'appartement du plus âgé, il ne put s'empêcher de lâcher un soupir d'aise. Il était enfin dans le seul endroit qu'il considérait comme sa maison. Et cette chaleur qui prenait place en lui lui faisait tant de bien. Alors il s'approcha de la chambre et entra dedans, retrouvant un jeune homme assit devant son bureau. Il passa doucement ses bras encore froids autour du corps de l'autre personne et ferma les yeux, savourant ce moment.
Le plus jeune avait enfin réuni assez d'argent pour s'en aller. Après plusieurs années de dur labeur, il avait enfin atteint son but, il allait enfin pouvoir s'envoler très loin avec la personne la plus chère à ses yeux. Les deux garçons n'arrivaient plus à penser correctement. Tout semblait être un rêve, ils ne pouvaient pas y croire. Le plus vieux serra à son tour le jeune homme dans ses bras en le remerciant continuellement. Tout cela n'était possible que grâce au plus jeune, c'était lui qui avait ramené tout l'argent nécessaire.
Alors le lendemain, ils quittèrent emplois et études, se préparant à partir dans quelques jours. Ils n'avaient besoin de rien plus, juste de la présence de l'autre. Jamais ils n'auraient besoin de plus car peu importe les difficultés qu'ils traverseront, ils le feront ensemble, plus jamais ils ne resteront seul. Leur avenir était complétement flou mais seule cette partie semblait briller, comme une étoile dans un ciel vide. Ils n'avaient pas peur de ce que pouvait réserver demain, car ils continueraient à se battre ensemble.
C'était le moment, le moment de faire le premier pas vers une nouvelle vie. L'avion semblait les attendre avant de partir, ne voulant pas rater la chance de leur offrir ce qu'ils voulaient le plus.
- C'est l'heure Taemin.
Et le plus vieux, répondant au nom de Minho, scella ses doigts à ceux du plus jeune. Ils prenaient un nouveau départ, ensemble envers et contre tous. Jamais ils ne se lâcheront la main, jamais ils se quitteront car la vie ne vaut pas le coup d'être vécu s'il leur manquait cette personne qu'ils aimaient plus que leur propre vie. Alors pour l'instant ils mettaient un pied après l'autre, apprenant à marcher ensemble pour traverser tous les ponts de leur chemin.