Dernier extrait publié sur Calliandra disponible chez publilivre.fr le tome 2 est achevé, je vous mettrai des extraits également. Dans ce tome 2, la narration est faite par Tibalte, un chapitre sur deux.
Le ludus dans lequel vivait Calliandra ne possédait pas la grande renommée du célèbre ludus magnus romain. Les gladiateurs qui évoluaient auprès de Benus n'avaient que peu de chance de s'illustrer parmi les plus grands héros de l'arène. Pour se faire remarquer, il fallait être le meilleur. Martial se contentait des combats qui avaient lieu entre les grandes rencontres pour combler les attentes des spectateurs. Il avait pourtant connu son heure de gloire avec l'un de ses titans qui avait su atteindre la lumière : Spiculus. Il était devenu célèbre et la foule scandait son nom avec frénésie à chacune de ses apparitions. Malheureusement, il fut blessé lors d'un combat et ne parvint jamais à retrouver le niveau d'excellence qui lui avait permis d'être parmi les plus grands. Martial avait alors décidé d'en faire un doctore de talent.
Les choses s'apprêtaient à changer et Martial l'avait bien deviné. La naissance de Calliandra attirait les curieux, suscitait les débats mais, à la voir se battre avec ses deux épées bien ancrées dans ses mains menues, il savait qu'elle allait déclencher bien plus encore que de simples questions. Il n'avait de cesse de veiller sur elle, empêchant son épouse d'intervenir. Il connaissait son aversion pour la jeune fille, elle ne s'en cachait pas. Elle lui reprochait depuis sa naissance de l'avoir gardée et protégée au détriment du bon sens et de la volonté des Dieux. Elle aurait souhaité que Calliandra soit traitée comme une esclave et la liberté qu'elle possédait entre les murs du ludus lui était insupportable. Tullia ne comprenait pas pourquoi Calliandra passait des journées entières à s'entraîner et lorsqu'elle demandait à son mari de l'éclairer, ce dernier éludait la question d'un geste de la main. Depuis l'arrivée de Calliandra, leur couple n'était plus le même, un fossé les séparait désormais et les époux ne partageaient plus la même couche. Le dialogue était devenu infructueux et destructeur, l'amour, illusoire.
Calliandra courait dans la galerie qui rejoignait l'aire d'entraînement. Elle n'avait que douze ans mais son intelligence n'échappait à personne. Elle était vive, d'une beauté incontestable, l'esprit bien plus riche que celui d'un grand nombre d'adultes. Martial aimait discuter avec elle ou jouer aux échecs. Elle gagnait souvent et souriait. Ce sourire-là provoquait toujours en lui des vagues étranges de satisfaction. Elle aimait courir dans le ludus, une habitude qu'elle avait développée même la nuit lorsqu'elle ne parvenait pas à dormir. Quand personne ne la regardait, elle s'amusait à prendre appui sur les murs en briques pour sauter. Elle se lançait des défis, toujours plus haut, toujours plus fluide. Elle entretenait sa souplesse tous les jours et sa mère riait souvent de la voir se contorsionner avant d'aller au lit. Elle lui disait qu'elle avait la légèreté d'un oiseau, la grâce d'une lionne.
À ses douze ans, Calliandra décida de montrer ce talent si particulier au doctore qui l'entraînait de plus en plus souvent. Elle ne savait pas vraiment si cela allait l'impressionner mais elle sentait qu'il fallait qu'elle se démarque, qu'elle soit différente et qu'il pesait sur ses frêles épaules des attentes démesurées. Elle ignorait d'où lui venait ce sentiment mais il persistait et demeurait vivace, se renforçant même un peu plus chaque jour.
Spiculus la regarda tournoyer dans les airs et fut pris au dépourvu lorsqu'elle atterrit derrière lui, ses deux lames dangereusement proches de ses jambes. Il la dévisagea un instant, stupéfait par cette enfant capable de voler et d'avoir une telle maîtrise de son corps. Il sentit monter en lui une vague de fierté immédiatement freinée par les flots de l'inquiétude. Elle était prête, elle était même destinée. Comment son maître avait-il su ? Dès sa naissance. Qu'elle serait un être à part.
- Il faut montrer ça à notre maître.
Le doctore mena sa petite protégée au tablinum, le bureau où le maître recevait ses hôtes importants pour régler des affaires qui ne concernaient que lui, à l'abri des oreilles indiscrètes de son épouse. Cette pièce était richement meublée et décorée avec le plus grand soin. Martial prêtait une grande attention aux détails ainsi qu'à l'apparence. Il connaissait assez bien les Hommes pour savoir qu'ils accordaient beaucoup trop d'importance au paraître et qu'un laniste de goût était toujours plus susceptible de séduire les serpents qu'un laniste apparemment médiocre. Le bureau était visible depuis l'atrium, l'espace permettent d'accéder à toutes les pièces de la villa et s'ouvrait sur un jardin qui possédait en son centre un bassin d'eau entouré de colonnes, le péristyle. Spiculus aperçut son maître, penché sur une table, une plume de roseau à la main, l'air concentré. Martial sentit sa présence car il releva immédiatement la tête et l'invita d'un signe de la main à entrer.
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calliandra la gladiatrice : le rubis de rome
AventuraUne héroïne hors du commun. Une époque bâtie sur des intrigues, des mensonges. Plongez au coeur de la Rome antique, parcourez ses couloirs tortueux et decouvrez ce qui se cache derrière les murs d un ludus. Quand une esclave se révolte pour affronte...