Rouge Venin

4.

 Lorsque nous revenons vers Anguis, la nuit est presque tombée. Les grandes portes de fer s'ouvrent avec un grincement perçant puis nous nous dirigeons vers le Siège du Faucheur. Nous déposons les cadavres du gibier que nous avons chassé et des poissons que nous avons attrapé. Père se lève et tend les bras vers nous.

-Mes enfants, vous avez très bien travaillé aujourd'hui. Maintenant il est temps d'aller manger, laissons Estar s'occuper de vos trouvailles.

Le petit homme bougonne mais ne résiste pas très longtemps au regard agressif de Père. Il tend les bras vers une salle se trouvant sur le côté gauche et nous avançons vers la salle à manger. Je retrouve la grande table en bois où se trouve notre repas. Même si la quasi-totalité des habitants sont morts ici, certains restent bel et bien vivant et n'ont pas cette chance de pouvoir manger. Quelques fruits sont déposés dans des coupelles en forme de crâne, et il y a également de la viande et du pain, malgré l'aspect noirâtre de celui-ci. Nous nous installons chacun à notre place et le repas se passe en silence. Aucun de nous trois n'aimons parler à table. Je ne mange pas beaucoup car je passe le plus clair de mon repas à fixer Rash. Je guette le moindre signe, le moindre regard qui me confirmerait son mal être. Néanmoins, il se contente de fixer sa nourriture et de jouer avec. Lorsque nous avons finis, je demande à Laye ma servante de me préparer un bain chaud, histoire de relaxer mon corps après cette rude journée. Je remonte dans ma chambre et je me déshabille avant d'enfiler un long peignoir fait avec de la peau de lion noir pour me couvrir le corps en attendant d'être dans mon bain. La salle de bain est une assez grande pièce, un peu miteuse mais néanmoins bien entretenue par les servants et servantes. Lorsque le bain est rempli, je chasse Laye de la pièce et fait glissé la peau de bête le long de mon corps. L'eau est chaude et d'une couleur étrange, un mélange entre du gris et marron. Elle m'arrive jusqu'en haut des seins et je plonge ma nuque. Je détache ensuite, unes à unes, les trois tresses collées de ma tête et laisse mes cheveux noirs se noyer dans l'eau sale. Ici, peu de gens bénéficie de ce genre d'attention. L'eau est précieuse, et elle reste très dure à avoir sur nos terres. Mes mèches charbons flottent et ondulent autour de moi. Je reste dans la baignoire à mijoter dans la chaleur, jusqu'à ce que ma peau soit rouge comme une cerise. Une fois séchée, j'enfile rapidement une tenue de nuit et me dirige vers ma chambre à l'aide  d'une bougie. Lorsque j'arrive dans la pièce, je trouve mon frère assis en tailleur sur l'un de mes oreillers.

-Ne te gènes pas surtout !

Il relève alors la tête et sourit. Puis en voyant mon air renfrogné, il éclate de rire et tapote sur le lit. Je m'assoie à ses côtés et observe le petit paquet qu'il tient dans ses mains. Il soupire et ses mains se mettent à trembler.

-Avant que maman ... ne disparaisse, elle a écrit ceci. Je ne sais pas ce que c'est mais elle me l'a juste confié. Au départ, j'ai cru que c'était pour moi, mais elle m'a dit qu'il fallait que je te le donne, lors de ton 18ème anniversaire.

J'ai décidé de raccourcir mes chapitres car je pense qu'ils sont un peu trop long, beaucoup de gens ne vont pas jusqu'au bout des récits et je pense que c'est parce qu'il y a trop à lire d'un coup ;)