Le trouver

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Il était tard, tellement tard que seuls la lune et les lampadaires éclairaient les rues de la ville. Un soir de pleine lune, un soir serein et splendide. La nuit aurait pu être sympa, une promenade nocturne de deux amants, des chouettes hululant, un petit vent rafraichissant. Ça aurait pu être sympa…

Lyla marchait rapidement, sortant de boîte de nuit, elle était d’une humeur fracassante. Ses amies étaient toutes reparties avec un mec, elle, elle rentrait à pieds. Heureusement, il faisait bon, pas de pluie. Ses longs cheveux roux flottaient pris dans la brise, ses yeux cherchaient. Ils tournaient dans tous les sens, fouinant dans les ruelles, les recoins, elle était assoiffée. Cherchant avidement, elle croisa le regard d’un homme.

Il avait une allure farouche, un peu dégueulasse. Grand et frêle, ses vêtements semblaient petits et sales. La lumière artificielle ne l’aidait pas des masses à distinguer correctement cet homme. Il s’avança, les yeux fous, la barbe et les cheveux hirsutes, il souriait. Il souriait certes mais d’un sourire malsain et de dents jaunes. Il s’avança encore, trop près au goût de Lyla. L’odeur de son corps atteignant la jeune fille, elle eut un haut le cœur. Cet élan de dégoût lui permit de lever le poing et d’un coup violent, l’homme s’effondra, les dents rouges. Lyla continua son chemin, à 30 ans, savoir mettre un homme au sol, elle n’était pas peu fière.
Elle continua son avancée. A errer dans les rues, elle finirait bien par le trouver.

La deuxième rencontre qu’elle fit la dérangea particulièrement. C’était un homme friqué, il avait la classe, lunettes avec un air intello. Il s’approcha de Lyla également, il faisait une danse étrange qui se voulait sensuelle. Ses gestes étaient maladroits et tout sauf sexy. Il n’était pas repoussant, ni même moche mais Lyla se sentit particulièrement mal à l’aise.
-Salut ma jolie ! Lança-t-il d’une voix suave.
-Hum… Bonsoir. Répondit-elle poliment.

Il s’approcha :
-Quel est le prénom d’une femme aussi belle ? Rosabella ?

Devant cette approche honteuse, Lyla secoua la tête et essaya de partir. Le jeune homme la retint par le bras. Grave erreur ! Le sang de Lyla ne fit qu’un tour, il se retrouva par terre dû à un jeu de jambes de celle-ci. Il lui jeta alors un regard noir qu’elle lui retourna puis repris son chemin d’un déhanché assuré, elle le trouverait.

Les heures avançaient, le temps filait si bien que la lune descendait, se cachant petit à petit derrière l’horizon. Sous sa lumosité, les ruelles devenaient plus sombres et plus lugubres. Lyla cherchait toujours, pressant le pas. L’air se rafraichissait, de petits nuages blancs sortaient des lèvres de la jouvencelle au rythme de sa respiration. Tout à coup, un bruit métallique retentit derrière elle. Les muscles tendus, tous les sens à l’affut, elle se retourna. Ce qu’elle aperçut lui glaça le sang : elle était suivie ! Les deux hommes qu’elle avait mis à terre quelques temps plus tôt s’avançaient vers elle. Ils avaient l’air de faire équipe, une équipe contre laquelle la petite bagarreuse n’avait aucune chance. Condamnée à finir entre leurs sales pattes, elle trouva que sa meilleure solution était la fuite. Son cœur s’était accéléré lorsqu’elle ordonna à ses jambes de s’activer. Elle tourna à l’angle de la rue, en traversa trois et changea de direction autant de fois qu’elle le pouvait. Elle ne s’arrêta que lorsqu’elle sentit son cœur au bord des lèvres. Se retournant à bout de souffle et rouge pivoine, elle constata avec soulagement qu’elle les avait semés. Mais elle constata également qu’elle était complétement perdue. Les ruelles sombres et l’ambiance nocturne ne la rassuraient pas, elle essaya donc de rejoindre la lumière. Cette direction la mena à un garage amateur, aussi éclairé qu’une boite de nuit dont le panneau au-dessus de la grande porte était écrit en grosses lettres jaunes « Rusty ».
Un jeune homme était occupé à retaper une voiture. Il était de dos, penché vers l’avant, ses petites fesses mise en évidence. Il semblait avoir des cheveux châtains tirés en queue de cheval. Il n’avait pas encore remarqué Lyla et se retourna pour prendre un marteau. Sa silhouette était magnifiquement proportionnée, son jeans et son T-shirt sale le mettaient clairement en valeur.

Elle dû détacher son regard de ce beau mâle, deux hommes beaucoup plus jeunes arrivaient en courant vers elle. De bien étranges personnages ! Des jumeaux blondinets au grand sourire et spontanés. L’un d’eux lui lança :
-Hey, salut ! T’es qui ?

Sans lui laisser un temps de répondre, l’autre enchaina :
-T’es vachement belle, c’est quoi ton nom ?

Lyla fut touchée par ces zigotos visiblement sincères et inexpérimentés. Son regard passa au-dessus d’eux. Le garagiste se fichaient pas mal de ce qu’il se passait hors du capot de sa bagnole.

Tout à coup, l’un la saisit par la taille et l’attira contre lui.

-Elle est à moi ! S’écria-t-il.

L’autre lui attrapa le bras et tira.

-Je vois pas pourquoi, c’est toi qui l’aurais !

La scène était digne d’une histoire, ils agissaient ignorants son avis comme s’il elle était une poupée.

-Heu… Les gars ? Tanta-t-elle
C’était vain, celui qui la tenait avait desserré son étreinte et l’autre en profita en l’arrachant des bras de celui-ci. Son mouvement manqua de précision et de forces et envoya Lyla s’écraser sur le béton de la rue.

Assise par terre entre les deux jumeaux qui se querellaient, son genou la brûlait, sûrement éraflé. Leur grand frère, les écarta et tendit la main à Lyla. Celle-ci s’aidant du coup de main, elle se retrouva sur pieds. Elle était bien plus proche du garagiste qu’elle ne le pensait : son visage n’était qu’à quelques centimètres du torse puissant caché sous le T-shirt sale. De si près, elle vit qu’il avait une barbe naissance et ses yeux se plongèrent dans ceux noisettes de son sauveur. Le cœur de la belle rousse s’accéléra, son souffle se fit plus court. Elle l’avait trouvé ! Ça ne pouvait être que lui.

-Tout va bien ? Demanda-t-il. Il ne faut pas trainer ici le soir. C’est un lieu dangereux, vous devriez rentrer.

Le cœur battant, collée contre lui. Lyla se dit qu’elle n’avait rien à perdre. Avalant sa salive bruyamment elle lui demanda sur un ton se voulant suave :

-Vous me raccompagnez ?

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