IL ETAIT UN JEU

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Il semblait effrayant. Là, tapit dans l'ombre de la pièce, blottit au creux des ténèbres, droitement adossé contre le mûr, la tête légèrement relevée, le regard froid et fatigué, la respiration contrôlée, du sang dégoulinant de son nez et le Glock 23 pendant du bout de ces doigts sales.

Elle semblait effrayante. Là, tapit dans l'ombre de la pièce, blottit au creux des ténèbres, droitement adossée au mûr, la tête légèrement relevée, le regard vide et terne, la respiration légère, du sang dégoulinant de son nez, le Glock 23 fermement empoigné au creux de sa paume sale.

- Je sais pas c'est quoi le pire, être enfermé ici avec toi, ou cette proximité avec la mort, railla le jeune homme d'une voix sèche depuis l'autre côté de la pièce.

- La mort me semblerait toujours plus douce que ta compagnie, répondit-elle en nettoyant d'un faible revers de la main le sang qui continuait de couler à cause du manque d'oxygène.

- Alors qu'attends-tu pour te tirer cette putain de balle Granger ? Fit il soudainement plus sérieusement.

- Je n'ai pas tenu trois jours sans dormir dans cette foutu cave pour que tu puisses t'en sortir vivant et moi pas Malfoy, rétorqua t-elle d'une voix asséchée.

- Si tu le faisais, j'en sortirais non seulement vivant mais aussi débarrassé de ton existence à jamais, lança t-il acerbe.

- J'en tirerais le même bénéfice si jamais tu te décidais à foutre ce putain de Glock sur la tempe et à appuyer sur la détente.

Un rire grave et rauque résonna sinistrement dans toute la pièce. Un rire asséché par la soif, brisé par la fatigue et accompagné d'un soupçon de folie non dissimulée derrière un visage qui lui, est pourtant si bien dissimulé.

Draco se redressa tout doucement et se décolla du mûr qu'il n'avait plus quitté depuis deux bonnes heures maintenant. Il tituba légèrement sur ces jambes tandis qu'il s'approchait peu à peu de la jeune femme face à lui. Le Glock pendant toujours négligemment dans la main gauche, il ne s'arrêta que lorsque son front rencontra le canon froid et dur du pistolet de la brunette, imposant ainsi une distance plus que nécessaire entre les deux ennemis.

Un petit sourire dessina l'extrémité de ces lèvres face à ce geste intrépide et immédiatement, l'aristocrate se redressa de nouveau, adoptant une posture fière.

Il se mit à l'observer pour la première fois depuis deux jours. Elle semblait tout aussi épuisée et faible que lui. Sa tête ne tenait presque plus debout, son visage était parsemé de boucles qui retombaient aussi lasses que sa tête sur son front, ces yeux vides, ternes et à demis-clos étaient cernés, sa respiration se faisait rare, et le sang avait à présent séché sur ces lèvres. Malgré tout, elle tentait de garder la tête haute et la posture digne. Jamais il crut un jour, que la plus belle femme qui lui aurait été donné de voir dans sa courte vie, serait son ennemie, une audacieuse lionne luttant contre la mort.

Hermione pendant ce temps, se mit à détailler à son tour, l'homme face à elle. Quelque-unes de ces mèches désordonnées et d'un blond immaculé retombaient sur son front en sueurs, son regard auparavant d'un bleu acier n'était plus que deux fades iris, le sang continuait de s'écouler de son nez, ces lèvres étaient sèches, son sourire presque théâtral, et sa barbe naissante lui donnait un air encore plus cadavérique. Même dans cette état là, il restait beau à en damner.

- La question n'est pas de savoir qui aura la sympathie de se loger une balle dans le crâne au plus grand plaisir de l'autre, mais lequel d'entre-nous trouvera le courage de dresser son Glock contre l'autre, fit-il un léger sourire aux lèvres.

- On dirait bien que c'est moi, répondit-elle en collant un peu plus le canon du pistolet sur son front moite.

- Tu as la position, maintenant aie le courage de tirer, la défia t-il sans bouger d'un millimètre.

A ces paroles, la jeune femme se redressa un peu plus à son tour et déposa son index sur la courbe de la détente en signe de défi. Son regard brava le sien pendant plusieurs secondes consécutives, plusieurs secondes où ces orbes décolorées étaient en quête de cette infime parcelle de peur dans son regard. Peur, que jamais elle n'eut la chance de déceler.

- C'est bien ce que je pensais. Jouons à un jeu Granger, enchaîna presque trop rapidement le Serpentard. L'un de nous deux va crever, c'est une évidence, alors rendons cette fin équitable et amusante.

La jeune femme dont le regard n'avait toujours pas quitter celui de son ennemi, abaissa tout de même lentement et prudemment son arme. Elle était intelligente et lui aussi, elle savait qu'il avait raison, l'un d'eux allait mourir, que ce soit aujourd'hui, demain ou dans trois jours. Une seule personne allait sortir vivante de cette pièce et enjamber le cadavre de l'autre.
Au fond, ils représentaient ni plus ni moins que de vulgaires pièces dans un jeu d'échec, les toutes dernières, les deux plus importantes, manipulées dans l'ombre par une seule et unique personne qui se délectait de les voir souffrir à mesure que les jours passaient. Dans ce cas, le jeu devait prendre fin, dès ce soir, afin de ne pas laisser une journée de plus à leur persécuteur.

- Je t'écoute, répondit-elle en s'adossant de nouveau au mur avec toute la force qu'il lui restait.

- Un tout banal « Action ou Vérité » avec un léger changement de règle, répondit-il d'une voix doucereuse.

- Abrège Malfoy, rétorqua t-elle sèchement.

- Bien, céda t'il. Au cas où l'un de nous deux n'aurais pas su exécuter l'action ou répondre à la question, alors celui-ci devra tourner son arme contre sa propre personne, répondit-il simplement. C'est-à-dire..

...se tuer, finit-elle dans un murmure. Ce qui permettrait à l'autre de s'en sortir..

- Audacieux n'est-ce pas ? Alors, qu'en penses-tu Granger ? Ont accélère le destin ou ont attends de crever de bonté ?

- Bien, répondit-elle incertaine. J'en suis et je commence.

Draco esquissa un énième petit sourire qui ne présageait en général rien de bon et s'en retourna à sa place, c'est-à-dire de l'autre côté de la sombre pièce. De là, il reprit sa position de départ et s'adossa de nouveau contre le mûr couvert de poussière, une main dans la poche, l'autre taquinant du bout des doigts son Glock.

- Vérité, lança t-il au bout de quelques minutes, brisant le silence de la pénombre dans laquelle ils étaient plongés.

Pourquoi être devenue mangemort ?

Si prévisible Granger, souffla t'il légèrement exaspéré par l'originalité de sa question à laquelle il s'était préparé à répondre. Je voulais un rôle dans cette guerre. Pas celui d'un de ces nombreux « sous-héros » qui savent d'ors et déjà que la gloire ira à Potter et qui s'en accommode. Je voulais représenter quelque chose, alors j'ai cédé au mal. Et me voilà aujourd'hui.

La lionne eut un petit rire ironique.

- C'est si faible de ta part, commenta t-elle simplement, trop fatiguée pour débattre de son statut.

- Tu t'attendais à quoi ? J'ai fais ce choix là, personne ne m'y a forcé.

- Et te voilà, au rang d' « adjuvant », tu sais, ce statut que tu ne voulais pas, lança t'elle sèchement.

Malgré l'obscurité dissimulant la partie supérieur de son visage, Hermione put très aisément deviner que le jeune homme n'était soudainement plus aussi calme qu'auparavant. Alors avant même qu'il n'est le temps de répliquer la jeune femme lui coupa la parole et le prit de court.

- Vérité.

Quelque peu surprit et déçu par ce manque d'intérêt pour leurs habituelles joutes verbales, le jeune homme décida de relancer le jeu à sa façon.

- Pourquoi avoir choisis Weasley ?

- Et pourquoi pas ? Répliqua froidement la brunette.

- Ce n'est pas à mon tour de jouer que je sache alors range tes griffes et répond Granger.

- Parce-que je l'aime. Parce-qu'il est bon et attentionné avec moi. Depuis nos onze ans c'est comme si nous étions prédestiné à terminer ensemble, avoue t-elle légèrement pensive.

- Tragique, commenta t-il d'une voix emplie de dégoût.

- Tragique ?

- Et tellement dommage.

- Je t'en pris Malfoy, fais moi part de ton avis, je meurs d'envie de le connaître comme toujours, fit-elle en se relevant cette fois-ci prête à affronter les paroles du Serpentard.

- Mon avis je viens de l'exprimer : tragique et dommage, rien que ça, répondit-il simplement.

- Oh pitié, je te connais Malfoy. Je sais à quel point tu crève d'envie de me dire que lui et moi sommes pitoyables à souhait, que notre couple n'est qu'une relation stable, sans passion, aussi ennuyeuse que prévisible. Qu'au fond nous ne sommes que deux individus partageant une peur commune : celle de ne trouver personne d'autre à aimer si ce n'est que l'un l'autre, continua t-elle sans prendre la peine de respirer. Que notre amour est superficielle, surfait, fabriqué, que..que..

- Que tu ne ressens rien pour lui, acheva le jeune homme.

Hermione ferma les yeux lentement et à bout de souffle. Il l'avait eu. Dissimulé sous une fine couche d'obscurité bouillonnante depuis l'autre côté de la pièce. Il avait réussis par la force des mots à lui faire dire tout haut ce qu'elle pensait tout bas en l'espace d'une misérable, insignifiante et vulgaire minute. Des phrases qui en l'espace de trois ans n'avaient jamais franchis la barrière de ces lèvres.

« On est Serpentard ou on ne l'est pas »

L'aristocrate se redressa une énième fois pour quitter son mûr. Il se mit à marcher jusqu'à la jeune femme d'un pas lent, d'une démarche propre à son statut social.

- Pas besoin d'être Merlin pour savoir que Weasley n'est pas l'homme qu'il te faut et ne l'a jamais été, dit-il d'une voix étrangement sérieuse.

Et qui es-tu Malfoy pour décider de ce qui est bon pour moi ? Répliqua t-elle en plongeant son regard dans le sien.

Cet intense regard bleu aux couleurs des mers les plus froides que ce monde puisse connaître. Ce divin mélange de couleurs qui vous engloutissait dans les profondeurs abyssales du Pacifique. Depuis ces onze ans, Hermione avait été mainte et mainte fois noyée par ces iris hors du commun, hypnotisée, manipulée, électrisée, et chaque fois que son regard se plongeait dans le sien, un souffle glacial s'emparait de tout son être. Une délicieuse brise enrobait doucement son cœur et y provoquait un milliard de frissons sur sa peau brûlante.

- Peut-être celui qui te faut, murmura t-il lorsqu'il fut maintenant à quelques mètres seulement d'elle.

- La seule chose que je ressens pour toi c'est de la haine, fit-elle.

- Et c'est de la haine que née la passion, répliqua t-il le sourire en coin. Ose me dire que tu n'as jamais rien ressentis pour moi que de la haine, Granger. Ose me dire que parmis tout ce déchaînement de violence que nous avons l'un pour l'autre tu n'as jamais ressentis cet étrange sentiment. Celui qui comme à ce moment-là, anime chaque parcelles de ton corps et réchauffe ton sang à l'en faire bouillonner dans tes veines. Sais-tu comment on appelle ce sentiment ?

Le jeune homme s'était un peu plus rapproché de la lionne à chaque mots et son visage n'était plus qu'à quelques centimètres du sien.

- Non, répondit-elle sachant pertinemment de quoi il voulait parler.

- Oh que oui tu le sais et tu le connais très bien en plus de ça, murmura t-il d'une voix douce tout près de son oreille.

Elle déposa troublée et incertaine son Glock sur le torse du jeune homme.

Oui, Hermione Granger désirait Draco Malfoy. Elle s'en était rendu compte il y à quelques années de cela lorsque leurs habituelles confrontations avaient peu à peu laisser place à un nouveau sentiment encore plus puissant que la haine. La sensation que ce n'était jamais assez, que même les mots les plus cruelles ne pouvaient éteindre ce brasier niché au centre même de son cœur. Elle voulait toujours plus. Elle voulait lui faire du mal, physiquement, avec passion. Elle voulait..

..l'embrasser. Il voulait et mourrait d'envie de l'embrasser.

Sa main brûlante vint empoigné fermement la nuque de la lionne et il l'attira avec force plus près encore de son visage sans même se soucier de s'il pouvait lui faire mal ou pas.
De cette proximité, il pouvait lire dans son regard qu'elle le désirait autant qu'il la désirait et que ce n'était pas uniquement le reflet de ces propres sentiments, juste une réciprocité passionnelle.

Prise de panique devant ce retournement de situation si soudain, la jeune femme cala d'un mouvement brusque le canon de son Glock sous la gorge du jeune homme. L'arme pesante tremblait entre sa poigne incertaine et son souffle se fit à mesure que les secondes passaient, de plus en plus erratique.

Ce geste intrépide fit sourire l'aristocrate et son désir pour la lionne ne fit que s'accroître.

- De quoi as-tu peur Granger ? Murmura t-il en se penchant tout près de son oreille. Nous sommes seules. Il y à que toi et moi.

Le déclic du chargement du pistolet résonna dans la pièce.

- A mon tour de jouer Malfoy, fit-elle d'une voix mal assurée. Pourquoi moi ?

A ces mots, les doigts du Serpentard glissèrent avec douceur le long de sa nuque avant de finalement empoigner sa pauvre gorge avec une brutalité sans précédent. Puis, sans attendre une seconde de plus, il la fit percuter sans délicatesse le mur en béton sur lequel elle avait passé tant de temps depuis ces trois derniers jours.

La brunette grimaça mais ne se départit pas pour autant de sa position.

- Parce-que Granger, tu es tout ce que je méprise, avoua t-il d'une voix doucereuse. Lorsque nous n'étions que des adolescents, je ne rêvais que d'une chose : te tuer.

Le jeune homme planta ces ongles sales dans la chair de la jeune femme tout en jouant de son Glock contre sa joue.

- ...Je voulais mettre fin à ta misérable vie, continua t-il avec un brin de folie dans la voix. Je rêvais du jour où j'enfoncerais une lame au creux de ton cœur et que ton sang maculé s'écoulerait sur mes mains immaculées. Je voulais être celui qui plus tard, aurait eu l'honneur de t'ôter la vie.

Son emprise sur son cou se desserra quelque peu soudainement, laissant néanmoins des marques rouges.

- ...Mais aujourd'hui, ce n'est plus mon rêve, dit-il en laissant retomber son arme. Aujourd'hui et depuis peu, je ne rêve que de te faire souffrir physiquement. Parce-que ce qui était à l'origine une banale pulsion meurtrière, s'est transformé en une pulsion passionnée qui me consume encore et encore comme une vulgaire allumette. Alors j'ai tenté d'éliminer cette pulsion étrangère, de la faire disparaître. Mais elle s'évertuait à demeurer en moi, dans chaque recoin de mon esprit, entre chaque battements de mon cœur, avoua t'il avec un semblant de tristesse.

L'aristocrate marqua une pause, et très vite, le silence s'empara de la petite pièce. Seuls les battements de leurs cœurs en symbioses et le bruit de leurs souffles entremêlés se faisaient entendre.

-...Alors c'est là que j'ai compris, reprit-il avec un brin de voix plus calme, que pour me débarrasser de cette pulsion, deux solutions s'offraient à moi. Il me fallait soit te tuer, soit donner vie à celle-ci..

Le jeune homme ferma les yeux l'espace d'un instant, comme lasse d'avoir à vivre pareil sentiment.

- C'est mon tour, annonça t-il en plongeant son regard droit dans le sien. Laisse-moi t'embrasser, Granger.

Hermione était à l'instant pleine de confusion. Tant de questions se bousculaient dans sa tête, tant de ces phrases qu'il avait prononcé, tant de ces mots. Elle était partagé entre plusieurs sentiments qui tentaient irrévocablement et chacun leurs tour de prendre le dessus dans son esprit. La peur, le désir, la rage, l'amour. Plus rien n'avait de sens au cœur même de cette petite pièce à l'atmosphère si pesante.

La main du blond délaissa l'emprise vicieuse qu'il possédait sur son cou fragile pour aller se déposer délicatement sur sa joue. Ces yeux se mirent à détailler chaque parcelles de son visage : de son regard enivrant au sang rougeâtre qui avait séché sur ces lèvres roses pâles, de ces tâches de rousseurs à la coupure qui ornait sa pommette gauche. Elle était si belle, si pure, même dans l'endroit le plus sombre et le plus sale de la terre.

Sans plus attendre, ces lèvres se posèrent sur les siennes.

Le Glock 23 de la jeune femme lui glissa des mains et tomba à terre dans un bruit sourd. L'arme dans sa chute fit soulever la fine poussière au sein de la pièce, la faisant tourbillonné comme une pluie d'étoiles valsant autour du duo.

Rapidement, le baiser se fit plus envieux, plus passionné, comme-ci toute cette haine, toute cette tension qu'ils avaient accumulé ces sept dernières années resurgissait d'un seul coup. A cet instant précis, la haine et l'amour, auparavant soigneusement séparés par un fil rouge, n'était plus qu'un seul et même sentiment, enchevêtré pour crée cette excès de passion.

La main de l'aristocrate se perdait dans la chevelure bouclée de sa Némésis tandis que ces lèvres se promenaient à présent sur son cou qu'elle lui offrait non sans une pointe de timidité. Un trait qu'il lui trouva irrésistible sur l'instant puisqu'il n'était pas courant de voir la lionne se plier aux volontés du vicieux Serpentard.

Au bout de plusieurs minutes, le blond s'arracha douloureusement à l'étreinte de la jeune femme dans une dernière caresse pour ces lèvres dont le goût avait marqué les siennes. Il plongea son regard anthracite dans ces iris brûlantes pendant l'espace de plusieurs secondes sans prononcer ne serait-ce qu'un mot. L'instant lui semblait trop précieux pour rompre ce silence si pur.

- C'est à moi Malfoy, murmura la jeune femme à bout de souffle.

- Je t'écoute, répondit-il le regard toujours fixé dans le sien.

- Serais-tu amoureux de moi ? Demanda t-elle très sérieusement.

A la suite de cette question quelque peu déconcertante, Draco esquissa un léger sourire, un sourire terne, presque triste qui semblait vous annoncer d'ores et déjà la fatalité même de la réponse.

- Je suppose que tu ne le saura jamais, Granger.

La brunette quelque peu déconcertée, fronça les sourcils.

- Je ne comprend p...

Avant même qu'elle n'eût la chance de terminer sa phrase, le bruit assourdissant de l'un des deux Glock résonna.

Il venait de tirer.

Il venait de tirer son unique balle à vide.

La balle de fer avait percuté le mûr dans une pluie de poussière et de roches éclatées.

Le jeune homme jeta l'arme, à présent devenue inutile à terre, ramassa le Glock de la brunette, tourna le canon du pistolet vers son cœur et empoigna la main de la jeune femme afin de lui donner position pour tirer.

Hermione qui mit du temps à comprendre ce qu'il venait de se passer à l'instant, releva subitement la tête vers Draco. Elle lisait à travers son regard d'habitude imperturbable le sentiment que rien ne le ferait revenir sur sa décision et qu'il était prêt.

- Il n'en ai pas question Malfoy ! Fit-elle en essayant tant bien que mal de se départir de sa position.

Mais il l'en empêchait en emprisonnant fermement ces mains contre les siennes.

- Vois les choses tel quelles sont Granger, au fond je ne suis qu'un mangemort, un « adjuvant » comme tu l'as si bien souligné, dit-il en essayant d'emprisonner au mieux son regard dans ces prunelles. A l'instant où j'ai décidé de rejoindre les rangs du Lord, je savais que ma vie n'en serait que plus courte, fragile. Peut-être aurais-je finis par l'ennuyer ou même le décevoir. Je ne suis qu'un pion Granger, l'un des plus importants, certes, mais qui peu à peu, et au fur et à mesure de la partie, perd de sa valeur, devient presque inutile. Gênant. Tu n'es pas une pièce Granger, tu n'es pas de cette partie. Ton rôle est tellement plus important. Ta vie est tellement plus précieuse que la mienne. Et la personne qui nous a foutu dans cette pièce le savait. Moi, doué pour faire sombrer le monde. Toi, douée pour le sauver, finit-il à voix basse.

Hermione ne bougeait plus après cette tirade. Ces mains ne se débattaient plus, fermement emprisonnées entre la chaleur moite de ses paumes et contre le métal froid du Glock 23. Ces mains tremblaient. Son cœur battait.

- C'est faux Malefoy, le monde est tellement plus qu'une vulgaire partie de jeu d'échec, réussit t-elle à dire.

- Et pourtant nous y voilà, deux piliers contrastés de cette guerre, dans une salle avec comme seul moyen de sortie : un Pistolet. Ironique comme la situation semble n'être qu'un jeu ?

- Arrête, fit-elle sans se départir de sa minime détermination.

- Appuie, répondit-il du tact au tact comme si ce mot ne représentait ni plus ni moins qu'un mot.

- Je ne peux pas.

- Dans ce cas, fit-il en se radoucissant légèrement, embrasse-moi une dernière fois.

Le blond ne lui laissa pas le temps de répondre qu'il avait déjà capturer ces lèvres entre les siennes, lui donnant un baiser doux, chaud et si parfait.

Tout semblait se passer au ralentit. Le frottement de leurs lèvres. Le battement de leur cœurs. Le contact de sa main sur sa nuque. La caresse de ces cheveux sur son visage. Sa respiration contre la sienne. Le déclic aigüe.

La balle se logeant dans son cœur.

A lui.

Fin. 

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⏰ Last updated: Sep 26, 2017 ⏰

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IL ETAIT UN JEU (OS)Where stories live. Discover now