- 388 ! 389 ! 390 !
Mon corps ruisselait de sueur et la fatigue engourdissait mon esprit. Malgré ça, je répétais éternellement - me paressait-il - ces mouvements : droite, gauche, bas, haut, droite, gauche...
- 395 ! 396 ! 397 !
Droite, gauche, bas, haut.
- 398 ! 399 ! 400 ! C'est bon les mioches ! Vous avez droit à une pause de 5 minutes !
Je m'écroulai au sol, épuisé, les points sanglants.
Cela faisait quoi, deux jours ? Deux jours que Asae, Ameesh, Helena et moi nous entrainions toute la journée à frapper ces mannequins de bois, avec nos points pour seule arme.
Et ce sous le regard soit-disant "attentif" du capitaine qui sirotait en réalité une boisson bien fraîche tout en bouquinant.Le jour après être prévenus de manière brutale que nous partirions au front d'ici quelques mois, nous avons commencé l'"entraînement d'enfer" du capitaine. "Entraînement d'enfer", non c'était plus que ça, pire que ça. C'était... Il n'y a même pas de mot pour décrire cette horreur. Toute la journée, nous nous étions entraînés à frapper au point, à l'épée, à monter à cheval. Ou même à escalader des arbres, des murs, des falaises... Je ne pensais pas que l'on pouvait faire tant de choses en une journée, tant souffrir physiquement en une journée.
- Allez les cocos ! On se réveille et on reprend !
Je regardai le capitaine, un malaise grandissant au fond de moi.
Était-il vraiment un monstre pour nous faire souffrir ainsi ?Sachant que je n'avais pas le choix, je me relevai. Tous les muscles de mon corps me faisaient atrocement souffrir, mes poings tintèrent le sol d'un rouge pourpre.
Je jetai un coup d'oeil vers mes compagnons. Tous étaient épuisés. Tous, sauf Asae. Elle seule affichait une mine déterminée et ignorait la douleur, à moins qu'elle ne la ressentît même pas ?
Cela continua ainsi trois mois, puis un jour...
- Les gosses ! Je vous annonce que notre entraînement est... terminé !
Je regardai le capitaine sans comprendre. Terminé ? Comment ça ?
Ces entraînements intensifs et horrifiques étaient devenus mon quotidien. À force, on s'habitue à tout, à l'absence, à la douleur. On s'adapte.Puis, j'ai compris ce qu'il allait à présent se passer : j'allais partir à la guerre, j'allais tuer des gens et j'allais sûrement être tué et je n'aurais pas le choix tout comme je n'avais pas eu le choix de m'entraîner, tout ça parce que quelqu'un de plus fort que moi le l'ordonnait.
- Bon ! Comme vous l'avez deviné et pas besoin de te cacher, Aijiro, je sais que t'as deviné aussi, vous allez partir à la guerre !
Il avait dit ça allègrement, comme d'habitude. Mais cette fois, il m'avait carrément fait flipper.
Son grand sourire que je trouvais autrefois sympathique s'était mué en un rictus démoniaque dans mon esprit.- Ah ! Et Ameesh, j'ai à te parler.
Le concerné hocha la tête sans un mot. Ça aussi ça durait depuis deux mois, on ne parlait plus. Plus un son, rien. C'était sans doute devenu un moyen de se protéger de la douleur, de ne pas exploser.
Je me dirigeai vers ma chambre, prêt à me coucher même si ce n'était pas la nuit et même si je n'étais pas fatigué. Je devais sûrement avoir besoin de sommeil bien que je ne le sente pas, je ne me souvenais pas de quand datait ma dernière nuit passée à dormir et pas à m'entraîner.
Une fois parvenu sur mon lit, je me plongeai dans mes pensées - un luxe auquel je n'avais plus eu le droit depuis... trois mois.
C'est alors qu'on ouvrit ma porte. Pas n'importe qui, Ameesh.
Cette image se grava dans ma mémoire à tout jamais ; l'image d'un Ameesh au regard rempli de tristesse, de colère, et surtout, de méchanceté.
- Ma famille est morte. Tuée.
Il m'a annoncé ça comme ça. Rompant notre silence protecteur.
Je n'ai jamais eu de détails, je ne sais même pas qui a commis cet acte.Après ça, Ameesh est reparti. Je me suis couché sans chercher à le rattraper. Je m'en suis voulu toute ma vie.
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Isekai (Ui)
FantasyLe jour de son entrée au lycée, Aijiro Katsuki, un banal adolescent japonais, se retrouve envoyé dans un monde parallèle qui lui est totalement inconnu. Condamné à mort sans savoir pourquoi, il s'enfuit et devient fugitif. Aijiro finit par être imp...