Journal d'une nuit

Mardi 3 octobre 2017

03 :41

J'ai abandonné l'idée de dormir alors que se met à germer celle d'écrire. J'ai tant de choses à faire, mes devoirs, la vaisselle, le ménage, mes romans... Mais j'ai envie d'écrire autre chose, j'ai envie d'écrire le monde. Je veux remplacer l'encre par le ciel et le papier par la terre. Je veux faire quelque chose de nouveau, quelque chose de beau. Quelque chose d'impensable. Au final, quand je ferme les yeux et que j'y repense, je l'ai fait. J'ai fait cette chose impensable. Je vais mieux. Enfin c'est ce que je crois. Honnêtement j'ai plus le temps de penser. J'ai plus le temps de rien. Dans 3 jours j'ai 18 ans, j'ai toujours imaginé ce jour, toujours aimé mes anniversaires. Prévu ça au moins 1 mois à l'avance. Je n'ai même plus le temps de penser à mon anniversaire, alors comment pourrais-je penser à mon état mental ? J'ai passé les derniers jours totalement alcoolisé. Pourquoi ? J'en ai même oublié mes soirées. J'ai oublié que depuis peu j'ai rompu. J'ai oublié que depuis peu je suis seule. J'ai oublié que depuis peu je passe pour une connasse. J'ai oublié que ces derniers temps, personne ne pense à moi. Alors je m'oublie dans les bras d'inconnus le temps d'une nuit. A qu'ils sont beaux ces hommes. Que mon égo se porte bien d'avoir embrassé ce mannequin. Que mon égo se porte bien d'avoir passé une nuit sans fin avec ce dieu du sexe. Que mon égo se porte bien ces derniers jours. Malgré un physique banal, je rends fou les hommes une fois la bouteille de vodka entamée. « Tu me rends fou ». Deux soirs d'affilés j'ai entendu ces mots. Dans deux bouches différentes. Mais au final, est-ce que moi je me porte bien ? La psychiatre dit oui, la psychiatre me pense en voie de guérison. Je me mets à douter. Je me suis revue dans cette salle de bain les poignets écarlates à hurler ma douleur. Le pire ? Je n'ai ressenti aucune douleur au moment où la lame a traversé ma peau. Peut-être un effet des cachets... Je faisais tellement pitié... Les poignets tachés, même plus la force de tenir assise... Ce moment est arrivé il y a deux mois. Il y a deux mois j'ai attenté à ma vie. Pour la troisième fois. Et apparemment je vais mieux. Mais je sais pas. Comment cette femme qui m'a vue deux fois dans sa vie peut savoir que je vais mieux ? Comme ma psychologue qui me suit depuis ces deux mois peut juger de mon état quand moi-même j'suis paumée putain ?! Je sais même pas pourquoi je dis ça, je sais même pas pourquoi j'écris ça. Car je vais mieux je le jure. Est-ce que je vais mieux ou est-ce que j'ai arrêté de penser ? Et cette putain de suggestion Youtube qui me refout la même musique mais j'en veux pas t'as pas compris ça ? Ptn c'est brouillon, plus j'avance moins j'ai de sens... Je me sens Alice au pays des enfers en ce moment. J'veux boire, j'veux oublier, prendre une dose de shoot. Je pleure même plus tu te rends compte ? « Cry baby ». Normalement c'est moi cette chanson et j'ai plus pleuré depuis... un long moment. Je n'y arrive plus et ça me fou en rogne. Je ressens plus rien. C'est l'vide tu vois ? J'veux sortir. Mais c'est pas une bonne idée dans cet état avec l'autoroute pas loin si ? Non ? J'sais pas. Je sais plus rien alors comment TOI, médecin de mes couilles peut savoir pour moi ? T'es qui pour juger que je vais mieux ? Tu sais au moins de quoi tu parles ? A part répéter ce que je dis tu fais quoi à m'observer comme un têtard dans un Tupperware ? Arrête de me regarder comme ça TU ME STRESSES ! Ptn ça fait du bien de gueuler un coup. Ahaha j'suis à 666 mots c'est marrant. J'ai moins de sens qu'un schizophrène. Pourquoi ? Pourquoi venue la nuit je pars en couille ? Je sais que c'est faux. Je sais que c'est dans ma tête. Je sais que je vais mieux. Que c'est un passage à vide. Je vais mieux hein ? Je retombe pas ? Dis moi que je rechute pas car j'suis devenue seule as fuck. J'ai plus personne pour me rattraper. Car j'suis seule dans 20m². Car j'suis seule dans ma vie. Car j'suis seule dans mon cœur. Ptn c'est beau ce que tu dis là. Je vais mieux. Ça va mieux. J'avais commencé à écrire pour aller mieux, je comprends pourquoi. Parler même à un écran ça fait du bien. Tu devrais essayer. Je me sens comme après chaque mutilation. Vide. Mais je préfère ça au brouillard dans ma tête. Il est 04:07. Je vais aller faire ma vaisselle, ou mes devoirs, ou un truc plus important.

Bonne nuit.