Moi qui suis malheureux, je plaindrai mon malheur

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« Moi, qui suis malheureux, je plaindrai mon malheur » Du bellay

Il s'agit de dire la douleur. J'ai mal à mon être. Je souffre du manque. Du manque d'elle. Je l'ai revue. Elle descendait du train. Son pas nonchalant à immédiatement attiré mon regard. Mon cœur à louper un battement, mon souffle fut coupé. Et si j'avais été la voir. Et si j'avais osé aller lui parler.

« Salut, je sais que je sors de nulle part mais ça fais presque 10 ans que j'attends ce moment »

« Salut, je t'aime toujours »

« Salut, embrasse moi »

« Salut, je te déteste »

« Salut, nous ne sommes plus rien. Nous sommes tous ces poèmes perdus sur le trottoir, ces cris qui glaçaient le silence et qui déchiraient la nuit. Nous somme ces personnes en manque cruel d'attention et qui risquent de se tirer une balle à tout moment »

Mais à la place de ça , je suis restée assise, bien encrée sur mon siège, à la regarder s'éloigner au fur et à mesure que ma respiration accélérait. Ça faisait dix ans, dix foutues années que je n'avais pas poser mes mains sur ses courbes. Dix ans que son souffle n'avait pas effleurer ma peau. 10 ans qu'elle ne m'avait pas aimé. Et je souffrais tellement de ce manque. Elle me manquait. Ce manque me détruisait seconde par seconde, jour par jour, année par année. Notre dernière entrevue s'était conclue par un baiser. Notre premier et dernier baiser.

Quand je l'ai vue, j'avais envie de lui balancer à la gueule qu'elle n'était qu'une sale égoïste sans cœur. Elle a brisé non seulement mon cœur mais aussi mon être et mon âme.

Comment pouvais-je continuer à vivre avec le vide qu'elle avait laissé ? On m'a dit qu'il fallait laisser du temps. Alors j'ai laissé les années passer. Une puis deux puis dix. Je pensais que c'était passé, que la brèche qui fendait mon cœur était suturée. Pourtant, quand mes yeux se sont posés sur elle, les points ont sautés. Un flot de tristesse s'est déversé en moi emportant tout sur son passage.

Je ne saurais décrire la tristesse qui m'a submergé. Comme si je redevenais l'espace d'un instant une gamine de 6 ans qui connaitrait un grand chagrin . La seule envie qu'elle m'a donnée c'est de me jeter dans les bras de ma mère. Cela se voyait dans mes yeux, je suis devenue un trou noir qui absorbait tout sur son passage.

Je suis devenue une bombe sur le point d'exploser, de l'huile que l'on jette sur le feu. J'étais émotionnellement instable. C'est comme si tout ce que je connaissais s'était vu recouvrir d'un voile sombre. Voilà, j'étais en deuil. En deuil d'elle. Et comment peut-on guérir de la mort de quelqu'un ? Comment aurais-je pu guérir de son absence ? Elle m'était essentielle. Essentielle à mon bon fonctionnement. Et là, je me retrouve perdue , seule face au désert de ma vie. Je suis tombée dans un rythme de vie monotone. Elle était cette brise qui caresse le visage, ces feuilles qui tombent pendant l'automne et l'écume qui vient se déposer sur la mer. Elle était mon monde, mon univers.

Un jour, mon amertume et ma rage finiront par éclater dans un final sanglant. Je crois qu'il n'y a pas d'échappatoire. Je suis en colère contre elle. Elle déchaine en moi une tempête d'émotions négatives . Je n'en peux plus, je suis à bout de souffle. C'est comme si elle tenait ma tête plongée sous l'eau, m'enfonçant un peu plus à chaque instant. Il y a un bien un moment ou le souffle quittera mon corps. Et, j'attend ce moment avec impatience. Ce sera ma rédemption salvatrice. Je vis dans un tel tourbillon de malheur. J'ai l'impression que cela ne s'arrêtera jamais. Je pensais qu'avec le temps... J'étais persuadée qu'avec le temps elle finirait par quitter mes pensées. Mais elle s'y est installée sans mon accord, tel un parasite qui ne vous quitte pas. Voilà ce à quoi je la réduisait dorénavant , un simple parasite alors qu'avant elle était le battement de mon cœur, elle était mon souffle, ma voix et la chaleur qui s'emparait de moi.

( tristesse ) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant