Prologue

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- Très bien mademoiselle Aliev..
savez-vous que si vous ne vous décidez pas à parler, je ne pourrai pas vous venir en aide ?

Ce n'est pas lui,
ce n'est pas le bon.
Il est exactement pareil que les autres.
Aucune différence.

Je joue avec la fermeture éclair de ma veste, ce qui est plutôt divertissant quand on est coincé dans un cabinet depuis plus d'une heure.

- Je n'ai pas besoin de votre aide,
rétorqué-je calmement comme à mon habitude.

Le vieux se mit à sourire, comme il devait le faire avec tous les enfants qu'il avait en consultation.
Un sourire bien faux et répugnant que j'ai souvent observé chez les pedo-psychiatres.

- Voyons.. vous savez très bien que vous avez besoin de moi, vous avez besoin que je vous guérisse. Un des meilleurs comme moi réussira à..

À ?
À ce moment-là, mon cerveau a cessé de fonctionner, les mots ont cessé de monter jusqu'à celui-ci.

C'est un message, un message qui veut simplement dire que les mots qui suivent sont inutiles et que mes majestueuses oreilles ont autre chose à faire qu'écouter les sornettes d'un psy.

En fait c'est simple, je me fous totalement de ce qu'il me raconte.

Toujours le même discours chez eux, "Je suis là pour et machin..", "Ensemble nous pouvons et bidule.." et en plus de ça, il faut qu'ils collent sur leur propre visage, le sourire le plus faux-cul possible.

Note : Les psy sont vraiment des êtres diaboliques.

Mes yeux passent de ma fermeture éclair à l'horloge fixée au plafond, la séance devrait être terminée depuis plus de deux minutes.

Le vieux me regarde en arquant les sourcils.
Mon ennui n'a pas l'air de bien lui plaire. 

- Jana, est-ce que vous m'écoutez au moins ?

Je rétorque.

- C'est l'heure.

La vérité c'est que je ne peux plus tenir en place, il faut que je sorte de cette pièce qui fait office de prison pour enfants.

Il regarde sa montre, -une jolie montre d'ailleurs- puis il finit par soupirer. Il sait très bien qu'il ne réussira pas à m'arracher un seul mot, et pourtant, il n'abandonne pas.

Je suis muette comme une carpe avec les incapables,
une vraie tombe.
Impossible de me faire parler.
Silencieuse.
Vous vous dites sûrement, pourquoi continue-t-il les séances alors ?

C'est simple, pour bouffer la carte bleue de ma mère.
Celle-ci ferait tout pour mon bien, ce qui a le don de m'attrister. J'ai l'impression d'être un boulet, une chaîne attachée à son pied dont elle n'arrive pas à se défaire, elle doit surmonter chaque moment de sa vie avec un boulet dans les pattes.

Comment réagiriez-vous, si à 10 ans votre enfant est diagnostiqué comme étant mysophobe "extrême" ?
Je me suis posée la question un peu plus jeune, mais je ne peux pas être dans la tête de ma génitrice.

- Madame Leau, votre fille est porteuse de la plupart des symptômes liés à la mysophobie.

- La mysophobie ?

J'étais moi même à côté d'elle ce jour-là, quand le médecin a sorti ce mot compliqué qui m'était désigné.

"Mysophobie".

J'avais donc 10 ans la première fois que je l'ai entendu.
Je ne comprenais pas d'ailleurs, je n'aurais jamais pensé que mes actes étaient des "syndromes".

C'était simplement ma manière de vivre.

- Vous m'aviez décrit les comportements de votre fille à notre première consultation. Au début, ces comportements n'étaient pas inquiétants ; se laver souvent les mains, le peu de contact tactile avec les autres ou avec des objets... rien de très anormal chez un enfant. Cependant, nous en sommes à notre 9ème séance et depuis ces "habitudes" sont devenues des manies. Je me trompe ?

"Des manies".

À ce moment-là, elle n'a pas répondu.
Je me suis alors dit que son fonctionnement était comme le mien, l'information ne venait pas quand elle n'était pas intéressante et c'était pourquoi elle n'avait pas trouver de réponse à la question.
Après un long et terrible silence,
elle m'a dit de rejoindre mon père dans la voiture, en prétendant qu'il y avait une surprise pour moi. Elle, elle devait finir sa conversation avec le bonhomme en blouse blanche.

Cependant, en arrivant dans la voiture, il n'y avait pas de surprise.

Il n'y en a jamais eu d'ailleurs. 

Aujourd'hui, mes "manies" sont toujours présentes.
Cependant,
les gants en latex, le masque médical, le désinfectant et les cicatrices sur mes mains se sont rajoutés en plus dans ma vie.
Comme quoi ces micro-organismes qu'on nomme "microbes" me pourrissent l'existence.
Je me rend compte désormais que le bonhomme en blouse blanche de mon enfance avait raison.

"Votre fille est porteuse de la plupart des symptômes liés à la mysophobie."

Et bien..

j'ai bien peur de tous les porter cher monsieur.

-
Helloooo ! Bon.. Bah voilà, encore une nouvelle.. J'hésitais à la publier mais j'ai décidé de me lancer ! Effectivement, ce n'est pas exactement la même chose que que les textes dans la précédente nouvelle, maiiiis.. Pourquoi ne pas tenter une histoire ?
Bon, une histoire courte, mais une histoire ! xD
Cette nouvelle sera un peu différente, que "Le Départ D'un Mot", elle parlera d'une héroïne et de sa phobie extrême.
Le petit truc qui ne change pas : Le personnage principal décrit ce qu'il trouve injuste avec les autres et peut aussi parler de harcèlement.
Pour l'autre nouvelle "Bubble tea" que j'avais publiée il y a peu, je l'ai supprimée parce qu'elle ne me plaisait pas. Je me rend compte que je n'arrive pas à raconter mes faits passés, je n'aime pas me sentir comme un personnage de l'histoire.

Enfin bref, je vous présente "Dirty" et j'espère que cette histoire vous plaira ^^
- bloodemy

Dirty [Pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant