To Belong

Where the heart is

Le réveil sonnait, sortant Mark de son sommeil profond et noir, dénué de rêve, mais pourtant si satisfaisant. Tellement satisfaisant qu'entendre la voix de JP Saxe sur Changed ne réussit pas à le faire sourire comme d'habitude en repensant à la façon dont Jinyoung avait réagit en entendant cette chanson pour la première fois il y'avait quelques mois de cela, pendant une permission de deux jours qu'ils avaient passé ensemble sans jamais se quitter, comme si leurs vies en avait dépendu. Jinyoung était tombé amoureux de cette chanson, et Mark avait sentit son corps le chatouiller de bonheur lorsque Jinyoung l'avait pris dans ses bras et qu'ils avaient commencé à danser sur la douce mélodie.

Le souvenir ne le fit pas sentir tout étourdi comme il en avait l'habitude, à la place, il ne ressentit que de l'agacement d'avoir été arraché aux bras de Morphée, et de l'abattement en touchant les draps froids de la partie droite du lit. Un jour de plus sans être réveillé par les cheveux de Jinyoung lui chatouillant la nuque.

Une tasse de café à la main, le portable de l'autre, Mark regarda le ciel gris déverser sa pluie sur le goudron des routes et le béton des immeubles. Les nuages enfermaient le monde autour de lui dans une bulle terne, où les couleurs se mélangeaient dans un amas de blanc sale et de gris propre. Mark pouvait apercevoir quelques parapluies sur les trottoirs, et des têtes enfermées sous des capuches épaisses et, espérons-le, étanches.

Il n'avait aucune envie de sortir et de faire parti de cette masse de personne qui allait au travail. L'idée de rester au chaud dans son petit appartement, enroulé dans une grosse couverture en attendant que le temps passe était alléchante, mais il savait qu'il ne pouvait pas se le permettre. Il allait devoir aller au travail, éventuellement, et retrouver ses collègues pour discuter d'un projet dont il n'avait que faire, autour d'une table remplie de dossiers qu'il n'avait pas lu, avec des gens qu'il n'appréciait aucunement. Il voulait retourner dans sa branche de l'entreprise, et faire ce pour quoi il avait été embauché, au lieu d'être greffé à une équipe pour quelques semaines et ne comprendre ni les thèmes ni les termes des dossiers qui lui avaient été assigné. Mais il n'avait plus que quelques jours – une semaine tout au plus – avant de revenir aux vieilles habitudes, autour des gens qu'il appréciait et qui l'appréciaient, à faire ce qu'il aimait.

Alors il posa sa tasse sur la petite table en bois enfouie sous les courriers de tous genres posés dans un ordre précis : les factures à la base de la pile, ensuite venaient les publicités, puis les abonnements et tout en haut, pour que Mark puisse les voir dès qu'il se sentait de les lire, il y avait les enveloppes vides et les lettres, toutes ouvertes, de Jinyoung. L'une datait d'il y a douze mois, l'autre de cinq, et la plus récente datait d'une semaine. Mark attendait la prochaine avec impatience. Elle ne devait plus tarder à arriver. Il nota par ailleurs, dans un coin de sa tête, d'aller vérifier la boîte aux lettres avant de partir.

Après une bonne douche chaude, il revêtit sa chemise bleue clair, son pantalon noir, et ses chaussettes noires (l'une d'elles avait un trou, mais personne ne le saurait étant donné qu'il gardait ses chaussures, non ?).

Il prit un doliprane avant de mettre son manteau, attrapa son téléphone qu'il avait oublié de recharger et qui était par conséquent à cinquante-et-un pourcents, s'enroula dans une écharpe dont l'odeur raviva ses sens de la meilleure des façons, humidifiant ses yeux dans une sorte de bonheur nostalgique de sentir à nouveau cette fragrance qui lui manquait tant, et il ferma la porte à clé derrière lui.

Ce ne fut qu'après être passé par la boîte aux lettres, pour constater qu'aucune lettre de Jinyoung ne l'attendait patiemment, qu'il remarqua qu'il avait oublié de prendre un parapluie.