Chapitre 2

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La nuit est calme à Salem. Elle l'a toujours été. Parfois le miaulement d'un chat ou le hululement d'une chouette se fait entendre au loin. Plongée dans un rêve conscient je vague, j'ai toujours eut contrôle sur mes rêves. La clairvoyance est une chose courante chez les sorcières, et je n'échappe pas à la règle. Chez les nous, et toutes personnes l'acceptant, les rêves peuvent montrer le futur de façon plus ou moins précise, alors chaque détaille compte. Je vois Agathe dans sa robe, elle est rayonnante. Comme on aurait pu l'espérer de la plus belle fille de tout Salem, ma sœur resplendit comme un diamant. Soudain tout ce noirci, le sol se recouvre de sang, poisseux, il recouvre les semelles de mes bottines, je lève la tête pour y découvrir avec effroi mes sœurs ou du moins leurs cadavres mutilées. J'hurle. Et derrière moi une voix masculine et froide chuchote:
« Bienvenue au procès de Salem, Miss Swann.. »
Je me réveille en sanglot, perdu.  Les flashs des corps nues et ensanglantés de mes sœurs me reviennent en tête. C'est la main tremblante que j'allume la bougie sur ma table de chevet. La voix raisonne comme un écho dans ma tête. J'entends la voix de cet homme, et revoit les cadavres. Les larmes coulent et ne s'arrêtent plus, Aimée, son corps si frêle crucifié sur une croix de bois..je dois me calmer.

Dans le plus grand des silences, je sors de ma chambre , chandelle à la main. Je traverse le couloir en parquet de bois brute qui craque sous mes pieds et entre doucement dans la chambre de mes sœurs. Mes deux cadettes sont blotties l'une contre l'autre dans leur lit à la couverture laine couleur sapin. Doucement je m'approche de mes sœurs, leurs chevelures sont entremêlées, un mélange de blond, presque blanc, aussi raide que des files de soies et de boucles blondes vénitiennes. Je souffle, elles sont là, endormie dans leurs mondes doux, Aimée est encore une petite fille, Pearl elle, arrive à un âge où elle réalise le danger de notre Rang . 

Mes sœurs sont en sécurités, mais impossible de retrouver le sommeil. Je descends alors dans le salon, où assise dans le cadrant de la fenêtre, fixant la lune, Agathe songe. Je m'approche d'elle avec douceur, et la rejoins sur le rebord de la fenêtre qui nous sert de banc à l'intérieur. Ma superbe sœur se retourne vers moi, ses yeux vert d'eau me regardant doucement:
« -Qu'est ce que tu fais debout Prim ? Tu vas t'endormir pendant la cérémonie...
-Quel importance ? Sommeil ou pas ça sera long et pénible..
Outch, ma sœur me lance un coup de pied dans le tibia et explose de rire.
- Chut idiote!
Je souries doucement et passe ma main dans mes cheveux.
- Et toi Agathe ? Si tu ne dors pas tu seras moins belle demain.. puis même ! La plus belle fille de Salem avec des cernes à son mariage ! Quelle honte !!

Ma sœur rigole, légère. Elle descend son pieds sur le sol, sa chemise de nuit en coton suit son mouvement.
- T'as raison ma Rose, je vais aller dormir..À demain !
-À demain Agathe.. »
Et elle s'éloigne, dans une tornade de boucles cendrées.
J'ai finis par remonter pour me coucher, je tombe dans mon édredon et le sommeil m'enveloppe.

Quelques heures plus tard je suis réveillée par le vacarme qui a lieu dans le salon. Je descends doucement l'escalier en baillant, les cheveux en batailles. Le salon est un véritable champ de guerre. Ma mère fait des bouquets, mes sœurs habillent et coiffent Agathe qui a l'air tout droit sortie d'un rêve. Sa robe blanche lui donne des aires de princesse de vieilles légendes, je souries.
J'attrape une pomme et croque dedans. Mes sœurs sont toutes apprêtées, tirées à quartes étapes dans des robes blanc cassées aux différents reflets. Chacune d'elles, les cheveux relevés en chignon tressées. Toutes en même temps, les sœurs me toisent en rigolant. C'est Pearl, souriante qui s'avance vers moi, soulève une mèche de mes cheveux blond et gémit:
« - Il va me falloir des heures pour te rendre un minimum potable avec tes cernes tu le sais ?
J'explose de rire.
- De toute façon je ne voudrai pas voler la vedette à Agathe, c'est sa journée.. »
Pearl a toujours été la plus coquette et précieuse de nous toutes, c'est un fait. Alors c'est avec confiance que je me suis laissée faire entre ses petites mains d'adolescente de quinze ans. Pendant que Aimée finit d'attacher les cheveux de ma grande sœur, Pearl elle, me transforme en une sorte de déesse. Les cheveux relevées, mon chignons n'est pas comme le siens et celui de Aimée, une simple attache mêlée de tresses et de fleurs, mais de cristaux et de perles. Je me tourne vers elle, mon jupon a des reflets bleutés, c'est Agathe et elle qui les ont choisies, je n'avais pas connaissance de leurs choix. Je m'avance vers le miroir et me contemple, mes sœurs s'avancent doucement à leurs tour en en voyant nos quartes reflets je comprends. Les quarte saisons, les quatre éléments, Aimée, délicate fleur en printemps, l'air . Pearl, aussi piquante et pleine de couleur qu'un autonome, la Terre.Agathe en soleil d'été, le feu. et moi en lune d'hiver, l'eau. Mes sœurs et moi n'avons pas organisé qu'un mariage mais aussi un hymne à nos divinités et à la nature. Une provocation dans un sens, mais notre existence en est une.

Nous aurions pu rester longtemps à contempler nos reflets si ma mère ne nous avait pas rappelé que la cérémonie allait commencer. Nous nous somme donc toutes tasser dans la carriole, Aimée dirigeant Dehlila, la jument de ma famille. En direction de l'église de Salem, je me surprends à avoir peur, et si ma vision se produisait vraiment ? Je regarde Aimée, si douce comment soupçonner une si petite fillette ? Arrivé dans le centre de Salem, je regarde comment la ville a été décorée juste en l'honneur de ma sœur. Mais c'est surtout pour les Oxfordiff que le village est aussi beau, ici la famille qui tiens l'église est sacrée, presque royale, alors forcement la cérémonie d'aujourd'hui est prestigieuse! Toute les filles de Salem se bousculent pour voir ma sœur, les mains serrées sur son bouquet. Je lui donne un léger coup de coude:
« - Hé ! Détend toi Agathe Marie Louise Swann ! Après tout , c'est juste Peter..tu le connais depuis toujours ! Tu n'aurais pas pu mieux tombé ma puce !
Ma sœur rougis légèrement.
- Tu as raison ma Rose.. merci ! »
Elle attrape ma mains et la serre doucement. Je regarde la foule. Mon regard croise celui de Lysandre et je perds le contrôle. Il s'arrête, le monde continue de tourner bien sûr, mais je ne vois plus la foule, ne ressent plus les gens, je vois juste son sourire électrisant, ses cheveux bruns qui se sont éclaircis avec le soleil,  les veines parcourant ses avants-bras,ses yeux pleins d'intelligence..il est incroyablement banal mais incroyablement extraordinaire à mes yeux.
C'est Aimée qui me ramène à la réalité, ma sœur me donne un petit coup dans les côtes et me montre d'un air triste le futur mari de ma sœur flirtant avec  les filles de Salem. Je lève les yeux au ciel, il ne sera jamais satisfait. Les cloches sonnent seize heures , la cérémonie va commencer mais je ne vois que les regards dévorant du futur mari de ma sœur sur les autres femmes.

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